POITOU

Comté du Poitou

 

 

     Le Poitou est également une grande région pour notre étude avec 11 occurrences. Auxquelles nous ajouterons un complément de 31 sites.

 

        Les couleurs correspondent aux départements actuels. En rouge les comtés ou duchés voisins.


 

     Quelques dates concernant le comté de Poitou :

 

 

     - A - Bois-Sené 86300 Bonnes :

 

Château de Touffou
Château de Touffou

   Au bord du coteau dominant la rive droite de la Vienne en face du village de Bonnes attesté en 1173. Deux châteaux sont proches, celui de Loubressay du XVIIIème qui occupe une position identique au Bois Sené un peu plus au nord et celui de Touffou (ci-contre) sur la rive opposée appartenant à la famille Oger attesté à partir de 1127. Très proche de Bois Sené, en haut de la combe appelée la vallée de la Bonnetalière qui descend du bord du plateau jusqu'à la Vienne, se trouve une tour que l'on pense du XIIème traditionnellement reliée au fief de Loubressay appelée la Tour d'Ardenne qui ressemble à l'idée que l'on peut se faire d'une tour de guet se nommant Sonay ou Sené.

 

Tour d'Ardenne
Tour d'Ardenne

      Du haut de la tour d'Ardenne et du Bois Sené, il est possible de faire des signaux visibles du château de Touffou de l'autre coté de la Vienne.

 

 

     Une étude de Jacques Duguet nous montre que le plus ancien propriétaire connu de Touffou était Amenon de la Roche mort en 1267, père de Guy Oger dit Guy Ier de Montléon, et marié à Lucia de Preuilly, fille de Jourdain de Preuilly et d'Alice de Montléon (sœur d'un Templier, Guillaume de Montléon). On voit ainsi les liens étroits entre les premiers seigneurs de Touffou et les Preuilly que nous avons étudié en Touraine. Le lien est étroit également avec l'ordre du Temple. De plus, le nom Oger est d'origine germanique issu de l'Anjou ou de la Bretagne.

 

Carte; Hypothèse d'affectation : Foulque V.

 

 

    - B - Bois-Sené 86800 Lavoux :

 

     A nouveau un lieu-dit Bois Sené avec peu d'information disponibles. Le site est situé dans une légère vallée entre Lavoux et Bignoux non loin du château du Bois Dousset qui ne semble pas exister avant le XIVème siècle. De l'autre coté de Bignoux, le site de Château-Fromage, semble remonter au temps de l'invasion Arabe vers 732. Les lieu-dits les Martins et Lavoux-Martin rappellent le grand saint. Mais Bois Sené est peut être simplement une clairière ou bois coupé comme pour le site Bois Sené étudié en Anjou n°5 (il y a quatre Bois Sené dans le département de la Vienne).

 

Hypothèse d'affectation : Autres toponymes

 

 

     - C - Bois-Sené 86800 Saint-Julien-L'Ars :

 

    Comme pour le site précédent.

 

Hypothèse d'affectation : Autres toponymes

 

 

     - D - L'Encoin-Sonné 86250 Surin :

 

      L'Encoin-Sonné est sur la frontière entre le Poitou et l'Angoumois. Sur la commune de Surin, le lieu est proche du château de Cibioux. Cibioux est un château du XVème construit sur les vestiges d'une place forte du XIème mais attestée dès le VIIIème siècle lors de la donation de Roger comte de Limoges (778) à l'abbaye de Charroux. Le fait que le lieu ait été dans les possessions nord du comte de Limoges mais qu'il soit au sud de la forteresse à laquelle il devait rapporter peut faire penser que Cibioux fut une étape fortifiée lors de la conquête de l'Aquitaine par les Francs de Clovis et plus exactement par son fils Thierry, dont faisaient partie les ancêtres de Roger de Limoges. Toujours est-il que l'Encoin-Sonné est le point géographique où se rejoignaient les royaumes d'Orléans au nord, de Soissons à l'ouest et de Reims à l'est lors du partage entre les fils de Clovis en 511. Ceci qui pourrait d'ailleurs expliquer le terme "d'Encoin" qui signifierait " coin du royaume borné par une tour de guet ".

