Nicholas Vincent professeur d'histoire médiévale à Norwich, a enseigné aux universités d'Oxford, Cambridge et Canterbury. Il est également professeur invité à Poitiers et à l'école des chartes à Paris. Il a tellement écrit sur divers aspects de l'histoire des XII et XIIIème siècles que la liste de ses ouvrages ne tiendrait pas sur cette page. Il est spécialiste de la royauté anglaise et de la "magna carta". Il est membre de l'Académie Britannique. Il enseigne l'histoire médiévale européenne et les croisades ainsi que la conquête de l'Angleterre par les Normands en troisième année.
De la liste de ses 15 livres, je ferai une mention spéciale pour "The holy blood" qui traite de la vénération anglaise pour les reliques du Saint Sang et donc entre autre de l'ampoule de cristal offert par Guillaume de Sonnac et déposée par Henry III à Westminster Abbey.
Les reliques du Saint Sang au XIIème siècle
Le 13 octobre 1247 à Westminster près de Londres, le roi Henri III, fils de Jean Sans Terre, annonce à la cour qu'il a reçu de Terre Sainte une relique du Saint Sang. On le voit ici dessiné par Matthieu Paris moine à Saint-Albans, en procession...
...depuis l'église cathédrale Saint Paul jusqu'à l'abbaye de Westminster. Il porte ainsi le vase de verre contenant le sang du Christ qui lui a été remis par les Templiers et par le patriarche de Jérusalem.
Son itinéraire passait devant l'église templière de Londres qui existe toujours.
Il déposa son précieux fardeau sur le maître autel de l'église saint Pierre de Westminster...
... après avoir fait le tour du palais et des sépultures royales.
Cette cérémonie était dédiée à saint Edouard le Confesseur vénéré par Henri III et dont c'était la fête en ce 13 octobre.
C'était également la veille de l'anniversaire de la bataille d'Hastings dont les anglais ont fêté hier le 950ème anniversaire ( 14 octobre 1066 ) en quittant l'Europe !
Il y a ans 20 ans, j'ai trouvé, dans la bibliothèque de Westminster, une lettre du patriarche de Jérusalem adressée à Henri III et datée du 31 mai 1247.
Cette lettre dont la copie figure ci-contre, explique pourquoi cette relique, gardée par les Templiers au saint Sépulcre, a été envoyée à Henri III.
Cet événement a donc un lien direct avec le lieu où nous nous trouvons puisque...
... C'est Guillaume de Sonnac alors grand maître de l'ordre et ancien précepteur d'Auzon qui a prélevé une partie de la relique pour le roi d'Angleterre.
Voila pourquoi j'ai écrit ce livre : "Le saint Sang", le roi Henri III et la relique du Sang de Westminster.
Le sujet du Saint Sang est très délicat voir dangereux puisque déjà traité par le best-seller "Da_Vinci_Code" de Dan Brown,...
... suivi par celui de Michael Baigent longtemps en procès avec Dan Brown quant à l'antériorité du sujet.
"Holy Grail" fut le prélude à une longue série d'ouvrages à succès traitant du vrai message messianique comme "le Message" des mêmes auteurs...
... Jusqu'aux révélations ésotériques de Rennes le Château.
Mais revenons à l'histoire beaucoup plus large que celle des reliques.
Commençons par le fameux personnage de légende, Mickey, qui symbolise à lui seul tout un monde créé par Walt Disney.
Les reliques se rapportent en effet à un endroit, à des faits, à une cérémonie venant honorer un personnage concerné par ces reliques.
En Angleterre, notre personnage c'est Winston Churchill...
... Les mégots de Winston Churchill se vendent une fortune !
A notre époque, on peut aussi se recueillir en Californie devant les reliques de Michael Jackson à Neverland.
Ou encore voir la momie du philosophe Jérémy Bentham qui a légué son corps à l'University College of London.
Pour la religion chrétienne saint Etienne fut le premier martyr au premier siècle. Son reliquaire est peut être le plus ancien de l'histoire. Il date de l'an 415 quand saint Augustin reçu les reliques de saint Etienne.
Depuis, les pèlerins se pressent dans les églises détentrices de reliques miraculeuses dans toute l'Europe : Cologne (chasse des rois mages), Constantinople, Jérusalem, Rome ou Saint Jacques de Compostelle.
Chaque autel devait comporter un reliquaire.
C'est ainsi que sur la tapisserie de Bayeux...
... Harold prête serment, main droite sur les reliques, main gauche sur l'autel où est déposée une hostie.
Thomas Becket dit de Canterbery est un grand saint anglais. Après son martyr par Henri II en 1170 le corps de saint Thomas fut réparti dès sa mort à plus de cent exemplaires aux grandes églises d'Europe, ce qui explique sa grande notoriété.
Le nombre de pèlerins à Canterbery explique le succès économique de la ville et de sa cathédrale.
En donnant le Saint Sang à l'abbaye de Westminster, Henri III espère bien renouveler le succès économique de Canterbury.
Il y a également des reliques et des pèlerinages pour le monde musulman. Ici le pèlerinage de la Mecque déplace des foules considérables.
Les grands hommes musulmans sont également vénérés. Le fondateur du Pakistan, Muhammad Ali Jinnah jouit d'une telle vénération.
Voici les chaussures de Muhammad Ali au musée de l'Islam à Paris.
De même que ses bretelles, ceintures ou nœuds papillons.
