LES TEMPLIERS

ACTE II

SCENE I.

 

LE MINISTRE, MARIGNI FILS.

 

LE MINISTRE.

Des Templiers suspects attestant l'innocence,

Tu t'es rendu coupable au moins d'une imprudence ;

Mais j'ai tout réparé. Nous sommes, sans espoir.

Qu'aucun des chevaliers rentre dans le devoir ;

Du tribunal sacré les juges redoutables,

Arrivent empressés de punir les coupables.

Écoute ; Dans mon fils le prince s'est flatté,

De retrouver mon zèle et ma fidélité,

Et de ton dévouement entier, prompt et sincère,

La main d'Adélaïde est le digne salaire.

 

MARIGNI,

La main d'Adélaïde !

 

LE MINISTRE.

                                   Oui, mon fils ; oui, j'obtiens

Cet hymen, digne objet de tes vœux et des miens.

Quand le roi différa cette haute alliance,

Quand toi-même irrité t'exilas de la France ;

Nous cherchions les motifs apparents ou secrets :

D'un refus qui blessait nos plus chers intérêts :

Le prince ne cédait qu'à la haine importune

Des ennemis puissants qu'offensait ma fortune.

 

MARIGNI.

Qui sont ces ennemis?

 

LE MINISTRE.

                                    Ceux qui craignaient le plus

Mon zèle à réprimer, à punir les abus : Les Templiers.

 

 

MARIGNI.

Comment !

 

LE MINISTRE.

                   J'ai la preuve certaine

Que tu fus, ô mon fils, victime de leur haine.

On en sait les motifs. Ce palais autrefois

Gardait tous les trésors de l'État et des rois :

Ministre, je mis fin à cette dépendance

Honteuse pour le prince et funeste à la France.

Ces guerriers résistaient; leurs efforts furent vains,

Et le trésor public échappa de leurs mains.

Dès-lors leur jalousie active et redoutable

Contre moi, contre toi s'est montrée implacable :

Mais j'oublie aujourd'hui que je fus outragé ;

Ils verront ton bonheur,  je suis assez vengé.

 

MARIGNI.

Mon bonheur ! Savez-vous...

 

LE MINISTRE.

                                              Oui, la reine elle-même

T'annoncera bientôt sa volonté suprême.

Elle te mande. Il faut l'attendre en ce palais ; 

O mon fils ! montre-toi digne de ses bienfaits.

Je rentre dans Paris. Des factieux peut-être

Agiteront le peuple en faveur du grand-maître ;

J'y serai.

 

 

LES TEMPLIERS

ACTE II

SCENE II.

 

MARIGNI FILS, SEUL.

              Que je plains ces guerriers généreux !

Croit-il m'associer à sa haine contre eux ?

C'est quand ils sont proscrits que mon hymen s'apprête !

Grand Dieu ! ne permets pas cette coupable fête.

Adélaïde ! ô ciel ! devais-je te revoir ?

Je n'ai fait qu'irriter mon affreux désespoir.

Tu goûtes en m'aimant un bonheur légitime ;

Mais, pour mon cœur, hélas ! notre amour est un crime.

Ce funeste secret, comment le révéler ?

La reine au pied du trône a daigné m'appeler :

Jadis de notre sort auguste protectrice,

Et des refus du roi tempérant l'injustice,

Elle nous consolait. A ses soins généreux

J'ai plus de droits encor, je suis plus malheureux.

Mais on vient ; la voici.

 

 

LES TEMPLIERS

ACTE II

SCENE III.

 

LA REINE, MARIGNI FILS.

 

MARIGNI.

                                  La reine permet-elle...?

LA REINE.

J'attends le roi ; restez. Guerrier brave et fidèle,

D'Adélaïde enfin soyez l'heureux époux ;

Son bonheur désormais ne dépend que de vous.

Marigni, j'ai voulu vous l'annoncer moi-même.

Lorsque l'hymen m'offrit un nouveau diadème,

Du sort de mes états mon cœur fut trop jaloux

Pour les abandonner au sceptre d'un époux :

On exigeait en vain qu'une telle alliance

Asservît la Navarre aux destins de la France ;

Je régnai par moi-même, et tous les Navarrois

Ont respecté, chéri la fille de leurs rois.

