GASCOGNE

 

 

Carte des fiefs de Gascogne en 1150
Carte des fiefs de Gascogne en 1150

 

Les numéros en vert sont les formes Sénac ou approchantes. 


     L'histoire de la Guyenne et de la Gascogne plantagenaises est la même.

  1. Henri II, par son mariage avec Aliénor d'Aquitaine en 1152 devient duc d'Aquitaine. En 1159, entrant en guerre contre le comté de Toulouse, il conquiers Périgord, Quercy et Agenais.
  2. Richard Cœur de Lion reçoit d'Aliénor l'investiture d'Aquitaine vers 1170. Il doit mâter une révolte en Gascogne, il fonde Marmande en 1182 et y réside, construit le château de Soumensac (47120) et rebâtit celui de la Réole (33190).
  3. Après la mort de Richard en 1199, Jean sans Terre perd petit à petit toutes ses possessions continentales sauf celles de Guyenne et Gascogne pour lesquelles il mène une politique très conciliante.
  4. En 1214 Jean est défait par Philippe Auguste à la Roche-aux-Moines et la coalition anglo-allemande est battue à Bouvines.
  5. De 1209 à 1229 le comté de Toulouse est mis à feu et à sang avec la croisade des Albigeois. Philippe Auguste en profite pour étendre ses possessions au détriment des Aragonais et des Anglais.
  6. A la mort de Philippe Auguste, en 1223, ne reste à Henri III qu'une partie de la Guyenne et Gascogne.
  7. En 1241 Hugues X de Lusignan monte une coalition avec Henri III, Raymond VII de Toulouse et ses seigneurs gascons. La coalition est battue à Taillebourg par Louis IX.
  8. Le traité de Paris entre Louis IX et Henri III en 1259 met fin à la première guerre de cent ans et rends à l'Angleterre le Limousin, le Périgord, le Quercy, l'Agenais et une partie de la la Saintonge. Voir la carte.
  9. En 1279, le traité d'Amiens rend l'Agenais à l'Angleterre
  10. de 1294 à 1297 c'est la guerre de Guyenne. Il ne reste plus que Bayonne très brièvement perdue et reconquise à l'Angleterre.
  11. En 1303 nouveau traité de Paris. La Guyenne est rendue à Edouard Ier suite à l'excommunication de Philippe le Bel.
  12. En 1324 Guerre de Saint-Sardos
  13. En 1337 début de la guerre de cent ans
  14. En 1360, Edouard III charge Jean Chandoz de conquérir les terres que lui a octroyé le traité de Brétigny.
  15. De 1337 à 1453 guerre de cent ans avec ses multiples rebondissements mettant à fleur et à sang toute la région dont les fiefs passent tout à tour aux mains des Français et des Anglais. Voir cartes ci-dessous des possessions théoriques (de grosses différences sur le terrain dues aux compagnies écumant les campagnes plus ou moins au nom des Anglais).
  16. 1453 Bataille de Castillon marquant la fin de la présence anglaise en Guyenne et Gascogne. 1475 Traité de Piquigny.

 

     Les fortifications anglaises en Gascogne d'avant et pendant la guerre de cent ans ont reçu le nom de "châteaux gascons" dans le Gers et le Lot et Garonne. Ce sont certainement ces petites forteresses ressemblant aux "peel towers" anglaises qui portaient des noms proches de Sonay. Le château de Plieux, dont il est question ci-dessous, est un des exemples types de châteaux gascons.

 

     Voici la traduction de l'article Wikipédia sur les "peel towers" qui nous permet de préciser l'image que l'on peut se faire de nos Sonay :

 

 

     Les "Tours de Peel" (également orthographié "de pele" ) sont petites tours fortifiées , construites le long des frontières anglaises et écossaises, dans les Marches écossaises et en Angleterre du nord, principalement entre le milieu du 14ème siècle et 1600. Grâce à leur conception, ces tours étaient autonomes quant à leur défense. Elles apportaient également un statut et du prestige à leur propriétaire. Elles ont aussi servi de tours de guet car la garnison occupante pouvait faire des signaux en allumant du feu pour avertir de l'approche d'un danger.

 

    Un "pele" ou " barmkin " (en Irlande un bawn ) était une enceinte où l'on rassemblait le bétail en cas de danger.  Le vol de bétail était commun lors de raids frontaliers, et souvent leur objectif principal. La tour était généralement située à un coin de l'enceinte. La plupart des murs de ces enceintes n'ont pas survécu et certaines tours n'en ont peut-être jamais eu. Dans certains villages, des enceintes appelées «vicas's pele», étaient réservées à l'usage de toute la communauté.