 

Carte; Hypothèse d'affectation : Clovis

 

 

     - E - Le Puits-de-Senné 86510 Champagné-le-Sec :

 

     Le site se situe à un point de repère car il est à la limite de trois communes : Champagné le Sec, Chaunay et Blanzay. Chaunay, qui était sur une voie romaine, fut chef lieu de viguerie en 587, présence humaine au néolithique (camp des Prés de Casseron) et église Saint Pierre construite sur des bases mérovingiennes. Champagné-le-Sec est le lieu de naissance de Saint Junien, ermite, ami de Sainte Radegonde mort vers 587. Un lieu dit Forges est proche. Le château d'Epanvilliers est également proche mais ne présente pas de traces anciennes. Les trois communes relevaient de la châtellenie de Civray place forte des comtes de la Marche qui furent en guerre avec le comte de Poitou en 990 avec la mort du comte Aldebert Ier lors du siège de Gençay en 997. En somme, rien de très probant vis à vis de notre étude pour ce lieu de passage depuis les temps mérovingiens. Nous l'affecterons cependant à la frontière de la Marche et du Poitou avant 989, alors que Charroux était la capitale de la Marche et venait d'accueillir le concile de "la paix de Dieu".

 

Carte; Hypothèse d'affectation : Foulque III.

 

 

     - F - Puy-de-Sonnay 86190 Chalandray :

 

      On note dans le dictionnaire de la Vienne de Rédet : « Le Peux, ferme, commune de Chalandray.- Hostel du Puis de Sonnay, assis en la paroisse de Cramart, 1489 (seigneur du Puy de Sonnay).- Le Puy de Saunay, vers 1530 (Inventaire des archives de la Barre, tome 1 page 117). – Ancien fief relevant de Rouilly (qui dépendait lui-même de Parthenay. Rédet. p 367).

 

     Chalandray est à la limite Ouest entre les départements de la Vienne et des Deux Sèvres, proche de Parthenay (19 km à l’Est); mais surtout à la frontière nord du Poitou avec l'Anjou. Cramard, à 2 km au Sud Est de Chalandray est une ancienne commune réunie à Chalandray en 1819. Sur le plan temporel, elle dépendait, via la châtellenie de la Ferrière, de la baronnie de Parthenay (Rédet p 143).

 

      Au passage, la châtellenie de La Ferrière, dans les Deux Sèvres, comporte un fief de dénomination proche : SAURAIS à 9 km à l’Est de Parthenay dont il sera question au n°K, avec aussi, comme son nom l'indique, la présence de forges.

 

     Le seigneur du lieu portait le titre de seigneur de Puy de Sonnay ce qui le distinguait éventuellement d’autres seigneurs appelés Sonnay dans le voisinage. A noter qu'entre Puy de Sonnay et la motte de Saunay ( Anjou n°4 ), il n'y a que 38 Km.

 

     Manifestement, le site regarde vers le Poitou malgré son rattachement théorique au fief de Parthenay. En fait, à l'origine, le Puy de Sonnay devait être un point avancé de la frontière sud de l'Anjou après l'annexion du Mirebalais tel qu'étudié au n°4 de l'Anjou. Puy de Sonay devait rapporter au donjon de Cherves à 7 Km qui, lui même rapportait à Mirebeau (16 Km). Ce fief a peut être été donné à Parthenay par Geoffroy II Martel pour obtenir le ralliement de Parthenay contre le comte de Poitou Guillaume VI. Voir à cet effet l'histoire des premiers seigneurs de Parthenay.

 

     Voici ce qu'écrit Jacques Duguet dans "familles et châteaux du comté de Poitiers du XIème au XIIIème siècle" p 21 :

           Le premier Parthenay connu est un Josselin. La chronique appelée "Conventio" le présente comme décédé vers 1010. En effet, elle signale qu'alors le comte de Poitiers Guillaume le Grand s'est entendu avec le comte d'Anjou Fouque (Nerra) pour proposer à Hugues IV de Lusignan " la veuve et l'honneur de Josselin de Parthenay ". Parthenay était donc tenu par Josselin Ier du comte d'Anjou qui tenait la place du comte de Poitiers. Cette politique de Guillaume le Grand est connue : il fait surveiller ses soldats par les comtes d'Anjou et d'Angoulème en qui il a confiance. C'est tout ce qu'on peut savoir du personnage de Josselin Ier de Parthenay. Quant à son origine, elle est aussi énigmatique que celles d'autres soldats. On a supposé que c'est un Angevin installé par Fouque d'Anjou. Or à Gençay, c'est un Limousin, Aimeri II de Rancon, qui tient le château du même Fouque qui le tient du comte de Poitiers.