Leur bonheur fait le mien, et je vous le confie ;

Conduisez auprès d'eux une épouse chérie.

Gouvernez en mon nom mes fidèles sujets,

Et qu'ils mettent mon choix au rang de mes bienfaits.

 

MARIGNI.

Reine illustre ! la France et la cour et l'armée

Sont fières de l'éclat de votre renommée ;

Les Français triomphants, les ennemis vaincus

Honorent vos succès, admirent vos vertus ;

Le peuple, dont vos soins adoucissent la peine,

Connaît à vos bienfaits que vous êtes sa reine.

Votre sexe, par vous, montre l'art de régner ;

Vous savez à la fois combattre et gouverner.

Quel destin vous m'offrez ! Quoi ! du haut de ce trône

Où la gloire s'assied, que la pompe environne,

Vos augustes regards descendent jusqu'à moi !

Disposez de mon zèle et comptez sur ma foi.

 

Ah! que ne puis-je, époux d'une amante fidèle,

Au bien de vos sujets me vouant avec elle,

D'un choix trop indulgent justifier l'honneur !

Mais je ne suis point né pour un pareil bonheur.

 

LA REINE.

Qu'entends-je, Marigni ? parlez : que dois-je croire ?

Ainsi vous refusez le bonheur et la gloire !

Et quand votre vertu servirait mes projets,

Vous dédaignez...

 

MARIGNI.

                           O reine !

 

LA REINE.

                                         Expliquez-vous.

 

MARIGNI.

                                                                      Jamais.

 

LA REINE.

Quel motif ?

 

MARIGNI.

                    Un malheur...

 

LA REINE.

                                           Ah! parlez, je l'exige.

 

MARIGNI.

Hélas! si vous saviez...

 

LA REINE.

                                       Expliquez-vous, vous dis-je.

 

MARIGNI.

Eh bien ! vous connaîtrez mon désespoir affreux,

Vous me plaindrez, mon sort sera moins malheureux.

Du prince de Béarn j'aimai l'illustre fille ;

Je fus aimé, j'obtins l'aveu de sa famille :

Mais le roi ( ma douleur arriva jusqu'à vous )

Promit Adélaïde aux vœux d'un autre époux.

Pouvais-je être témoin d'un cruel hyménée

Qui devait à jamais la rendre infortunée ?

Accablé de mon sort, plus accablé du sien,

Je vole en Orient, où l'étendard chrétien

Rassemblait les guerriers dont le pieux courage

Espérait de Sion terminer l'esclavage.

Là, contre la douleur qui consumait mes jours,

La gloire et l'amitié m'offrent de vains secours.

Séparé de mon père, absent de ma patrie,

Désespéré, plaignant une amante chérie ,

Dans mes tristes regrets n'osant même en parler,

Je pensai que Dieu seul pouvait me consoler.

J'admirais les vertus dont les soldats du Temple

Offraient à l'univers le généreux exemple ;

Parmi ces chevaliers je comptais des amis :

Dans leurs rangs fraternels je consens d'être admis ,

Et bientôt un serment funeste, irrévocable...

 

LA REINE.

Un serment vous enchaîne !

 

MARIGNI.

                                              Épargnez un coupable :

Aux marches de l'autel prosterné chaque jour,

Je demandais à Dieu d'éteindre mon amour ;

Insensé ! de mes pleurs baignant le sanctuaire,

Je tremblais que le ciel n'exauçât ma prière.

Cherchant toujours la mort, ne l'obtenant jamais ,

Ce fut mon désespoir qui fit seul mes succès.

Mes nobles compagnons, que mon audace étonne,

Du laurier des combats m'accordent la couronne ;

Vain fruit de mes exploits ! infortuné vainqueur !

La gloire est sur mon front, le deuil est dans mon cœur.

Cependant l'ennemi qu'irritent les défaites,

Dans une obscure nuit, sortant de ses retraites,

Reparaît tout à coup plus terrible et plus fort,

Porte dans notre camp l'incendie et la mort.