 

 

     De telles tours ont été construites en Ecosse , Northumberland , Cumberland , Westmorland et Yorkshire du nord, mais également au sud dans le Lancashire , en réponse aux menaces d'attaque des Anglais, des Ecossais et des voleurs de bétail des deux nationalités.

 

     En Écosse, une ligne de tours de ce type a été construite dans les années 1430 le long de la vallée de la Tweed depuis Berwick jusqu'à la source, en réponse aux dangers d'invasion des Marches . Dans la haute vallée de la Tweed, en aval de sa source, on trouvait les tours suivantes: Fruid, Hawkshaw , Oliver , Polmood , Kingledoors , Mossfennan , Wrae Tower , Quarter, Stanhope , Drumelzier , Tinnies , Dreva , Stobo, Dawyck, Easter Happrew, Lyne , Barnes, Caverhill, Neidpath , Peebles, Horsburgh, le château de Nether Horsburgh, Cardrona , la tour de Kirna (Kirnie), Elibank.

 

     Suite à une loi du Parlement d'Angleterre en 1455, chaque tour devait posséder un panier de fer à son sommet avec un signal par fumée ou feu, pour une utilisation de jour ou de nuit, prêt à être allumé. En plus de leur objectif principal en tant que système d'alerte, ces tours servaient également d'habitation à des notables propriétaires de la région, qui y vivaient avec leur famille et leurs serviteurs, alors que leurs sujets étaient logés dans de simples huttes à l'extérieur des murs. Les tours offraient également un refuge pour que, lors de raids transfrontaliers, toute la population d'un village puisse monter dans la tour et attendre le départ des maraudeurs.

 

     Une dernière carte pour suivre l'émiettement des fiefs du Gers (32)

 

Fiefs du Gers
Fiefs du Gers

 

Panel de base

 

     Pour une meilleure compréhension, les sites du panel de base sont intégrés au début de chaque fief, ils sont désignés par des lettres capitales sur lesquelles vous pouvez cliquer pour les lire ;

 

 

                                      A    Le Senet Seigneurie d'Albret                                    
  B Le Moulin de Sauné Comté de Pardiac  
  C Sauné Comté de Comminges  
  D Saunés Comté de Comminges  
  E Sauné Comté de Comminges  

Compléments

 

Duché d'Aquitaine

 

  

 

 

         Il est possible de tracer la carte correspondant au recul maximal des Anglais sous Henri III (entre 1223 et 1259) en suivant les différents sites de la région. Nous sommes à cheval sur plusieurs provinces : la Saintonge (n° bleus), la Guyenne (n° marrons) et ceux de la Gascogne (n° rouges). Les frontières nord et sud devaient être la Charente et la Navarre, les Anglais ayant gardé Bayonne jusqu'en 1451.

 

En foncé, les possessions d'Edouard III avant 1360
En foncé, les possessions d'Edouard III avant 1360

 

 

   - 1 - Le Son, 33650 Saucats :

   - 2 - Sonat, 33650 Saucats :

 

     La Brède, le château de Montesquieu (1689-1755) fut autrefois un véritable château sur motte ayant subit des attaques armées notamment vers 1283 en prélude à la guerre de Guyenne puis en 1419 certainement par Jean IV d'Armagnac en représailles à l'assassinat de Jean sans Peur. Suite à la bataille de Castillon, en 1453, Jean de Lalande qui était propriétaire de la Brède doit se réfugier en Angleterre, elle lui sera rendu en 1463 par Louis XI. Il est donc logique que le château soit entouré de guets que l'on peut penser contemporains du recul débuté sous Henri III puis Edouard Ier décrit ci dessus.

 

Carte 1; Carte 2; Hypothèse d'affectation : Edouard Ier.

 

 

   - 3 - Sounet et Le Grand Sounet, 47170 Lannes : 

   - 4 - Sounary, 47600 Moncrabeau : 

 

     Tout ce qui est expliqué au n°A est applicable ici. En effet, au XIIème siècle, il fut établi deux guets aux deux points les plus au sud de la seigneurie d'Albret, donc au sud de Nérac entre 1280 et 1294. Sounet devait en référer à Villeneuve de Mézin qui, en 1287, était un poste de frontière avec vingt soldats et neuf écuyers installés dans le clocher de l'église, ce qui confirme bien le créneau de date retenu pour ces sites. Sounary en référait à la maison forte de Moncrabeau tenue par la famille Ladevèze de Charrin.