 

     En effet, Parthenay a été l'allié inconditionnel de l'Anjou entre 1034 et 1093 puis entre 1103 et 1122. Tout cela explique l'adoption des habitudes castellologiques angevines par les Parthenay l'Archevêque comme nous le verrons au n°g ci-après. Les seigneurs de Parthenay auraient alors fait appel aux Saunay de Prinçay (Anjou n°4) pour les aider contre le comte de Poitou, ce qui expliquerait l'installation de la famille Saunay autour de cette baronnie soit vers 1034 soit vers 1093. Puy de Sonnay aurait donc été à la frontière angevine de 970 à 1034 ou 1093 avant d'être cédé à la baronnie de Parthenay.

 

     Dans cette hypothèse, les différents Pierre de Sonnay rencontrés dans notre étude patronymique ne seraient pas forcément propriétaires du château de Sonnay à Cravant les coteaux comme le déclare Carré de Busserolle, mais plutôt habitant dans les environs de Loudun-Parthenay au service des Parthenay l'Archevêque. A noter que les documents où leurs noms apparaissent sont tous issus des archives de Parthenay ! Ils sont par contre très certainement liés sur le plan familial aux Sonnay de Cravant notamment compte tenu de leur relation avec l'abbaye de Bourgueil. Cette constatation permet d'émettre une hypothèse tout autre concernant les propriétaires du château de Sonnay à Cravant à cette époque  depuis le temps de Guillaume de Sonay jusqu'à nos jours : voir l'hypothèse Propriétaires du château de Sonnay. 

 

CarteHypothèse d'affectation : Geoffroy Ier

 

 

     - G - Sonay 79340 Vasles :

 

     Il n'y a pas à proprement parler de lieu appelé Sonay sur la commune de Vasles. Par contre, on rencontre dans les textes un Pierre de Sonay détenant des liens féodaux sur un hébergement dénommé Morin du Chilleau (voir étude patronymique XIII). L’hébergement de Morin du Chilleau est sis commune de Vasles (79340 24 km à l’Est de Parthenay). Originellement, il s’agit bien d’un fief tenu noblement (« Montcontour et ses seigneurs du XIe au XVIIIe siècle, étude féodale » 1882 de Édouard Henri de Fouchier pages 29, 31 et 32) par la famille de Sonay. Le lieu est proche des ruines gallo romaines de Sanxay. Le village de Vasles ainsi que le bois entourant le château du Chilleau appartenait à l’abbesse de Sainte Croix à Poitiers. La frontière de Parthenay était donc un peu plus à l'est et pouvait comporter ou pas un fief dénommé Sonay possédé par Pierre de Sonay. 

 

CarteHypothèse d'affectation : Henri III.

 

 

     - H - Le Senné 79400 Exireuil :

 

Château du Coudray-Salbart
Château du Coudray-Salbart

     Le Senné est proche de Vairé près d'Exireuil et de Saint-Maixent. La motte féodale de Vairé est attestée en 1040 mais ne présente pas de situation défensive particulière. Le Senné est un simple coteau au dessus d'un petit ruisseau. Il pourrait s'agir là aussi d'un coteau ayant été déboisé. Proche, le château d'Avançon sur la même hauteur ne semble pas remonter avant le XVI ème siècle.

 

      Ce lieu pouvait être proche de la frontière sud de Parthenay car on sait que l'influence de l'Anjou dans cette région est descendue jusqu'au nord de Niort avec la construction par les seigneurs de Parthenay (avant 1228) de la formidable forteresse du Coudray-Salbart (ci contre).

 

 

CarteHypothèse d'affectation : Henri III.

 

 

     - I - Le Terroir de Sonnay 79450 Saint-Aubin-le-Cloud :  

 

Logis du Theil
Logis du Theil

     On peut lire dans l'inventaire analytique des archives du château de La Barre :

 

"Etat des rentes dues à la chapelle de Saint-Laurens : 9 sextiers de seigle, mesure de Partenay, sur le terroir de Sonnay près des Bordes, paroisse de Saint- Aulbin, le sextier estimé de 8 à 10 sous ;"

 

     Et sur le dictionnaire topographique des Deux Sèvres : " SONNAY (Terroir de), près des Bordes, commune de Saint-Aubin-le-Cloud, 1492, (archives de la Barre Tome II). "

 

     Ce terroir n'est plus répertorié sur les cartes actuelles. Saint-Aubin-le-Cloud se trouve à 10 km à l’Ouest de Parthenay. Il existe un ouvrage "Histoire de Saint Aubin le Cloud en Poitou" 2004 écrit par Dominique Boutin, édité par les Editions Herault. On peut aussi consulter ce site.