 

Nuit affreuse ! au milieu des flammes, du carnage,

De guerriers peu nombreux que pouvait le courage ?

Ils périssent plutôt que d'accepter des fers.

La gloire a raconté ces illustres revers.

Je survis presque seul. Cette triste journée

A mes yeux aussitôt change ma destinée.

Des saints engagements que ma bouche a jurés

Les témoins ne sont plus ; je les ai tous pleurés :

Et la flamme a détruit les sacrés caractères,

De mon serment écrit témoins dépositaires ;

Mon funeste secret n'est connu que de moi.

Adélaïde encore me réservait sa foi ;

De fidèles avis m'en donnaient l'assurance.

Je pars au même instant ; je vole vers la France.

Vous ferai-je l'aveu des transports d'un amant ?

Du projet insensé de trahir mon serment ?

Déserteur de l'autel et chevalier perfide,

Je prétendais encore au cœur d'Adélaïde ;

Tout servait à la fois et, secondait mes vœux.

Je vois les Templiers proscrits et malheureux :

Un généreux remords a ranimé mon zèle ;

Au jour de leurs revers, je leur serai fidèle,

Et je ferai céder, malgré mon désespoir,

L'amour à la vertu, le bonheur au devoir.

 

LA REINE.

Le ciel vous destinait à servir l'innocence :

Des Templiers proscrits vous prendrez la défense ;

Vous les assisterez dans leur pressant danger ;

Je les crois innocents, j'ose les protéger.

 

MARIGNI.

Quoi ! vous-même !... Pour moi quel exemple sublime!

 

LA REINE.

Je me range toujours du parti qu'on opprime.

Vous me seconderez; mais, prudemment discret,

Jurez-moi de garder votre fatal secret.

Je l'exige de vous. Dans peu d'instants peut-être,

Tous seront dans les fers, et même le grand-maître.

On connaît leur courage, on craint leur désespoir,

Et de les arrêter on vous fait un devoir. Obéissez.

 

 

MARIGNI.

Qui ? moi !

 

LA REINE.

                    Votre père a d'avance

Annoncé votre zèle et votre obéissance.

 

MARIGNI.

Mon père vainement s'est engagé pour moi ;

Mes refus braveraient et mon père et le roi.

LA REINE.

Vous livrez ces proscrits à la haine implacable !

Prévoyez leur malheur.

 

MARIGNI.

                                       Qu'un autre en soit coupable.

 

LA REINE.

Moi, qui veux les sauver, je tremble, je frémis,

S'ils sont abandonnés à leurs vils ennemis.

Quand l'envie et la haine accablent l'innocence,

Lui refuserez-vous votre noble assistance ?

Ah ! combien j'applaudis ces mortels généreux

Qui, redoublant de zèle en des temps malheureux,

Des rigueurs de la loi ministres magnanimes,

Sans trahir le pouvoir, consolent ses victimes !

 

MARIGNI.

A ces infortunés je promets mon secours ;

Je puis, je dois pour eux sacrifier mes jours ;

Mais que des oppresseurs je paraisse complice!...

Non, vous n'exigez pas ce cruel sacrifice.

 

LA REINE.

C'est l'unique moyen de veiller sur leur sort :

Pensez que d'autres mains les livrent à la mort.

Ils connaîtront par vous que je prends leur défense :

Faites dans leur prison descendre l'espérance.

Vous seul pouvez servir les desseins généreux

 

Que le zèle et l'honneur m'inspireront pour eux.

Je ne m'explique point. Cédez, je vous l'ordonne.

S'il faut que leur prière arrive jusqu'au trône,

C'est vous (quel noble emploi digne de votre cœur !)

C'est vous qui plaiderez la cause du malheur.

A détromper le roi moi-même je m'engage,

Et, dans ce grand revers, j'exige un grand courage.

Des mortels généreux vous craignez le mépris ?

Leur estime est sacrée, et j'en connais le prix ;

Mais, pour faire le bien, hasarder cette estime,

C'est de notre vertu le dévouement sublime.

Promettez, il le faut; servez des malheureux.

 

MARIGNI.

Je cède à mon destin qui m'entraîne auprès d'eux.

