Vie et miracles de saint Louis



 

 

Date approximative : 1303

Auteur : Guillaume de Saint Pathus, confesseur de la reine Marguerite de Provence.

Edition utilisée : « Vie de saint Louis de Guillaume de Saint Pathus » Henri François Delaborde 1899.

Fiche Arlima ou CartulR : Arlima

 

     Dans sa préface, Henri Delaborde explique de quelle façon on peut être quasiment certains que le confesseur de la reine Marguerite de Provence, femme de Saint Louis était le franciscain Guillaume de Saint-Pathus du nom de la commune de Seine et Marne (77178) du canton de Dammartin en Goëlle. Son nom avait été gratté et biffé sur les manuscrits originaux pour on ne sait quelle raison. Guillaume a été confesseur de Marguerite de 1277 à 1295 puis confesseur de sa fille Blanche princesse de Castille de 1296 à 1314 ou 1316.

 

     Le manuscrit a été commandé par Blanche à partir des dépositions des témoins lors de la seconde enquète pour la cannonisation de Louis IX. La datation de la rédaction du livre se fait à partir du pontificat de Boniface VIII soit fin 1302-1303.

 

     La rédaction originelle était en latin mais tous les manuscrits qui nous sont parvenus sont en français :

  • Bibliothèque Nationale 4976 fin XIVème

  • Bibliothèque Nationale 5716 avant 1373

  • Bibliothèque Nationale 5722 mi XIVème

  • Berlin Staatsbibliothek und Preussischer Kulturbesitz, Hamilton 412 fin XIV début XVème

La première édition date de 1741 puis en 1761 après Joinville par Capperonnier et en 1899 par François Delaborde 

 

Oa - Les passages de Saint Pathus relatant les faits concernant la septième croisade sont rares et ne citent pas les Templiers mais donnent quelques détails sur le comportement du roi page 23 :

 

Et adonques les noz descendirent des nes et pristrent une cité renommée qui jadis estoit apeler Memphyos, or est apelée Damiete. Mes après un pou de tens, par le jugement de Nostre Seigneur droiturier et secré, l’ost qui fu feru de mainte maniere de maladie et de mout de manieres de mort des greigneurs, des moiens et des meudres, en furent tant morz que de XXXII mile persones par nombre, l’ost vint a VI mile. Et adonques li Peres de misericorde, qui se volst mostrer en son saint merveilleus, bailla le benoiet roy saint Loys en la main des felons Sarrazins. Et com il fussent pris des Sarrazins, il et ses II freres et mout de barons et grant pueple, - car li tierz frere estoit ocis, c’est a savoir mon seigneur Robert [conte d’Artois] pour la foi de Jhesu Crist essaucie, - et tretié fust fet as Sarrazins de la delivrance du benoiet saint Loys et des prisonniers qui estoient avec lui et les convenances fussent ordenées entre les parties par acort.

Les nôtres descendirent alors des navires et prirent une cité célèbre qui s’appelait jadis Menphis et maintenant Damiette. Mais peu de temps après, suite à un jugement de Notre Seigneur juste et secret, l’armée fut frappée de plein de sortes de maladies et les seigneurs, grands ou moins importants, de toutes sortes de décès ; il mourut bien 32 000 personnes, l’armée se réduisant à 6 000. Notre Père miséricordieux, dans sa merveilleuse sainteté, livra le bienheureux roi saint Louis aux mains des Sarrasins. Alors qu’ils étaient prisonniers des Sarrasins, lui, ses deux frères, de nombreux barons et beaucoup d’autres personnes, - car son troisième frère monseigneur Robert (comte d’Artois) était décédé en accomplissement de sa foi en Jésus Christ, - un traité fut signé avec les sarrasins garantissant la délivrance du bienheureux roi saint Louis et ceux qui étaient prisonniers avec lui et les modalités furent fixées par accord entre les parties.


 

Ob - Page 110

 

Et el tens de son premier passage, com il et les siens fussent en Egypte ainçois que il eussent esté pris et alassent vers la Maçoure, por ce que un bras d’un flueve empeechoit l’ost a passer, li legaz devant diz otroia pardon a chascun un an qui aideroient a emplir le chanel du braz de la dite yaue ; la quele chose fu fete. Et donques li benoiez rois meemes portoit eu giron de sa chape la terre a cel lieu.

Du temps de sa première croisade, alors qu’il était en Egypte avec les siens et qu’ils se dirigeaient vers la Massoure où ils furent capturés, un bras du fleuve empêcha l’armée de progresser, le dit légat octroya alors un pardon d’un an à tous ceux qui aideraient à combler le canal ; ce qui fut fait. Notre bienheureux roi porta alors lui-même la terre à cet endroit au creux de son propre vêtement.


 

Oc - Page 112

La premiere foiz que il passa la mer, comme il et les siens fussent descenduz en Damiete, tout l’ost ala ostoiant jusques a la Massore. Et com il fussent la et ne peussent aller outre, il retournerent, et el retour que il firent, les Sarrazins vindrent seur eus a grant ost, car touz ceus a bien pou de nostre ost estoient malades griement, et furent desconfiz et priz ilecques des Sarrazins. Et comme li [benoiez] rois et ses freres, c’est a savoir mon seigneur Alfons et mon seigneur Challes fussent pris et mon seigneur Robert, son frere, mort, il ne demora avecques le saint roy nul de sa mesniee fors un qui avoit nom Ysembart, tout soit ce que aucuns y venissent après qui toutevoies ne pooient servir, car il estoient touz malades.


Lors de sa première traversée maritime, alors qu’il était descendu à Damiette avec les siens, toute l’armée se dirigea en combattant vers la Massoure. Alors qu’ils étaient arrivés mais ne pouvaient plus avancer, ils retournèrent, et lors du retour, les Sarrasins les attaquèrent en nombre, presque tous ceux de notre armée étant gravement malades, ils furent battus et faits prisonniers des Sarrasins. Notre bienheureux roi et ses frères, à savoir monseigneur Alphonse et monseigneur Charles furent capturés alors que monseigneur Robert leur frère était  décédé. Plus personne de sa maison ne restait près du saint roi sauf un dénommé Ysembart, mis à part ceux qui vinrent ensuite mais qui ne purent le sevir, car ils étaient tous malades.