 

 Carte 1; Carte 2Hypothèse d'affectation : Edouard Ier.

 

 

   - 5 - Sounet , 32700 Marsolan : 

   - 6 - Sounillous, 32480 Larroque-Engalin : 

 

Tour de Castelnau-sur-l'Auvignon
Tour de Castelnau-sur-l'Auvignon

     Condom était une grande ville et une étape obligée sur les chemins de Saint Jacques de Compostelle (via Podensis). Elle était gérée par l'Abbaye de Condom, fondée en 1011 et devenue cathédrale en 1317, sous l'autorité du duc d'Aquitaine. Les deux sites Sounet et Sounillous se trouvent à la frontière avec la Lomagne et le Fézensac. Conscient qu'il fallait défendre l'abbaye en ces temps troublés et ayant vu les avantages du paréage signé avec Lectoure (voir n°9), l'abbé de Condom Auger d'Anduran (1285 ?-1305) signe à Aire-sur-Adour le 20 juin 1285 un paréage identique avec Edouard Ier d'Angleterre. Celui-ci construit le château de Castelnau-sur-l'Auvignon (ci-contre) et met en place nos deux sites frontaliers avec la Lomagne. Sounet, dans l'axe de la vallée encaissée de l'Auchie et surplombant de 51m est un poste de guet idéal pour surveiller une des routes menant à Condom. Sounillous et Sansounet sont eux situés sur la rive gauche de l'Auchie et dominent la rivière de 43m. Ils sont appuyés par la maison forte de Larroque-Engalin tenu par les de Guichené qui avaient juré allégeance à Alphonse de Poitiers en 1250. Le traité de Paris de 1259 stipulait que l'Agenais devait être rendu à Edouard Ier à la mort d'Alphonse et de Jeanne de Toulouse qui eut lieu en 1271, ce ne fut effectif qu'en 1279 au traité d'Amiens.  

 

 

Carte 1; Carte 2Hypothèse d'affectation : Edouard Ier.

 

 

Seigneurie d'Albret

 

   - A - Le Senet, 40630 Sabres :

 

     Ce lieu a manifestement un rapport avec l'ancienne forteresse d'Albrit (chateau de bois et terre sur motte du XIIIème) commune de Labrit, capitale de ce qui va devenir une des plus grosses seigneuries d'Aquitaine, la maison d'Albret, attestée au XIème et présente à la première croisade. Henri IV en est issu. La présence de l'homme dans la région est ancienne puisqu'on a trouvè à Sabres la pierre de Grimann et une statue de Minerve. Rien ne distingue autrement ce lieu de la forêt avoisinante. L'endroit est marécageux avec la présence d'un ruisseau et la défense, s'il y en avait pouvait être constituée de fossés-étang. Le site est situé au nord ouest de Labrit du coté de Sabres. On pense que le nom de Labrit serait d'origine germanique. Le château d'Albrit date de 1225 au plus tôt et est resté anglais jusqu'en 1453.

 

     La maison d'Albret était un vassal peu sûr pour le roi d'Angleterre car très proche de celle d'Armagnac depuis le mariage de Pincelle d'Albret avec Roger d'Armagnac vers l'an 1200. Tantôt pour les Anglais, tantôt pour les Français au gré des intérêts. Après 1368 les Albret sont fervents défenseurs du roi de France avec Charles Ier (1368-1415) connétable de France mort à Azincourt et Charles II (1415-1471) combattant les Anglais aux cotés de XaintaillesLa Hire et Jeanne d'Arc.

 

     Le site est donc tourné vers Labrit et surveillait la seigneurie d'Albret pour le compte de Sabres avant que la seigneurie ne s'étende vers la côte donc avant 1360. L'époque où il fallut surveiller le seigneur d'Albret avant 1360 est la période de 1280 à 1294 pendant laquelle Bernard VI d'Armagnac, après son mariage avec Isabelle d'Albret, porte le titre de Seigneur d'Albret sous le règne d'Edouard Ier. Après la mort d'Isabelle, Bernard VI servira fidèlement Charles de Valois, Philippe le Bel, Louis X et Philippe V

 

     Voir aussi les n°3, 4, 7 et 8.

 

 CarteHypothèse d'affectation : Edouard Ier.

