GUYENNE

 

 

 

Les numéros en vert sont les formes en Sénac ou similaires.


     L'histoire de la Guyenne et de la Gascogne plantagenaises est la même.

  1. Henri II, par son mariage avec Aliénor d'Aquitaine en 1152 devient duc d'Aquitaine. En 1159, entrant en guerre contre le comté de Toulouse, il conquiers Périgord, Quercy et Agenais.
  2. Richard Cœur de Lion reçoit d'Aliénor l'investiture d'Aquitaine vers 1170. Il doit mâter une révolte en Gascogne, il fonde Marmande en 1182 et y réside, construit le château de Soumensac (47120) et rebâtit celui de la Réole (33190).
  3. Après la mort de Richard en 1199, Jean sans Terre perd petit à petit toutes ses possessions continentales sauf celles de Guyenne et Gascogne pour lesquelles il mène une politique très conciliante.
  4. En 1214 Jean est défait par Philippe Auguste à la Roche-aux-Moines et la coalition anglo-allemande est battue à Bouvines.
  5. De 1209 à 1229 le comté de Toulouse est mis à feu et à sang avec la croisade des Albigeois. Philippe Auguste en profite pour étendre ses possessions au détriment des Aragonais et des Anglais.
  6. A la mort de Philippe Auguste, en 1223, ne reste à Henri III qu'une partie de la Guyenne et Gascogne.
  7. Le traité de Paris entre Louis IX et Henri III en 1259 met fin à la première guerre de cent ans et rends à l'Angleterre le Limousin, le Périgord, le Quercy, l'Agenais et une partie de la la Saintonge. Voir la carte.
  8. En 1279, le traité d'Amiens rend l'Agenais à l'Angleterre
  9. de 1294 à 1297 c'est la guerre de Guyenne. Il ne reste plus que Bayonne très brièvement perdue et reconquise à l'Angleterre.
  10. En 1303 nouveau traité de Paris. La Guyenne est rendue à Edouard Ier suite à l'excommunication de Philippe le Bel.
  11. En 1324 Guerre de Saint-Sardos
  12. En 1337 début de la guerre de cent ans
  13. En 1360, Edouard III charge Jean Chandoz de conquérir les terres que lui a octroyé le traité de Brétigny.
  14. De 1337 à 1453 guerre de cent ans avec ses multiples rebondissements mettant à fleur et à sang toute la région dont les fiefs passent tout à tour aux mains des Français et des Anglais. Voir cartes ci-dessous des possessions théoriques (de grosses différences sur le terrain dues aux compagnies écumant les campagnes plus ou moins au nom des Anglais).
  15. 1453 Bataille de Castillon marquant la fin de la présence anglaise en Guyenne et Gascogne. 1475 Traité de Piquigny.

  

Bordelais

 

 

     - A - Soney, 33240 Verac :

 

Château de Pommiers
Château de Pommiers

     Soney est situé en bord de coteau avec vue jusqu'aux bords de la Dordogne. Sur ce plateau, le château de Pommiers (ci-contre) est construit sur une ancienne villa romaine et sur une motte féodale. Les premiers seigneurs de Pommiers sont attestés depuis 1030. "En 1274, Guillaume-Sanche de Pommiers et ses parsoniers Pierre et Pierre-Amanieu de Pommiers reconnaissent tenir du roi d’Angleterre, duc d’Aquitaine, le castrum de Pomeriis cum honore". Verac faisait partie des terres de Pommiers mais est probablement plus récent que notre Soney.

 

     Il se peut que les seigneurs de Guyenne restés pro-Plantagenets aient accueilli nos Sonay et leur savoir faire après la débâcle  de 1204-1210 de même que nous allons les retrouver en Savoie. La Guyenne restera anglaise jusqu'en 1453 !

 

     Les Pommiers ont également été seigneurs de Fronsac sur les bords de la Dordogne. Fronsac a connu les raids vikings de Hasting.

 

Carte; Hypothèse d'affectation : Henri III.

