ETYMOLOGIE possible pour "SONAY" ou "SENAY"

 

 

En Français pour Sonay :

  1. La première étymologie qui vient à l'esprit est celle du verbe sonner avec tous ses dérivés son, sonnet, sonnerie, sonnette, sonneur, sonar etc... Sonner vient du latin sonare qui a le même sens qu'en français. Cette dernière constatation relativise l'importance que l'on pourrait donner au redoublement de la consonne puisque latin et français ont opté différemment. On retrouve le même radical latin en Anglais avec sound et resound, en Catalan sonar, en Espagnol soñar, en Esperanto sonorigi, sonori et soni, en Finois soida, en Italien sonare, en Portugais soar, en Wallon souner. Par contre en Allemand sonner se dit klingeln, laüten ou shlagen, en Anglais : ring, en Norvégien et Danois : lyd, en Suédois : ljud, en vieil Anglais : hringan. Le sonnet  au sens de poème du provençal sonet est inventé fin du XIIème siècle. 
  2.  Une seconde possibilité se rapporte au verbe sauner et ses dérivés saunier, saunage, saunaison. Sauner vient du latin salinare et salinae (salines). En vieux français le "l" latin est normalement présent comme dans saulnier (saunier). Saulnay désigne donc le plus souvent des lieux ou des noms patronymiques liés à la production du sel mais cela ne peut être pris pour règle et nous verrons qu'il y a eu des confusions entre Saulnay et Saunay dans nos noms de lieux.
  3. Le son est aussi l'enveloppe du grain des céréales et peut être pris dans le sens de rebut, déchet, résidu. 
  4. Son est également un pronom possessif
  5. Sonay, Sunay, Senay, Sena, Sunay, Sienna, Suna, Selinay, Sunna, Sounna, Séréna ont été utilisés comme prénoms féminin en France dans les années 1980 puis ont disparus. A l'origine, c'est un prénom turc féminin ou masculin.
  6. Il y a une autre possibilité à laquelle on ne pense pas tout de suite mais qui va se révéler très éclairant pour la suite, c'est le mot zone. Ce mot provient du grec ζώνη (zốnê) qui a donné zona en latin et qui signifie ceinture. Il n'est pas anodin que nous passions de la notion de ceinture évoquant plutôt des ouvrages défensifs à la notion de front(ière), autre partie du corps humain évoquant une volonté plus offensive. En bas latin, le mot est devenu sona car le z était peu utilisé en roman. Selon le dictionnaire Larousse Etymologique, en 1119 un moine normand ayant vécu sous Henri Ier Beauclerc Philippe de Thaon a utilisé ce mot (dans son poème "Cumpoz" versets 391 et 401). En 1923 le mot zonier désignait les habitants des zones de fortifications de Paris, ce qui a donné le sens moderne du mot zone. Il n'est pas étonnant que le sens de ce mot un peu trop savant à l'époque aie été peu compris et qu'il a été confondu en langue romane avec les dérivés du verbe sonner, ce qui est d'ailleurs le cas en créole antillais où zona veut dire sonner, résonner. Cette étymologie est plus en rapport avec ce que nous allons découvrir par la suite. Le mot frontière n'existe que depuis le XIIIème siècle et n'a pris son sens moderne qu'au XVIème. On utilisait autrefois le mot limitacion ou fins du latin fines. Le nom des villes frontières surtout dans l'ouest était dérivé du celte : Ingrande.  A voir... l'étymologie ne sera jamais une science exacte ! Le meilleur exemple concernant la cohabitation des deux vocables se trouve à la frontière entre la Lorraine et le Luxembourg : voir Lorraine n°e. Voir également Savoie n°b comme quoi Sounière était synonyme de frontière entre France et Italie.

En Français pour Senay :

  1. Sener en vénerie veut dire châtrer notamment concernant le porc. Autrefois le sens était plus large et signifiait couper c'est ainsi que Bois Sené que nous allons rencontrer notamment en Poitou désigne une coupe de bois, un abatis.