 

VICOMTE de TARTAS

 

   - 7 - Sounits, 40250 Mugron :

 

     Montfort-en-Chalosse est une bastide créée par le roi d'Angleterre au XIIIème siècle. Elle va permettre de surveiller les environs de Tartas et du château d'Estignolles, mission confiée à Sounits sur la rive gauche de l'Adour en face des deux points à surveiller. En effet, en 1215, Assalide de Tartas épouse Amanieu VI d'Albret amenant Tartas et Estignolles (A gauche de Mauco sur la carte) aux Albret (voir la carte au n°A). Sounits fait donc partie de cet ensemble de sites destinés à surveiller un vassal devenu trop puissant et proche des Armagnac. Sounits pouvait également compter sur la garnison hébergée dans la tour de Poyaller toute proche, construite fin XIIIème.

 

 CarteHypothèse d'affectation : Edouard Ier.

COMTE d'ARMAGNAC

 

   - 8 - Sounet, 32110 Sion :

 

     Entre 1209 et 1285, les comtes d'Armagnac n'ont pas été résolument contre les Anglais mais, comme beaucoup d'autres comtés de Gascogne, les alliances ont été mouvantes entre Toulouse, France, Angleterre et Aragon. Ce n'est qu'à partir de 1285 que les comtes d'Armagnac vont prendre totalement le parti des rois de France jusqu'à la guerre civile des Armagnac-Bourguignons. Nous sommes au centre du comté d'Armagnac mais proche d'une sauveté à, Nogaro créée en 1050 par l'archevêque d'Auch (en Astarac et non en Armagnac) saint Austinde, avec tous les droits réservés à l'archevêque. Les négociations pour cette création avaient été tendues dès l'origine (Histoire de la Gascogne TII p.33). Nogaro est petit à petit devenue une ville importante où eut lieu sept conciles en 1060, 1141, 1154, 1240, 1303 et 1315. Sans avoir de confirmation par un texte, on peut penser que l'archevêque Amanieu II d'Armagnac (1261-1318) aie eu besoin de la protection de son roi Edouard pour organiser la sécurité des conciles de 1303 et 1315, ce que nous laisse supposer le toponyme Sounet utilisé déja à plusieurs reprises par Edouard Ier contre Bernard VI d'Armagnac à cette période (voir n°A, 3, 4 et 7). Amanieu II s'était même ouvertement opposé à Philippe le Bel aux états généraux de 1312 et fut poursuivi par plusieurs fois par la justice royale alors que son neveu, Bernard VI d'Armagnac, sert fidèlement les Valois à la même époque (comte d'Armagnac 1280-1319, de Rodez 1304-1313 et d'Albret 1280-1294). Le site est sur la rive opposée du Midour, à 3 km par rapport à Nogaro, ruisseau qu'il surplombe de 50m sur un éperon bien marqué avec vue dégagée vers Nogaro. 

 

CarteHypothèse d'affectation : Edouard Ier.

 

VICOMTE de LOMAGNE

 

   - 9 - Sounet, 32340 Plieux :

 

     En 1215, la maison de Lomagne va hériter du comté d'Armagnac et du Fézensac, formant la seconde maison d'Armagnac qui va devenir de plus en plus puissante pendant la guerre de cent ans formant le parti des Armagnac contre celui des Bourguignons avant leur fin tragique sous Louis XI. Lectoure devient la capitale de ce comté. A partir de 1243 le va et vient des alliances tantôt avec les Anglais tantôt avec les Français est continuel. Mais, en 1273, Géraud II de Montlezun, évêque de Lectoure, demanda à Edouard Ier un paréage pour son évêché de Lectoure (Histoire de la Gascogne T.2 p.426). Il est à noter qu'Edouard Ier avait ainsi commencé à se réimplanter en Agenais avant le traité d'Amiens de 1279 (voir n°5-6).

 

     Vers 1280 Géraud II se fit construire un château à la mode gasconne à Sainte-Mère, après qu'Edouard Ier ait sécurisé le passage de l'Auroué avec, entre autres, le poste de Sounet établi en face de Plieux qui n'avait pas encore de château (construit en 1340) mais une simple motte castrale.

 

CarteHypothèse d'affectation : Edouard Ier.

COMTE de FEZENSAC

 

   - a - Sonnard, 32410 Castéra-Verduzan :

   - b - En Sounet, 32360 Jegun :

 

     En 1360 le traité de Brétigny octroie l'Armagnac et le Fézensac ainsi que le Rouergue à Edouard III. Les troupes anglaises occupent rapidement le territoire jusqu'à Rodez en Rouergue d'autant plus que Jean Ier d'Armagnac, ennemi du prince Noir, subit une terrible défaite contre le comte de Foix Gaston Fébus lors de la bataille de Launac (5/12/1362) après laquelle il est emmené prisonnier. On peut donc penser que Vic-Fézensac est occupé par les troupes anglaises à partir de 1360-1363. Sa libération a lieu en 1370 (Histoire de la Gascogne T.3 p.415). On peut ainsi dater approximativement les deux sites.