 

 

     - B - Sonney, 33360 Carignan-de-Bordeaux :

 

     La même situation que pour le Soney de Vérac semble se répéter pour le Sonney de Carignan avec le château de Malherbes fondé au XIVème par Guilhem de Malherbes au retour des croisades (ce qui semble bien tardif pour un retour de croisade !). Guilhem était lui même un réfugié Normand. Son château domine Bordeaux sur le bord ouest du plateau, Sonney occupe une position défensive équivalente sur le bord sud-est, dominant le ruisseau « la Pimpine ». Position occupée ultérieurement par le château de Canteloup ce qui n'est pas sans rappeler le Saunay de Prinçay (Anjou n°4) près de Courteloup ! Une villa romaine était située sur le site.

 

     Ce lieu a donc probablement été une position de repli après la déchéance des Plantagenets comme le précédent.

 

 CarteHypothèse d'affectation : Henri III.

Agenais

 

   - C - Saunet, 47130 Bruch :

 

tour de Bruch
tour de Bruch

      Le petit village de Saunet est installé sur un point culminant au dessus de Bruch. La position est idéale pour une tour de guet avec vue sur le cours de la Garonne en aval d'Agen. A Bruch restent les tours nord (ci contre) et sud du castrum du moyen-age. Le site du Saunet surplombe également le village de Saint Martin où est fouillé actuellement une villa gallo-romaine et une nécropole mérovingienne. Sur l'autre versant, mais plus loin, se trouve la ville de Nérac dont le château est attesté en 1080, devenu nouvelle résidence en 1259 des barons d'Albret (voir n°A de Gascogne). Nérac a aussi sa villa gallo-romaine et son village de Saint Martin. Tout proche de Saint Martin de Bruch, le prieuré du Paravis qui dépendait de Fontevraud suite à une donation de Gautier Ier du Fossat. En face, sur l'autre rive de la Garonne, une commanderie templière dont il reste l'église à Port- Sainte-Marie.

 

        Gautier Ier du Fossat seigneur de Bruch est cité comme appartenant à la cour de Guillaume IX, duc d'Aquitaine, entre 1120 et 1125. Le 16 novembre 1286, Raymond Bernard du Fossat, prieur du Mas d’Agenais, agissant pour son neveu Gautier du Fossat, fait hommage du castrum de Bruch au roi d’Angleterre : duc de Guyenne et comte d’Agenais Edouard Ier. Un du Fossat fut d'ailleurs maréchal des armées anglaises. Bruch resta anglaise jusqu'à la fin de la guerre de cent ans en 1453.

  

     Les du Fossat ayant également des terres sur le comté de Toulouse ont fatalement été proches d'Henri II lorsque celui-ci briguait le comté et se déplaça à Agen en juin 1159 à la tête d'une armée considérable.

 

     Les sites C et D sont en fait en Gascogne mais si proche d'Agen que l'on a laissés en Agenais.

 

CarteHypothèse d'affectation : Edouard Ier.

 

 

 - D - Sonnet, 47310 Aubiac :

 

     Le site est au bord d'une crête surplombant la ville d'Aubiac dans la banlieu sud d'Agen. Aubiac est connu également pour ses ruines gallo-romaines et mérovingiennes. Cette crête parallèle à la Garonne et la surplombant était fortement fortifié puisque l'on y trouve dans l'ordre :

  1. Le château de Roquefort, bati sur des fondations gallo-romaines et ayant appartenu à Jeanne d'Albret mère d'Henri IV.
  2. Estillac avec le château de Montluc qui présente des éléments du XIIIème siècle.
  3. Les deux tours au dessus de Lancette précédant notre site de Sonnet.

    Il semble donc qu'il y ait eu, sur cette crête, une ligne de fortifications rapidement construite au XIIIème siècle surplombant le cours de la Garonne. Elle semble bien l'œuvre de nos Plantagenêts. La seule possibilité au XIIIème se trouve lorsqu'Edouard Ier récupère l'Agenais en 1279, le voisin étant alors Bernard VI d'Armagnac vassal du roi Philippe III le Hardi.

 

CarteHypothèse d'affectation : Edouard Ier.

 

Compléments

 

 

     La toponymie approchante du sud-ouest est abondante. Cette toponymie est certainement postérieure à 1152, date du mariage d'Henri II avec Aliénor ; on peut également penser qu'elle soit antérieure à 1453 date du départ définitif des Anglais du continent. Il est très probable que cette toponymie ait été employée par les Anglais et leur alliés Gascons après avoir subi les déformations régionales de la langue d'Oc. A cette époque a fleuri dans la région une multitude de forteresses et de fiefs qui devaient avoir chacun leur "Sonnay" lorsqu'ils étaient sous influence anglaise, influence qui a été très mouvante au cours de la guerre de cent ans.