Hélas ! pour secourir l'innocence opprimée,

Donnons plus que mon sang, donnons ma renommée ;

Sacrifice fatal !... Vous l'exigez de moi!

Je promets d'obéir.

 

LA REINE.

                                On m'annonce le roi :

Allez.

 

 

LES TEMPLIERS

ACTE II

SCENE IV.

 

LA REINE, SEULE.

                Ah ! désarmons sa rigueur politique.

Je crois servir sa gloire et la gloire publique.

 

 

LES TEMPLIERS

ACTE II

SCENE V.

 

LE ROI, LA REINE.

 

LA REINE.

Sire, de votre hymen quand j'acceptai l'honneur,

Je voulus, j'espérai mériter mon bonheur.

Intrépide à venger les droits du diadème,

Contre des révoltés je combattis moi-même ;

Unie à vos travaux, je les secondai tous,

Et mon zèle souvent parut digne, de vous.

J'obtins des droits sacrés à votre confiance :

Je veillais avec vous au bonheur de la France ;

Vous appeliez sur moi l'amour de vos sujets,

Et toujours ma présence annonçait vos bienfaits.

Quel changement subit ! qu'il m'afflige et m'étonne !

Quand la foudre en grondant vole du haut du trône,

Quand ses coups imprévus jettent dans le malheur

Des guerriers qu'illustraient le rang et la valeur,

Lorsqu'on les abandonne aux complots de la haine,

Quoi! la douleur publique en avertit la reine !

Quoi ! Sire, vos projets se cachent devant moi !

Je me plains à l'époux du silence du roi.

Du moins, contre l'erreur de la toute-puissance

Ne puis-je réclamer les droits de l'innocence ?

Si je prends le parti de tant de malheureux,

C'est pour vous que j'agis encore plus que pour eux.

Pardonnez à mon zèle : oui, Sire, j'ose croire

Que votre erreur du moins peut servir votre gloire :

Reconnaître et surtout réparer son erreur,

C'est être plus que roi, c'est régner sur son cœur.

 

LE ROI.

Il est de mon bonheur, de celui de la France

Que je conserve en vous la même confiance ;

Mais vous n'ignorez pas qu'un seul jour quelquefois

A décidé du sort des trônes et des rois.

L'instant était venu qu'un Ordre redoutable

Acte II  Scène V

 

Ne pouvait désormais que se rendre coupable,

Si par ma politique il n'était abattu ;

J'ai craint votre pitié, même votre vertu.

Ma rigueur nécessaire, et dès-lors légitime,

De guerriers trop puissants a prévenu le crime.

Riches, armés, nombreux, j'ai frémi de songer

Qu'ils n'avaient qu'à vouloir pour nous mettre en danger,

Et j'ai sauvé l'État. Vous dites et je pense

Que l'on ose blâmer ma sévère prudence ;

Mais en un grand dessein sommes nous engagés,

Nous devons du moment braver les préjugés :

Peut-être c'est des rois le plus rare courage.

Quand j'ai voulu du peuple admettre le suffrage,

Si j'avais écouté les grands et les prélats,

Aurait-il obtenu son rang dans les États ?

L'ignorez-vous ? Il faut que notre politique

Devance quelquefois l'opinion publique.

Quand le peuple, avec crainte observant nos projets,

Ne voit que des périls, un roi voit les succès.

 

LA REINE.

Quoi ! dans ces chevaliers vous redoutez le crime ?

Mais toujours le grand-maître eut droit à votre estime :

Avec zèle pour vous n'a-t-il pas combattu ?

Vos bienfaits ont surtout honoré sa vertu.

 

LE ROI.

J'avouerai que longtemps j'ai vu, dans le grand-maître,

Un ami dévoué, digne de moi peut-être ;

Mais, depuis qu'il s'oppose au bonheur de l'État,

Je ne vois qu'un sujet et qu'un sujet ingrat.

Je devais à mon peuple, à ma cour, à moi-même,

De venger, de sauver les droits du rang suprême.

 

LA REINE.