 

     Sonnard servait d'avant poste au château de Castera dont rien ne subsiste. Il défendait le bord du plateau menant au château lui même satellite de la défense de Vic-Fézensac, capitale du comté du même nom. Un peu plus au sud, En Sounet surveille un éperon faisant face à celui où est installé le château de Bonas qui avait reçu les privilèges réservés aux baronnies (id. T.3 p.8). Le château de Bonas, appartenant aux Pardaillan, faisait également partie de la ceinture fortifiée autour de la capitale.

 

 Carte 1; Carte 2Hypothèse d'affectation : Edouard III.

 

   - c - En Sonne, 32270 Crastes :

 

     Mauvezin était la capitale du Fésensaguet. Son puissant château était craint aux alentours. C'est peut être de là que provient la signification de son nom de "mauvais voisin". Ce petit vicomté était traditionnellement donné en apanage par le comte de Fézensac à l'un de ses fils. Pour la période qui nous intéresse, le vicomte était alors Jean d'Armagnac (1339-1390), lui aussi prisonnier à la bataille de Launac. Mauvezin a dû être occupé par les Anglais comme Vic-Fézensac au n°a ci dessus en 1360-1363. Jean d'Armagnac rejoignit la cause de Louis Ier d'Anjou en 1369 (id. T.3 p.411)

 

     En Sonne est sur la frontière entre le Fésenzaguet et le comté d'Astarac car de l'autre coté du ruisseau qu'il surplombe se trouve Nougaroulet dont le nom en Gascon signifie "petit Nogaro" (voir n°8) dont le nom rappelle le rattachement à Auch ancienne capitale de l'Astarac.

 

 CarteHypothèse d'affectation : Edouard III.

 

 

COMTE d'ASTARAC

 

         Au début de la guerre de cent ans, les comtés d'Armagnac, de Fézensac et de Comminges, furent globalement favorables aux Anglais mais celui d'Astarac est constamment resté fidèle au roi de France. La multiplicité des sites rencontrés dans le Gers peuvent donc être interprété comme les différentes lignes de front entre les Anglais opposés aux seigneurs locaux et aux toulousains du domaine royal après le traité de Brétigny (1360). Pour les rebondissements multiples de l'histoire régionale sur cette période, on peut se référer à "L'art de vérifier les dates des faits historiques" Tome III. et à "Histoire de la Gascogne tome III et IV

 

         Pour les routiers gascons voir les articles wikipédia 1 et 2.

 

         Les grands châteaux du comté d'Astarac étaient au nombre de quatre : Castelnau-Barbarens, Durban, Moncassin et Villefranche. La capitale était la bastide de Mirande créée en 1280. On peut constater que les sites d'Astarac, Bigorre et nord Comminges sont presque tous dénommés Sénac ou Cénac contrairement aux autres fiefs autour ou le radical "Soun" prédomine. Après avoir étudié les sites en question, il semble que le toponyme est apparu au XIVème et ait été diffusé par les routiers gascons, principalement ceux engagés par les Anglais.

 

Carte tirée de "Généralités sur les peuplements anciens de l'Astarac" de René Caïrou
Carte tirée de "Généralités sur les peuplements anciens de l'Astarac" de René Caïrou

  Parmi les châteaux, celui de Moncassin est particulièrement représenté. Il reste sur place une motte castrale importante surmontée de trois croix. La vue y est très étendue sur les Pyrennées et sur Mirande. Le site est stratégique, ce qui explique pourquoi il était particulièrement défendu. Pour l'histoire de Moncassin, consulter cet article ou celui-ci. Le château existait en 1134. C'est là que fut décidé la création de Mirande.

 

   Ci-contre, sur la carte des mottes et bourgs fortifiés en Astarac, établie par René Caïrou, en vert, les quatre chatellenies et la capitale, en rouge nos sites. On peut d'ores et déjà classer les sites en :

 

- Sites frontaliers : d, e, f, g, k, l, o et p.

- Sites de protection rapprochée : d, f, h, l, m et n.

- Sites isolés : i et j.

 

On constate également que l'ensemble des sites avec les châteaux forme un quadrillage dont la plus grande distance entre deux points ne dépasse pas 5,5 Km. Soit un maillage relativement serré et régulier. Nous sommes donc encore très proches des conceptions angevines de Foulque Nera.