 

      Voici dans l'ordre alphabétique, une liste non exhaustive d'autres mots moins habituels provenant d'autres langues qui pourraient éclairer l'étymologie de Sonay ou Senay. Par une croix sont signalés les termes rencontrés lors de notre recherche notamment toponymique :

 

Intérêt Mot Langue Signification en français
 

Cène

Français moyen

Repas
X

Cenglé

Français moyen

Fortifié
 

Cener

Français moyen

Dîner, souper (du latin cenare)
 

Cener

Français moyen

Faire signe de venir
 

Cenier

Français moyen

Moine ordonnançant les repas
 

Cesne

Normand

Patronyme normand (le Cesne)
 

Cesne

Français moyen

Filet de pêche

X

Saisnes

Français moyen

Saxon
 

Saner

Français moyen

Soigner, guérir, châtrer

Sanitas

Latin

Santé
 

Sanne

Normand

Table pour faire des mottes de beurre, beurre
 

Sanne

Français moyen

Médicament
 

Sannr

Vieux norrois

Vrai
 

Sanus

Latin

Sain, en bonne santé
 

Saon

Français moyen

Suspicion, récusation
 

Saon

Breton

Vallon, gorge ou savon
X

Saône

Vieux Lorrain

Assemblée ecclésiale des bans vosgiens 
 

Saône

Français

Affluent du Rhône
 

Saona

Malgache

Deuil
 

Saona isla

Dominicain

Île de la république Dominicaine
 

Sanay

Birman

Roi de birmanie (1673-1714)
 

Sanay

Philippin tagalog

Procédé, pratique, expérience
 

Sanayi

Turc

Industrie
X

Saulnier(e)

Français

Ouvrier(e) des marais salants
X

Saulnière

Français

Endroit planté de saules (Saussaie)
 

Saune

Gallo-roman

Blette (le légume)
X

Saunée

Berrichon

Piège à alouette - chasse aux alouettes
 

Sauneor

Gallo-roman

Saunier
X

Sauner

Français moyen

Produire du sel
X

Saunerie

Français

Lieu ou les sauniers produisent du sel
 

Saunitae

Latin

Samnites, peuple de l'Italie centrale
 

Saunium

Latin

Rivière de la Tarraconaise
 

Saussey

Français

Lieux plantés de saules
 

Saxones

Latin

Saxons
 

Saxum

Latin

Rocher
 

Seine

Français moyen

Filet de pêche
 

Sen

Français moyen

Bon sens, action sensée
 

Sen

Suédois

Tard, lent, reculé
 

Sen

Tchèque

Rêve, songe, illusion
 

Sén

Provençal

Cinq
 

Senatus

Latin

Sénat
 

Sené

Français moyen

Sensé, sage, instruit
 

Sené

Français moyen

Assemblée, sénat
 X

Sené, senet, séné

Français moyen

Purgatif fait avec du séné
 

Sené

Provençal

Semer
 

Senecio

Latin

Vieillard, Séneçon
 

Senecta

Latin

Vieillesse
 

Sener

Français moyen

Faire signe de venir
 

Sener, senner, senez

Français moyen

Soigner (variantes de saner, sanare)

 X

Sener

Patois Poitou et Maine

Châtrer
 

Sénes

Gaulois

Druidesses à l'origine de l'île de Sein (?)
 

Senna

Latin

Séné
 

Senne

Gallo-roman

Excuse, cause, motif
 

Senne

Français moyen

Synode, assemblée, réunion
 

Senô

Gaulois

Vieux

Senones

Latin

Sénonais (de Sens ou peuple Senon)
 

Senos

Gaulois

Vieux
 

Seni

Latin

Six chacun
 

Sensa

Latin

Sentiment
 

Sensim

Latin

Insensiblement
 

Sententia

Latin

Jugement
 

Sentis

Latin

Buisson épineux
 

Sentina

Latin

Lieu sale et humide
 

Sentio, Sentire

Latin

Sentir
 

Sentus

Latin

Epineux, repoussant
X

Sequanes

Latin

Peuple celte. Voir cette étude du radical SEN
 

Séquana

Gaulois

Déesse, Seine et Saine
 

Sinn

Francique

Sens multiples (être, son, fois, nous, pensée...)
 

Sohn

Allemand

Fils
 

Soine, soigne, soingne

Gallo-roman

Excuse, cause, motif
 

Soign

Français moyen

Soin, se soucier de
 

Son

Anglais, frison

Fils
 

Son

Norvégien

Ancienne commune de Norvège proche de la Suède

X

Son, enson

Français moyen

Sommet, sur une hauteur

X

Sôna (n° 167)

Vieux francique

Patronyme francique répandu
 

Sonay

Turc

Prénom signifiant "croissant de la dernière lune"
 