BORDELAIS

 

 

      - E - Terrier de Seynat, 33620 Lapouyade :

 

     Nous sommes ici en pays Gabay, extension de la Saintonge dans le département de la Gironde, une fois la guerre de cent ans terminée, période pendant laquelle le pays fut dévasté au point d'importer des habitants de provinces plus au nord pour le repeupler. Le site de Seynat est sur la frontière même entre la Guyenne anglaise et la Saintonge annexée par Philippe le Bel. Cette frontière fut celle de la Guyenne de 1303 à 1360 (Edouard Ier, II et III) puis de 1415 à 1431 (Henri V et VI). A cet endroit, c'est toujours la limite entre les départements de Gironde et de Charente-Maritime.

 

     La région ayant été totalement dévastée par les guerres, il ne reste plus de châteaux mais il devait en exister à Lapouyade, sommet local, ou à Tizac où il reste des traces de mottes castrales.

 

 CarteHypothèse d'affectation : Henri III.

 

 

      - F - Le Gué de Sénac, 33620 Les Peintures :

 

      Proche du site précédent et gué sur la Dronne, Sénac était, depuis 1303, le coin nord-est des positions anglaises en Guyenne. En effet, le petit morceau de la forêt de la Double de l'Angoumois englobé dans le nord du département ne faisait pas partie de la Guyenne et la forteresse qui défendait ce point névralgique était celle de Coutras ville qui dépendait de l'Angoumois au VIIIème siècle puis au Périgord au IXème et à la vicomté de Fronsac au X ou XIème siècle.

 

 CarteHypothèse d'affectation : Edouard Ier.

 

 

      - G - Senailhac, 33370 Artigues-près-Bordeaux et Tresses

      - H - Cénac, 33360 Cénac :

 

     Le 12 juin 1451 la ville de Bordeaux capitule mais la population exige le retour des Anglais qui s'organisent alors avant la bataille décisive de Castillon. Les Anglais envoient une armée commandée par John Talbot et se terrent dans la ville, mettant tout autour des remparts des postes de vigies peu éloignés chargés de déclencher l'alerte en cas d'attaque imminente. La bataille aura lieu le 17 juillet 1453 et les Anglais définitivement écrasés par la toute récente artillerie française. C'est peut être aussi le cas du n°B mais qui aurait alors fait double emploi avec Cénac. La toponymie "Cénac" semble postérieure aux nombreux sites d'Astarac homonymes ou presque en Gascogne et Sonney plus proche des formes angevines du XIIème siècle. 

 

 Carte 1Carte 2Hypothèse d'affectation : Henri VI.

 

 

    BAZADAIS : pas d'occurrence

 

COMTE DE PERIGORD

 

     La présence anglaise dans le comté de Périgord va rendre l'affectation des sites difficile vu les changements fréquents sur la période :

     La situation locale est encore plus compliquée, le Périgord étant un véritable champ de bataille sur l'ensemble de la période. Voir ici un résumé de son histoire.

 

 

      - a - Les Sonneries, 24350 Lisle :

 

     Le site semble être la limite entre la baronnie de Bourdeilles avec la bastide de Tocane-Saint-Apre. Cette limite était certainement le cours de la Dronne. Les Sonneries sont au pluriel car il en fallait deux pour transmettre les signaux jusqu'au donjon haut de 35m du château principal de Bourdeilles. Les sonneries sont en effet au bord de la rivière. Bourdeilles était une baronnie importante ayant résisté victorieusement en 1263 au vicomte de Limoges Guy VI le Preux. Par contre le château est pris par Edouard Ier en 1273 suite à une révolte d'Archambaud Ier de Bourdeilles. La bastide de Tocane a été créée par les comte de Périgord entre 1285 et 1309. En 1369 Bourdeilles est assiégé pendant neuf semaines par Edmond de Langley comte de Cambridge et Jean de Hastings comte de Pembroke et repasse pour peu de temps aux mains des Anglais.

 

 CarteHypothèse d'affectation : Edouard Ier.