 

 

   - d - Sénac, 32300 Sainte-Aurence-Casaux :

 

     Le château sur motte de Sainte-Aurence-Casaux est le plus ancien d'Astarac et attesté fin Xème siècle. Il semble détruit vers 1250. Sénac est proche du village au sud-est. Un peu plus au sud, le château de Duffort attesté en 1215, faisait partie des châteaux d'Astarac et tenait la frontière sud en face de Trie-sur-Baïse. Or Trie fut rasée lors de la chevauchée du Prince Noir en 1355. Vu la proximité des deux châteaux, il a du en être de même pour Duffort, ce qui pourrait expliquer que la protection de la frontière faite avec les Sénac n'aie pas englobé cette zone alors dévastée. 

 

Carte; Hypothèse d'affectation : Henri III.

 

 

   - e - Sénac, 32300 Aujan-Mourmède :

 

     Situé à mi hauteur sur un plateau dominant la Baïse-Devant, Sénac semble couvrir plusieurs châteaux du seigneur de Panassac à savoir : Panassac (XIème), Monlaur-Bernet (1245) et Arrouède (1274) fief du troubadour Bernard de Panassac (vers 1323). Un peu plus au sud-est, Mont-d'Astarac (920) est le château comtal d'origine, propriété d'Arnaud-Garcia premier comte d'Astarac, un des points de la frontière sud.

 

Carte; Hypothèse d'affectation : Henri III.

 

 

   - f - Sénac, 32140 Lalanne-Arqué :

   - g - Sénac, 31350 Lunax :

 

Château de Saint-Blancard
Château de Saint-Blancard

     Ces deux Sénac sont proches l'un de l'autre, de chaque cotés du barrage du lac de la Gimone, ce qui fait que le Sénac de Lunax est en fait, stricto sensu, en Comminges puisque la Gimone faisait frontière, ce qui explique pourquoi ils sont tous deux si rapprochés. Sénac de Lunax rapportait au château sur motte de Montesquiou (XIème attesté en 1274).

 

     Le Sénac de Lalanne est en face du château de Saint Blancard (ci-contre) qui a été construit sur une motte à l'emplacement d'un château gallo-romain. Saint-Blancard était un fief de la maison comtale de Comminges, la frontière passait donc entre les deux, le long du ruisseau du Bourdouat. Notre site rapporte donc au château comtal de Mont d'Astarac qui est le plus proche.

 

Carte; Hypothèse d'affectation : Henri III.

 

 

   - h - Le château de Cénac, 32300 Saint-Elix-Theux :

 

     Il y a bien eu une motte à Saint-Elix mais apparemment, elle n'a pas donné lieu à une concentration de maisons autour d'elle du moins au XII-XIVème siècle. Le château de Cénac est devenu un simple lieu dit agricole sans château. Il y a donc certainement eu à cet endroit un poste de guet qui faisait le relai à mi chemin entre Sauviac (XIIéme) et notre fameuse butte de Moncassin (XIIème) fief de la famille des Moncassin de Montlezun qui se sont illustrés sous les drapeaux du régiment de Picardie.   

 

Carte; Hypothèse d'affectation : Henri III.

 

 

   - i - Le Sénac, 32140 Bézues-Bajon :

 

     Le Sénac est situé sur la crête entre la vallée de l'Arrats et du Gers mais pas au sommet. Il est peu éloigné du château de Panassac (XI-XIIème) mais pas en vue de celui-ci. il ne pouvait donc pas lui servir de guet comme nous aurions pu nous y attendre. Ce fait se reproduit pour le site n°j va nous en apporter une explication.  

 

Carte; Hypothèse d'affectation : Edouard III.

 

 

   - j - Sénac, 32260 Labarthe :

 

     Ce site est central pour le comté et situé sur la crête séparant la vallée du Sousson de celle du Gers. Il est en vue du château de Puy-Loubrin (XIème) mais, ce qui est rédhibitoire pour un site de communication interne éventuellement envisagé, caché du château de Clermont-Pouyguillès (coutumes en 1262, château en 1265) . Le château de Labarthe (début XVIIIème) n'existait pas encore. Par contre, ce qui est très instructif pour notre recherche, c'est qu'un lieu-dit qui lui est accolé porte le nom de "Waterloo" de consonance très peu gasconne ! Waterloo sera plus tard le nom du campement belge choisi par le duc de Wellington en 1815 lors de la bataille éponyme. Voici ce qu'en dit Wikipédia au sujet de son éthymologie :

 

     XIIe siècle Waterlots, Waterloes, 1221 Watrelos. Le toponyme est d'origine néerlandaise. Le premier élément « water » signifie « eau », mais il doit être compris ici comme « humide ». Le deuxième élément « loo » signifie « forêt » ou « clairière dans une forêt » venant du latin lucus (forêt) ou lucuma (une clairière dans une forêt). Le hameau d'origine était situé dans une clairière marécageuse dans la Forêt de Soignes.

