L10 - Lettre d’un Templier et/ou d’un Hospitalier - 1250 


                      

Date : 1250

Auteur : Matthieu Paris parle d'un Templier mais, d'après le contenu, il s'agit d'un hospitalier anglais anonyme.

Edition utilisée :  « Matthaei Parisiensis, monachi santi Albani, Chronica Majora, Rerum Britannicarum medii aevi scriptores, vol VI, addimenta » éditée par Henry Richards Luard page 191 n° 95.

Edition traduction :  Personnelle

Fiche Arlima ou CartulR :  Arlima

 

 

 

Eventus infortunii transmarini secundum

Templariorum mandatum.

 

Felices eventus, qui nuper domino regi Franciae successerunt de hostibus fidei Christianae, dilectioni vestrae declarare cupientes, significamus quod post adquisitionem terrae et civitatis Damiatae dominus rex per totam aestatem in castris moram faciens. Nili inundatione clapsa, consilio prudentum experientiam regionis habentium, vicesimo secundo mensis Novembris castra movit cum exercitu suo et stolio magno navium victualia sursum per flumen deferentium. Versus Babiloniam procedentes citra flumen quod versus Staneos labitur castra fixit, profundum non valens fluminis pertransire, ad obturandum alveum fluminis quod erat ex magno Nili fluvio derivatum, et construendum pontes pes quos posset habere aditus ad hostes ; efficaciter operari continuo faciens, quia hostes Sarraceni in opposita parte fluminis collecti, erectis fundibulis et machinis pluribus opus destruere et prohibere conabantur, non modi temporis ibidem operam amisit et labores. Mutato igitur consilio ac proposito, dominus rex cum fratribus suis Atrabatensi, Pictavensi et Andegavensi comitibus, Hospitalariis, Templariis, et aliis pluribus baronibus militibus secum assumptis, per locum sibi a quondam Sarraceno revelatum, relicta nostris et Hospitali Theutonicorum, duci Burgundiae et comiti Britanniae se aliis custodia castrorum, octavo die mensis Febrarii media nocte aquam fluminis pertransivit. Inde juxta deliberationem praehabitam ad castrum Babiloniae plane procedens, ipsa castra cum maxima strage perfidorum adhuc in lectis jacentium occupavit. Porro dominus comes Atrabatensis cum Templariis, baronibus, et militibus pluribus, inter quos erat Willelmus Longa Spata, quasi praepollens probitate et animositate, licet dictus comes de convitiis et praesumptione ab ipsis, qui in bellicis negotiis sensus haberent exercitatos, civiliter satis corriperetur, et per festinum nuntium a rege destinatum instanter revicaretur, tamen major sibi se, versus casale quod Mansora dicitur currentes obviam habuerunt ibi omnem paganorum fortitudinem, cum quibus valido conflictu armorum praeliantes per totam diem laborarunt. Tandem praevalente hostium fortitudine, adeo oppressi et afflicti fuerunt graviter, quod in illo bello comite elapso plures ex baronibus ac militibus et Templariis miserabiliter ceciderunt, immo fere omnes. Willelmus quoque Longa Spata, qui in ille certamine nomen aeternae benedictionis sibi adquisivit, cum suis migravit ab hoc mundo, praemia martirii in caelis adepturus. Ipse etiam rex interim in castris optentis subsistens cum suis crudeles impetus et laesiones non modicas ipsa die [sustulit], quia elevatum est cor Soldani et sui alacres ex successibus suis victoria audaciores effecti sunt.

Des évènements malheureux provenant

de récits Templiers.

 

Après les évènements heureux contre les ennemis de la foi Chrétienne qui sont advenus à notre seigneur le roi de France nous voulons relater à nos chers frères ce qui est arrivé au seigneur roi suite à la conquête de la ville de Damiette et de ses terres après que son armée ait été retardée tout l'été. La période des inondations passée et après avoir pris de sages conseils auprès de ceux qui connaissaient la région, l'armée se mit en marche le 22 novembre, appuyée par la flotte portant les vivres et remontant le fleuve. Se dirigeant le long du fleuve vers Babylone, le camp fut installé près de la rivière qui coule vers Staneos, un fleuve profond dérivé du grand Nil qui les empêchait de passer sans jeter des ponts pour rejoindre l'ennemi ; Ils se mirent aussitôt efficacement à ce travail d'autant plus que les ennemis Sarrasins se massaient sur l'autre rive et élevaient balistes et autres machines pour tenter de les empêcher de réaliser une telle œuvre. Le seigneur roi, ses frères les comtes d'Artois, de Poitou et d'Anjou, les Hospitaliers, Templiers et plusieurs autres barons tinrent alors conseil et décidèrent de traverser le fleuve ce 8 février à minuit en un lieu indiqué par un certain Sarrasin en laissant une partie des nôtres, les Hospitaliers Teutoniques, le duc de Bourgogne et le comte de Bretagne et quelques autres pour garder le camp. Après délibération préalable ils s'avancèrent vers le château de Babylone et firent un carnage complet dans le camp des perfides qu'ils surprirent dans leur lits. Ensuite, des Templiers, des barons et plusieurs soldats parmi lesquels se trouvait Guillaume Longue-Epée dont la probité et le courage sont bien connus dirent très poliment au seigneur comte d'Artois qu'il abusait d'eux, qu'ils étaient au fait des choses de la guerre, et lui rappelèrent les ordres express du roi, que même s'il se croyait plus fort, il y avait dans le village qu'ils voulait attaquer s'appelant Mansoura, toute les forces païennes valides alors qu'eux avaient travaillé toute la journée. Malgré la force supérieure des ennemis, ils furent totalement assaillis et submergés de sorte que, les combats terminés, plusieurs barons et presque tous les  soldats et les Templiers décédèrent misérablement. C'est ainsi que Guillaume Longue-Epée acquit lui aussi dans ce combat la bénédiction éternelle et, en quittant ce monde, acquit au ciel la récompense du martyr. Pendant ce temps, le roi lui même combattit pour sa subsistance dans de cruels combats avec des blessures sérieuses reçues ce jour là, ce qui réjouit le Sultan et ce succès le rendit encore plus audacieux.