 

 

      - b - La Sonnerie, 24600 Saint-Martin-de-Ribérac :

 

     Le site est dans une situation correcte pour le guet dominant légèrement les alentours et à l'orée de la forêt de la Double. Il est rattachable à Ribérac dont Saint Martin a été démembré en 1851. La région de Ribérac forme un territoire spécifique très fortifié.

 

Carte; Hypothèse d'affectation : Indatable

 

 

      - c - Les Sonneries, 24190 Saint-André-du-Double :

 

     Saint André est au cœur de la forêt de la Double. La Vicomté de Limoges s'est beaucoup étendue vers le sud de chaque coté de Périgueux, à l'ouest au XIIIème, période où Saint andré dépendait de Limoges et à l'est au XVème. Les Sonneries sont en pleine forêt sur la limite communale avec Saint-Vincent-de-Connezac qui existait au moins depuis le VIIIème siècle.

 

Carte; Hypothèse d'affectation : Indatable

 

 

      - d - Saunard, 24110 Montrem :

      - e - Saunerie, 24110 Manzac-sur-Vern :

 

Château de Grignols
Château de Grignols

     Manifestement ces deux sites ont été créés face à face pour s'épier l'un l'autre. Une région où il n'était pas conseillé de flâner comme en témoigne le lieu-dit voisin de "Coupe-Gorge". On peut facilement rattacher Saunerie et Manzac avec la puissante seigneurie de Grignols (ci-contre) qui avait déjà un "Chastel-Vieilh" en 1258 avec trois mottes castrales et sa tour du Xème siècle. Le château de Grignols était tenu par la grande famille des Talleyrand. De Grignols devait également dépendre le château des Chaulnes voisin des deux sites. Saunerie est sur un sommet de 200m. Il est séparé de Saunard par un petit vallon. Saunard est à 214m également au sommet, on peut le rattacher à Montrem et à son château dit de Montanceix au bord de l'Isle. Les Bourdeille (voir n°a) et les Saint-Astier y ont résidé. Saint-Astier étant la ville fortifiée (en 1219) la plus proche fut reprise aux Anglais en 1350. Les Talleyrand étaient de la famille des comtes de Périgord qui eux même étaient très proches des Armagnac compte tenu du mariage de Jeanne de Périgord avec Jean II d'Armagnac en 1359, un des plus ardent défenseur de la cause de Charles V contre Edouard III. Il est donc fortement probable que Boson II de Taleyrand ait adopté la cause française avant 1350 et qu'il était de ceux qui ont attaqué le château de Saint-Astier. 

 

 CarteHypothèse d'affectation : Edouard III.

 

 

      - f - Sonne, 24560 Montaut :

 

Château de Bannes
Château de Bannes

 

     Sonne peut être rapproché soit du château de Bannes (ci-contre) soit de la bastide de Beaumont-du-Périgord. Beaumont de Périgord a été créée par l'Anglais Lucas de Thaney sénéchal de Guyenne au nom d'Edouard Ier en 1272. Le château de Bannes, tout proche de Beaumont a une longue histoire : Marquise d'Esclamat-Pujols en est chassée par Ramonet de Sort du Béarn à la tête d'un détachement anglais en 1409, pris en 1417 par Pierre de Bosredon et acheté en 1442 par Jean de l'Aigle.

 

 

CarteHypothèse d'affectation : Edouard Ier.

 

 

      - g - Les Sounies, 24170 Siorac-en-Périgord :

      - h - Les Sounies, 24250 Veyrines-de-Domme :

      - i - Cénac, 24250 Cénac-et-Saint-Julien :

 

     Les trois sites ont été rassemblés parce qu'ils avaient la même utilité : surveiller la vallée de la Dordogne. Depuis longtemps, le danger est venu de la rivière avec les vikings, obligeant les habitants à se réfugier dans les forêts avoisinantes comme à Belvès avec la forêt de la Bessède. mais commençons par Cénac qui pose un problème de date.