Sonay

Azerbaïdjanais

Dernier soir de pleine lune d'été
 

Soñay

Péruvien

Ville de l'Aréquipa
 

Sonays

Gallo-roman du Centre

Sournois, hypocrite, malicieux
 

Sonder

Allemand

A l'exception de
X

Sone, Soner

Norvégien, frison

Zone, zones, ceinture
 

Sone

Anglais et hollandais moyen

Fils, bientôt
 

songhay

Malien

Langue de l'empire songhay
 

Songne, songnhe

Gallo-roman

Excuse, cause, motif
 

Söngr

Vieux norrois

Chanson
X

Sono, Sonare

Latin

Sonner
 

Soniare

Bas latin

Soigner
 

Sonipes

Latin

Cheval (aux pieds bruyants)
 

Sonitus

Latin

Son, bruit, fracas
 

Sonne

Allemand

Soleil
 

Sonne, sone, solne

Gallo-roman

Excuse, cause, motif
 

Sonne

Gallo-roman

Repas de funérailles
 

Sonnet

Français moyen

Petit bruit, Pet
X

Sonnet

Français

Patronyme de l'Orne
X

Sonnette

Français

Toponyme de petits cours d'eau
 

Sōþ (sooth)

Anglo saxon

Vrai, vérité
 

Sonr

Vieux norrois

Fils
 

Sons

Latin

Nuisible, coupable
X

Sonus

Latin

Son (bruit)
X

Sorner

Français moyen

Railler, se moquer, plaisanter
 

Sornette

Français moyen

Surnom
 

Souanoux

Patois angevin

Pluvieux
 

Sounaye

Patois provencal

Clochettes pour la messe
 

Soucouna, Sauc onna

Gaulois

Saône
 

Souner

Anglo-normand Sonner
 

Sun

Anglais

Soleil
 

Sun

Français moyen

Jugement, discernement, subtilité (forme de sen)
  Sun Breton Jus, succion
  Sun Tchèque Glissement
 

Sunak

Turc

Autel
 

Sunay, sounna

Chinois

Instrument dérivé du sorna perse
 

Sunde

Allemand

Péché
 

Suner

Français moyen

Sonner
  Sùnn

Vieux francique

Soleil
  Sunn, Sunna

Alsacien

Soleil
 

Sunna

Wisigoth

Evèque arien (582 - 587)
 

Sunna, Sounna

Arabe

Loi divine, tradition
 

Sunne

Suédois

Commune suédoise du Värmland
 

Sunnjon

Francique

S'occuper de
  Sunu Vieil anglais, hollandais et frison Fils

 

     Pour les croix en première colonne, voir la liste des toponymes rencontrés différents de la notion de guet ou de poste frontière.

 

     Suite à l'éclairage apporté dans la partie hypothèse, il semble bien que le sens originel soit celui de Sone, au pluriel Soner dans son sens Norvégien et frison de zone, ceinture. Il est certain qu'au cours du temps les angevins plantagenets avaient totalement perdu ces références nordiques et que, pour eux, le mot de sonne était plus rattaché à un statut de "guetteur" "sonnant" l'alerte plutôt qu'à celui de "gardien" des compagnons de Saxnot ! Le nom de la ville de Son en Norvège se prononce avec un o long proche de u ce qui explique surement les formes en Sun et Sen ainsi que les différentes variations régionales rencontrées par la suite. Le mot saisnes : saxons, en français moyen, a pu également influencer les radicaux en SEN qui sont plus courantes en latin que les radicaux en SON. Il est fortement probable que cette ambiguïté entre le O et le E provienne à l'origine d'une diphtongue Œ ou même Ø comme dans "œuf" utilisée couramment pour les langues nordiques qui devait encore être utilisée au XIIIème siècle. D'autre part, nous avons vu également qu'à l'occasion d'une faute d'orthographe le suffixe dérivationnel "ay" devait être prononcé "ail" du moins en Poitou (document L-1252).  

     Pour ce qui concerne les diphtongues anciennes, on peut consulter l'article de Paul Verrier paru dans le Romania de 1936 p.289 à 301. On trouve dans cet article :

 

 

 

     Ceci pourrait expliquer les quelques diphtongues "AO" trouvées en Français se prononçant [ɑ̃] (an nasal) dans faon, paon, Laon, Saon, SaonnetSaint-Haon, Thaon-les-Vosges ou peut être même [o] dans Saône, SaosnesSaosnoisSaonay, ou même prononcée totalement dans Raoul, provenant probablement du vieux norrois ou tout du moins de dialectes allemands. La diphtongue peut être inversée en "OA" (voir Lyonnais n°1 et 2)

 

Château de Sayūn - Saône

 

     A ce stade, Nous ne pouvons passer sous silence comment un château de la principauté d'Antioche appelé Sahyūn en arabe est devenu château de Saône après sa conquête par les croisés Francs puis Qal‘at Salā­ al-Dīn  soit  citadelle de Saladin après sa reprise par les ayyūbides.