 

     Dans notre cas il s'agit du bois de Labarthe qui existe encore. Les routiers provenaient en partie des régions surpeuplées du nord : Brabant, Flandre et Hainaut (La guerre au Moyen Âge 1999 - Philippe Contamine - page 398). Voici également ce qui est écrit dans Wikipédia au sujet des Grandes Compagnies au XIVéme siècle :

 

      Elles se recrutaient parmi des étrangers de toutes nationalités et surtout des Germaniques que le roi Édouard III d'Angleterre avait licenciés après le traité de Brétigny, en 1360.

    Le 24 octobre 1360, Édouard III charge ... Amauri de Fossat et Hélie de Pommiers de faire évacuer les forteresses ... du Périgord, du Quercy et de l'Agenais.

      Le connétable Bertrand Du Guesclin fut employé à emmener ces compagnies en Espagne pour débarrasser le royaume de France ; elles y soutinrent contre Pierre le Cruel la cause de Henri de Trastamare, son demi-frère.

 

     Suite à cette démobilisation les routiers ont saccagé Trie-sur-Baïse quatre fois (Histoire de la Gascogne T.3 p.375). Ces mêmes compagnies, après la défaite de Du Guesclin à la bataille de Nájera (1367), revinrent en Gascogne où on les retrouve en 1370 sous les ordres de Hue de Caurellée en Armagnac et Albret avec les routiers suivants : Robert Briquet, Gaillard de Lamothe, Nodon de Bragerac et les bâtards de Camus et de Lesparre (id. T.3 p.416) et vers 1376 dans la région de Toulouse avec le bâtard d'Armagnac (id. T.3 p.451).

 

     Ceci démontre que, même si certains Sénac sont antérieurs à 1300 comme démontré au n°-3, d'autres sont postérieurs à 1360 et apportés par les bandes de routiers gascons comme démontré au n°7 du Rouergue

 

Carte; Hypothèse d'affectation : Edouard III.

 

 

   - k - Sénac, 32450 Sémézies-Cachan :

 

     Ce site est tout à fait cohérent avec un site surveillant la frontière matérialisée par la Gimone (ou un peu plus loin de façon à englober Saint-Elix-d'Astarac) tout en restant en contact visuel avec le château de Lartigue au nord et Villefranche au sud. Il assurait en même temps la sécurité de l'abbaye du Faguet à l'ouest.

 

Carte; Hypothèse d'affectation : Henri III.

 

 

   - l - Sénac, 32450 Castelnau-Barbarens :

 

    Le site complète bien la surveillance à partir du château de Castelnau qui a une vue totale sur la vallée de l'Arrats, amont et aval, sur la vallée du Lamazon qui est dans l'axe mais pas pour la vallée du Saint-Germier qui est dans l'axe de Sénac. Le château de Castelnau est une des quatre châtellenies principales de l'Astarac garantissant sa frontière nord et, avec l'aide de Sénac, sa frontière est. 

 

Carte; Hypothèse d'affectation : Henri III.

 

 

   - m - Cénac, 32260 Ornézan :

 

     Ornézan est un castelnau qui a reçu sa coutume en 1322 et Orbessan est aussi un castelnau ayant reçu sa coutume en 1240. Ces deux fortifications sont le long du Gers et rendent complètement inutile la présence d'un site supplémentaire à l'entrée du ruisseau de la Téoulère. Il ne peut ici s'agir que d'un guet garantissant l'accès à un campement dans le bois d'Ornézan. Les routiers étaient en effet repoussés des villes fortifiées, mais celles-ci n'avaient pas les moyens de les empêcher de prendre leurs quartiers à proximité. 

 

Carte; Hypothèse d'affectation : Edouard III.