Avec trop de rigueur si vous vengiez nos droits,

Le peuple, qui souvent ose blâmer ses rois,

Et de la politique ignore les maximes,

Prendrait tous ces guerriers pour d'illustres victimes :

Ce peuple, qui les vit glorieux et puissants,

Les voyant opprimés, les croirait innocents.

 

 

LE ROI.

Mais j'invoque contre eux ces armes redoutables

Qui, du haut des autels, menacent les coupables ;

Ce juge dont chacun respecte les arrêts.

On dit que ces guerriers, dans leurs rites secrets,

Blasphèment l'Éternel, souillent le sanctuaire :

Ces crimes publiés indignent le vulgaire ;

Il demande, il attend que le glaive sacré

Punisse promptement cet outrage avéré.

L'inquisiteur agit, et je les abandonne ;

Il croit venger l'autel, il vengera le trône :

Et le peuple et les grands béniront dans leur roi

L'auguste protecteur du culte et de la foi.

 

LA REINE.

L'inquisiteur ! Qu'entends-je? Ah ! quand notre courage

Du Vatican altier faisait taire l'outrage,

L'inquisiteur traitait nos succès d'attentats ;

Il prêche le pardon, mais ne pardonne pas.

Voulez-vous honorer et le trône et la France ?

De ces inquisiteurs détruisez la puissance ;

C'est aux yeux de son siècle, aux yeux de l'avenir,

L'un des plus beaux succès qu'un roi puisse obtenir.

S'il faut des Templiers examiner les crimes,

Donnons aux accusés des juges légitimes :

Qu'un Français ait, toujours pour juges des Français.

Ces guerriers ont commis des attentats secrets,

Dit-on. Sous ce prétexte, on les traite en coupables,

Eux dont les faits publics sont tous irréprochables.

D'un tribunal cruel suspendez les rigueurs :

Sire, permettez-moi de vous gagner des cœurs ;

Je réponds du grand-maître. Ah ! que le roi pardonne

Un refus dont l'orgueil blesse l'honneur du trône :

Ces guerriers, tout-à-coup accablés du malheur,

N'ont pas assez contraint le cri de leur douleur.

Daignez me confier le droit de la clémence,

Sire, et je garantis leur prompte obéissance.

 

LE ROI.

Ah! puissiez-vous bientôt, comme vous m'en flattez,

Abaisser leur orgueil devant mes volontés !

Vous acquerrez un titre à la reconnaissance

De l'époux, du monarque et de toute la France.

 

 

LES TEMPLIERS

ACTE II

SCENE VI.

 

LE ROI, LA REINE, LE CONNÉTABLE.

 

LE CONNÉTABLE.

Sire, le peuple, armé par de vils factieux,

Sort des murs de Paris et marche vers ces lieux ;

Je ne vous tairai point que la foule coupable

A ses cris de fureur mêle un nom respectable,

Du grand-maître et des siens déplore le danger,

Et prétend les défendre, ou même les venger.

Sire, pour réprimer cette audace rebelle,

J'ai disposé soudain une troupe fidèle.

Quel ordre donnez-vous?

 

LE ROI.

                                          Quel ordre ?

Suivez-moi. Bientôt ces factieux rencontreront leur roi.

          (A la reine.)

Je laisse un libre cours aux mesures sévères

Que nos propres périls rendent trop nécessaires.

J'ai chargé Marigni d'un devoir important ;

Il s'en acquittera. Le tribunal attend.

S'il prononçait.... Le roi peut toujours faire grâce.

Mais quand des factieux ont la coupable audace

De juger mes projets et de les condamner,

Je veux, et je dois vaincre avant de pardonner.

          (Au Connétable.)

Marchons.

 

 

LES TEMPLIERS

ACTE II

SCENE VII.

 

LA REINE, SEULE.

                Des chevaliers la superbe vaillance

N'a fait contre le prince aucune résistance.

Et l'on s'arme pour eux ! De ces infortunés

La gloire et le malheur sont ainsi profanés!

Ah ! je démêlerai quelle intrigue fatale

A de cette révolte excité le scandale.

Le ministre... Mais loin de me décourager.

J'aurai toujours un zèle égal à leur danger.

 

FIN DU SECOND ACTE.