 

     Un article fort bien documenté de Benjamin Michaudel de l'Université Paris-Sorbonne et de l'Institut Français du Proche-Orient de 2022 étudie les sources antiques possibles du mot arabe Sahyūn. Il est vrai que la prononciation est proche de Saône en français mais le fait que cette nouvelle désignation du lieu ait été donnée par son nouveau seigneur Robert dit le Lépreux fils de Foulques ne peux que nous interpeller concernant notre étude ! Robert devient seigneur de Saône entre 1108 et 1115.

 

     Le château de Saône est à l'époque byzantine une forteresse mineure dépendant du château principal de Bourzey. Il est sur la frontière sud de la principauté d'Antioche. Son emplacement est sur un site défensif idéal et son nouveau seigneur est fils de Foulques. Le premier Foulques qui vient à l'esprit est Foulques V mais celui-ci n'arrive à Acre qu'en 1129 après un premier pèlerinage à Jérusalem en 1120. Ce fils de Foulques, Robert le Lépreux, est certainement un proche du normand Tancrède de Hauteville régent d'Antioche et peut-être issu de la maison d'Anjou vu le prénom de son père. Pas étonnant dès lors qu'il ait assimilé Sahyun à un nom bien de chez lui à l'instar des Saonnet de Normandie ou des Saosnes du Maine pour désigner une forteresse en position frontalière.

 

     Un autre site malheureusement mal fouillé pose beaucoup de questions, il s'agit du Montsaon près de l'aéroport de Chaumont. Se reporter au n°h de la Champagne. Voir aussi Saoune en Gascogne n°E.

 

     Nous verrons également et notamment aux n°2 de l'Anjou et n° 4 et 5 du Vendômois, n°K de Normandien°6 de Bretagne et n°7 de Savoie que le verbe "sonner" pouvait signifier "délimiter-borner" en français moyen, ce qui est un des apports de notre étude toponymique.

 

      De même, par assimilation, un torrent, une combe, un ruisseau ou une rivière qui sert de frontière peut prendre le nom de Sone, Son ou Sonnette en référence à son utilité. Les cas sont assez nombreux et disséminés sur l'ensemble du territoire. L'Etymologie officielle invoque le bruit généré par l'écoulement de l'eau. Si cela peut se comprendre d'un torrent, c'est plus difficile à comprendre pour un cours d'eau tranquille.

 

     Angoumois n°10 "le Son-Sonnette"; Auvergne n°1 "la Saunade" et 4 "la Senouire" et "le ruisseau de Laussonne" ; Bourbonnais n°5 "la Sonnante"; Bourgogne n°i "la Sonnette" ; Dauphiné n°B "le Sonnet" ; Franche Comté n°e "la Sonnette" et "le Solnan" et 2 "la Sâne vive" et "la Sâne morte" ; Languedoc n°a et b "la Saune" ; Lorraine n°o "la Saônelle" ; Lyonnais n°1 et 2 "le Soanan" ; Normandie n°r "la Sennevière" ; Poitou n°a "la Sonnette" et o "le Jaunay" ; Provence n°6 "la Sène" ; Quercy n°i "la Séoune".

 

      Le meilleur exemple est celui de la Saône. En dépit de l'étymologie officielle faisant provenir Saône de Souconna, c'est peut être le mot sona qui, déformé, lui a donné son nom (voir à ce sujet l'historique des noms portés par cette rivière en Bourgogne n°t). En effet, le traité de Verdun en 843 a, pour longtemps, fixé les frontières du royaume de Charles le Chauve le long des quatre cours d'eau : Rhône, Saône, Meuse et Escaut. De même, il est logique, non plus à l'est mais à l'ouest, et toujours sur les frontières définies par les traités de Verdun et de Meerssen, de retrouver des noms de villes comme Saon et Saonnet sur la frontière bretonne de la Francie de l'époque. La multiplicité des sites situés le long des frontières ainsi définies (voir les cartes aux pages Verdun et Meerssen) est le meilleur témoignage de la solidité de cette approche. Ceci est renforcé également par l'attachement de Charles le Chauve à la culture saxonne.

 

 

 

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