Par contre les reliques corporelles sont interdites dans le monde musulman.
Concernant les reliques de Jésus Christ, le fait qu'il soit monté au ciel nous prive aussi de toute relique corporelle.
Par conséquent, les premières reliques chrétiennes ne sont pas corporelles. Ce sont ici des pierres et de la terre foulés par les pieds de Jésus en Terre Sainte.
Reliques des chaines de saint Pierre à Rome.
Scala Santa de Rome, escalier du prétoire gravi par le Christ au moment de sa passion comportant aussi du marbre provenant de la maison de Marie à Nazareth.
Chaussures du Christ gardées au monastère de Prüm en Allemagne.
La source de ces reliques était Jérusalem et plus spécifiquement l'église du Saint sépulcre. Cette église est de la plus haute importance avec le sommet du Golgotha sur lequel le Christ a été crucifié et également le tombeau d'où le Christ est ressuscité.
Pour les chrétiens du moyen-age, Jérusalem et le tombeau du Christ sont donc au centre du monde comme indiqué sur la mappa mundi d'Hereford.
C'est en effet à Jérusalem que le Christ doit revenir lors de la fin du monde.
Sur le bord de la carte...
... La France collée à l'Italie et à l'Espagne à la marge du cercle. Puis l'Angleterre totalement sur le bord dans une mer rouge du sang ( du Brexit ? ).
Cette polarisation autour de la résurrection du Christ fut une constante même au temps de l'empire romain.
En 326 la mère de l'empereur Constantin, sainte Hélène retrouve à Jérusalem la vraie croix du Christ ainsi que la couronne d'épine et les clous.
Les reliques de la vraie croix ont été distribuées dans l'ensemble du monde chrétien.
Rassemblées, elles formeraient de nombreux originaux selon les historiens protestants. Jusque là, on a des objets que le Christ a touché mais pas de reliques du corps du Christ.
Lors des croisades, Jérusalem a inondé le monde chrétien de reliques.
Ce sont les reliques de la vraie croix qui ont guéri Saint Louis lors de sa maladie en 1244.
En effet, Saint Louis avait acheté en 1241 la vraie croix au patriarche latin de Constantinople...
... et en 1245, il bâtit la Sainte Chapelle au centre de son palais.
Dans cet écrin, il dépose la vraie croix, la sainte couronne et les clous. Ces reliques ont disparu lors de la révolution. Louis IX utilisait les épines comme dons diplomatiques.
Le 10 décembre 1294 des anges déposent la maison de la Vierge Marie chez une italienne nommée Lorette. C'est depuis ce temps là un pèlerinage très suivi.
Mais le modèle idéal reste l'église du Saint Sépulcre que l'on va reproduire en Europe de l'ouest.
C'est ainsi qu'ont été fondées au XI ème siècle Santo Stéphano de Bologna...
... Sur les chemins de St Jacques de Compostelle : Neuvy-Saint-Sépulcre, l'église souterraine d'Aubeterre et son édicule ressemblant au Saint Sépulcre...
... et en Angleterre : Cambridge ou Northampton.
Un peu plus tard, l'image même du Christ évolue du Christ Pantocrator comme à Auzon...
... vers un Christ plus humain dans sa souffrance avec la présence du sang et des larmes...
... jusqu'au film de Mel Gibson "la passion du Christ" qui atteint un sommet d'effusion de sang.
C'est ainsi qu'on a recherché quelles parties de son corps le Christ avait bien pu laisser sur terre. Et comme il était juif...
Il ne faut cependant pas confondre "Preputium" prépuce avec "Precepium" berceau.
... Mais à l'église Saint Sauveur de Charroux dans la Vienne, c'est bien le prépuce du Christ qui y était conservé. Il fut d'ailleurs retrouvé sous Napoléon III.
Un peu plus au sud, à Cadouin on conserve le suaire qui couvrait la tête du Christ dans sa tombe.
A Vendôme on a même gardé une larme du Christ versée avant la résurrection de Lazare dans un reliquaire vu par Jean Mabillon au XVIIème qui a tout de même bien du mal à en défendre l’authenticité.
Déjà au XII ème siècle on doutait de l'authenticité de certaines reliques. Vers 1125, Guibert de Nogent mettait déjà en doute la véracité de reliques dans son traité "De sanctis et eorum pigneribus" (« Au sujet des Saints et de leurs reliques »), notamment pour les Saintes Dents (de lait) que prétendaient détenir les moines de Saint-Médard de Soissons.
La relique du Christ la plus connue est le Saint suaire de Turin.
Les liens entre les Templiers et le Saint suaire de Turin sont nombreux. Il est maintenant presque certain que le Saint suaire date de la fin du XIIIème siècle tout en reconnaissant que le processus de sa création reste scientifiquement mystérieux. Mais celui-ci a été dans les mains des Templiers.
Revenons maintenant au Saint Sang. Le sang du Christ est très important pour les chrétiens notamment au XIIIème siècle. Les fidèles communiaient avec le pain, le Vin était réservé au clergé car sa manipulation est moins aisée.
Lors des messes papales, les prêtres utilisaient des sortes de pipettes appelées "calamus" pour éviter de perdre des gouttelettes du liquide dans leur barbe.
Voici la répartition des églises ayant déclaré posséder les reliques du vrai Sang du Christ avant 1204 date de la chute de Constantinople :