 

 

   - n - Le Sénac, 32300 Mirande :

 

     L'histoire de Mirande est très mouvementée et le Sénac est trop proche de la ville pour en constituer une défense. Mirande est créée en 1281 par Eustache de Beaumarchais, sénéchal de Toulouse, en paréage entre l'abbaye de Berdoues, le comte d'Astarac, Bernard IV, et le roi de France, Philippe III le Hardi. En 1297 Mirande devient capitale du comté d'Astarac. En 1338 Mirande est assiégée par les Anglais et secourue par Philippe VI. Vers 1400 la ville est attaquée en représailles par le comte d'Armagnac Bernard VII et le baron de Montesquiou (voir n°f-g). En 1435 les grandes compagnies sillonnent la campagne Mirandaise (p. 237). De tous ces événements, l'attaque anglaise de 1338 au tout début de la guerre de cent ans semble la plus probable à la création du site.

 

CarteHypothèse d'affectation : Edouard III.

 

 

   - o - Senac, 32300 Bars :

 

    Senac n'occupe pas une position défensive car en fond de vallée un peu au dessus de l'Osse. Bars, juste à coté, attesté en 1143, est une possession de l'abbaye prémontrée de la Case-Dieu où se trouvent les sépultures des comtes de Pardiac et d'Armagnac, donc de l'autre coté de la frontière éventuelle. Monclar-sur-Losse, Marseillan et Laas sont en Astarac et Tillac et Bars en Pardiac. Senac a peut être eu simplement un rôle de borne frontière.

 

Carte; Hypothèse d'affectation : Henri III.

 

 

   - p - Le Sénac, 32170 Bazuges :

 

     La position de guet est nettement marquée avec le sommet de la colline à 301m au dessus de la même vallée de l'Osse vue au site précédent. Le Sénac servait de guet à l'abbaye de Berdoues fondée par Bernard Ier d'Astarac en 1135.

 

    Pour l'Astarac de loin la région la plus typée avec sept sites de la même toponymie "Sénac ou Cénac", nous avons trouvé des sites frontaliers établis et voulus stratégiquement par une même personne (surement le comte) : les sites n°d, e, f, k, l, o et p. Il y a tout lieu de penser que cela a été voulu pendant la domination anglaise. La seule possibilité est entre 1254 quand Bernard III d'Astarac fait allégeance à Henri III et 1271 quand le même comte rend définitivement hommage à Philippe III le Hardi. Pour les sites n°i, j, m et n il semble bien que nous ayons des sites postérieurs dus à la circulation des grandes compagnies. Le site n°h peut être soit un relais stratégique soit un campement ; quant au site n°g, il est à affecter au comté de Comminges.

 

Carte; Hypothèse d'affectation : Henri III.

 

Comté de Pardiac

 

   - B - Le Moulin de Sauné, 32230 Monlezun :

 

    Le moulin de Sauné est implanté sur le ruisseau du Bouès au pied du château de Monlezun (ci-contre) dont il dépendait manifestement. Sur la motte naturelle de Monlezun restent les ruines imposantes du château médiéval dont on connaît peu l'histoire. Ce château est frontière entre le comté d'Astarac et le conté d'Armagnac. Il est situé sur le comté de Pardiac qui lui même faisait partie du comté d'Astarac.

 

     Le comté de Pardiac fut successivement gouverné par les Astarac de 1023 à 1265, par les Monlezun jusqu'en 1391 puis par les Armagnac. Le comté de Pardiac était englobé à l'intérieur de l'Aquitaine d'Aliénor. Il a été momentanément frontière Plantagenaise au moment du recul de Jean sans Terre puis ré-englobé dans les possessions d'Edouard III au traité de Brétigny en 1360 pendant la guerre de cent ans. Les alliances francaises ou anglaises dans la région à cette époque ont été très mouvantes et mal connues.

 

     Le coteau juste au dessus du moulin de Sauné a pu être une position de gué surveillant le château de Monlezun pour le compte, par exemple, de la bastide de Bassoues. La possession du château de Monlezun était capitale car situé à la frontière entre trois comtés voisins. Marciac tout proche était une bastide fondée en 1298 par les Monlezun alors alliés à Philippe le Bel.

 

      Une hypothèse bien plus hardie pourrait faire remonter le nom de Sauné à l'époque du franc saint FrisFrison (donc presque Saxon), ayant combattu les arabes d'Abd Al-Rahman installés à Mascaras après la défaite de Toulouse en 721. Cette hypothèse est plus probable qu'elle n’apparaît en premier abord si l'on tient compte du fait que Eudes d'Aquitaine a obtenu des renforts de la part de Charles Martel, renforts venus de Neustrie et de Bourgogne.

 

Carte; Hypothèse d'affectation : Mérovingiens