 

 

chateau de castelnaud
chateau de castelnaud

     En effet, Cénac est appelé "Domme-Basse" ou "Domme Vieille" dans les actes anciens, apparaît le terme "Senaco" dans la seconde moitié du XIIème siècle ce qui nous ramène à l'époque du mariage d'Henri II au moment où il envahit le Quercy en 1159. Le lieu était déjà habité car l'abbaye de Moissac y avait déjà créé un prieuré fin XIème et qu'un château existait "depuis longtemps" à Domme-Vieille en 1214. La bastide de Domme sur le plateau fut créée en 1280 par Philippe le Hardi qui avait reçu le duché d'Aquitaine à la mort d'Alphonse de Poitiers

 

     Pour les Sounies de Siorac, l'emplacement est bien choisi pour surveiller l'aval et l'amont du fleuve, d'être un peu sur les hauteurs et de pouvoir en référer au château de Berbiguières plus haut sur la rive gauche et également faire suivre l'alerte vers Belvès et Saint Germain, propriété de l'archevêque de Bordeaux.

 

     Quant aux Sounies de Veyrines, l'axe de vision vers le même château de Berbiguières a été privilégié, tout en gardant une vision vers le château de Castelnaud, Veyrines-de-Domme et bien sûr vers la Dordogne en contre-bas. Le château de Castelnaud (ci-dessus) maître de tout ce dispositif était tenu par de Castelnaud. Le premier château qui était tenu par un cathare, Bernard de Cazenac, fut conquis par Simon de Montfort en 1214. Repris par Cazenac, il est détruit par l'archevêque de Bordeaux Guillaume Amanevi de Genève l'année suivante. De 1259 à 1273 Henri III le loue. Il est ensuite rendu à Gaillard de Castelnaud seigneur de Berbiguières (?-1295) et son arrière petite fille, Magne, l'apporte en 1368 à Nompar II de Caumont, Agenais, vassal d'Edouard III. Il changera 5 fois de mains entre Français et Anglais avant que Charles VII le confie à Brandélis de Caumont en 1442.

 

Carte 1; Carte 2; Carte 3; Hypothèse d'affectation : Henri IIIHenri II.

 

 

AGENAIS

 

      - 1 - Soumaille, 47120 Pardaillan :

 

Château de Duras
Château de Duras

     En 1248, Henri III nomme Simon V de Montfort sénéchal de Guyenne (fils de Simon IV chef de la croisade contre les Albigeois) qui gère alors très durement les territoires restant à l'Angleterre. Une émeute éclate en 1249 sévèrement réprimée mais Henri III calme le jeu en rappelant Simon V en Angleterre et confie le poste de Sénéchal de Guyenne à son fils, le futur Edouard Ier. Le vicomte de Bezaume (ou Benauges), Guillaume (ou Bernard) de Bouville, propriétaire du château de Duras (ci-contre) faisait partie des conjurés. Henri III lui retire ses terres en 1254 pour les donner à Edouard. Celui-ci réussit, résidant sur place, en 17 mois à redresser la situation.

 

     Soumaille est à la limite des terres de Duras avec celles d'Odet de Pardaillan seigneur de Pardaillan et de Gondrin. Le site est bien placé sur une petite colline au confluent de trois ruisseaux.

 

Carte; Hypothèse d'affectation : Henri III.

 

 

      - 2 - Soumaille, 47350 Seyches :

 

     Entre 1278 et 1286 une bastide est créée à Miramont-de-Guyenne alors appelée Miramont-de-Lauzun car elle fut bâtie sur les terres du seigneur de Lauzun Gaston III de Gontaut-Biron (1251-1297). Lauzun n'était pas encore un comté (1570 sous les Nompar de Caumont voir n°i) ni un duché (1692). 

 

     Seyches, pour sa part était connue dès l'époque gallo-romaine, pour sa source chaude justement sur notre site de « Soumaille ». Cette source, maintenant tarie, était connue jusqu'à Rome. Elle guérissait toutes les maladies. Le château de Seyches a appartenu aux Rudel propriétaires du château fort que l'on peut encore admirer englobé dans la citadelle de Blaye.

 

     Le site, proche de Miramont et encore plus de Seyches, devait donc être la limite entre les terres de Duras (voir n°1) et celles de Seyches et Lauzun. L'homonymie avec le site n°1 confirmerait cette hypothèse.

 

     Marmande est créée en 1182 par Richard Cœur de Lion sur un ancien castrum romain. Soumaille correspond beaucoup mieux à un site destiné à la défense de cette ville nouvelle.

 

CarteHypothèse d'affectation : Richard Cœur de Lion.

 

 

      - 3 - Soumaille, 47300 Lédat :

      - 4 - Sénézé, 47300 Villeneuve-sur-Lot :

 

     L'histoire de Villeneuve-sur-Lot dont nos deux sites sont les sentinelles, Soumaille au nord-ouest et Sénézé au nord-est, est bien plus simple que toutes celles des autres villes que nous avons rencontrées jusque là. Créée par Alphonse de Poitiers entre 1254 et 1263, elle devient rapidement une place forte ou bastide à l'abri de ses remparts. Elle est remise à Edouard Ier en 1279 en vertu du traité d'Amiens signé avec Philippe III le Hardi réglant la succession de la dot de Jeanne d'Angleterre, sœur de Richard Cœur de Lion. Edouard y construisit un pont fortifié semblable à celui de Cahors débuté en 1282. La ville est prise en 1337 par Raoul Ier de Brienne et Gaston II de Foix-Béarn. Les Anglais reviennent en 1347 suite à la bataille de Crécy. Louis Ier d'Anjou reprend Villeneuve en 1369 qui restera française jusqu'à la fin de la guerre de cent ans malgré les déprédations faites aux environs.

 

     Nous attribuerons donc nos sites à Edouard Ier compte tenu du nom du n°3 commun avec celui de Duras n°1.

 

Carte 1; Carte 2Hypothèse d'affectation : Edouard Ier.

 

 

      - 5 - Le Camp des Sonnes, 82150 Montaigu-de-Quercy :

 

     Nous voici pratiquement en Quercy, la frontière passant sur le du Camp des Sonnes. Dans la région, camp est l'équivalent de champ et Sonnes de frontière suite à notre étude. Le "Camp des Sonnes" est donc le "champ de la frontière". Nous retrouvons aussi les rivières Séoune et petite Séoune étudiées aux n°i et j en Rouergue. En effet, la frontière agenaise et la commune de Montaigu avancent curieusement en Quercy par une excroissance reprise dans le découpage des trois départements.

 

     L'histoire de la création de Montaigu est pleine de zones d'ombre dues à la duplicité des comtes de Toulouse vis à vis de l'hérésie cathare. A l'origine l'emplacement de Montaigu s'appelait "Walss", l'habitat était dispersé et la paroisse la plus proche était Gouts. Raymond V, craignant les attaques du bouillant Richard Cœur de Lion édifia un château important entre 1150 et 1180. Il y plaça un homme de confiance, également défenseur du château de Moncuq, Guiraud de Gourdon que l'on pense apparenté aux Gourdon de Castelnau. Arrive l'offensive de Simon de Montfort lors de la croisade des Albigeois en 1212. Montcuq est occupé par Baudouin de Toulouse à la place de Guiraud de Gourdon, cathare convaincu qui se voit confier une autres seigneurie plus proche de Toulouse, Caraman. Simon de Monfort détruit Montcuq en 1214. En 1230, Raymond VII restitue à Guiraud entre autres, les seigneuries de Montcuq et de Montaigu (sans les châteaux ?). Guiraud finit par être condamné comme hérétique en 1242, date à laquelle on perd sa trace. Deux hypothèses :

  1. Guiraud de Gourdon change de nom et se fait appeler "de Montaigu"
  2. Un certain Simon de Montagu marié à Julienne de Châtillon fait une fondation à l'église de Montcuq en 1212 et engendre une famille illustre dont la branche ainée Montagu-Mondenard sera propriétaire du château de Montaigu. Une épitaphe sur la tombe de Mgr Sicard de Montaigu (1294-1300) évêque de Cahors indique que la famille serait apparentée aux Montagu de Bourgogne.

     Simon de Montagu ne serait il pas un croisé de Simon de Montfort venu de Bourgogne (ou d'ailleurs, peu importe) s'étant substitué d'une façon ou d'une autre mais surement peu glorieuse au premier propriétaire proche de la maison de Toulouse pour se rapprocher de la relative quiétude apportée par le comte évêque d'Agen, pro-anglais et plaçant son guet vers l'est. Les Montaigu tiendront la seigneurie pendant 600 ans.

 

     Voici les différentes sources utilisées pour essayer de comprendre cette histoire obscure : 

Carte; Hypothèse d'affectation : Henri III.

          Pour ces deux provinces de Guyenne nous sommes sur le comté de Toulouse traditionnellement rattaché au roi de France. Par conséquent les compléments de ces deux régions sont traités avec les autres fiefs capétiens.  Activez : Quercy et Rouergue.