 

     Compte tenu de la proximité (environ 7 km), il peut s’agir d’une terre dépendante de Sunay au n°e. Le chateau le plus proche est celui du Theil, ci dessus, attesté au XIIème siècle.

 

CarteHypothèse d'affectation : Henri III.

 

 

     - J - Le Petit Sonnay - Sunay 79600 Saint-Loup-Lamairé :  

 

      Plusieurs sources nous relatent une affaire ayant opposé Hélie de Boays à l'abbaye de Bourgueil. Ces textes ne sont d'accord ni sur l'orthographe des noms, ni sur la date, ni sur le lieu.

 

     Nous prions lecteur de se reporter à l'étude patronymique pour voir les textes en question au n° XVI

  

Château de Saint-Loup-sur-Thouet
Château de Saint-Loup-sur-Thouet

     Le lieu dit "Sunay" retenu comme emplacement du petit Sonnay surplombe le ruisseau des prés de la Guinière était situé sur une frontière nord de Parthenay. En effet Lamairé relevait de Parthenay et Saint Loup était un fief franc relevant de la tour Maubergeon donc de Poitiers.

 

      Tout proche, dominant le Thouet est le château de la Roche aux Enfants dont le plus ancien propriétaire connu est Aimery Aymar en 1397 qui dépendait de la baronnie de Saint Loup.

 

       Le château de Saint Loup sur Thouet, quant à lui, a été installé par un Seigneur du nom de Drogon puis fut la propriété d'Arthus Gouffier, fils de Guillaume Gouffier qui possédait aussi le château de Sonnay à Cravant les Coteaux. C'est peut-être la raison pour laquelle Xavier de Busserolle pense que Pierre de Saunay dont il est question dans les textes était originaire et propriétaire du château de Sonnay-Cravant, ce qui effectivement est compatible avec sa transaction avec l'abbé de Bourgueil  en Indre et Loire. Nous avons infirmé cette hypothèse au n° F ci dessus.

 

 

CarteHypothèse d'affectation : Henri III.

 

 

 

     - K - Sonnay  79600 La Chapelle-Bertrand :  

 

      Les Archives historiques du Poitou de 1891 volume 21 aux pages 334 et 479, situent un lieu appelé Sonnay en tant que fief relevant de la Chapelle Bertrand dans les Deux-Sèvres. Le document non daté est estimé avoir été établi entre 1390 et 1428. La tenancière du lieu est une héritière de Jehan Ojart en la personne de la fille de Pierre Sauvestre de Thouars (Archives nationales R. 190, fol. 8 V). Bien que présenté comme un fief dans l’index de l’ouvrage cité, le texte de la pièce elle-même ne parle que d’un logis (hébergement) avec des dépendances.

 

      Jehan Ojart était membre du conseil de Guillaume VII de Parthenay en 1360, sénéchal de Thouars en 1377. Son fils Jehan était clerc et conseiller au parlement de Paris puis évêque de Castres (2 décembre 1388). Il siégeait à Paris en 1378 (« Recueil de pièces servant de preuves aux mémoires sur les troubles excités en France par Charles II dit Le Mauvais roi de Navarre et Comte d’Evreux » 1755 page 432). En 1410 on trouve un Pierre Sauvestre, écuyer, seigneur de la Lionnière près de Thouars (« Archives historiques du Poitou » 1896 tome XXVI page 104).

 

      La Chapelle Bertrand est située à 7 km au Sud Est de Parthenay. Le plus ancien seigneur connu de la Chapelle Bertrand est du XIV ème et se nommait Louis Normandin. Tout près de la Chapelle Bertrand se trouve le fief de Saurais (2.6 km à l’Est) dépendant de la châtellenie de la Ferrière et de la baronnie de Parthenay (« Dictionnaire topographique des Deux Sèvres » de Ledain Bélisaire page 261). On trouve également dans ce dictionnaire les orthographes Saurrayo et Sorray, cette dernière pouvant très aisément donner Sonnay avec une lecture rapide. Il se peut donc que les deux lieux soient identiques.

 

CarteHypothèse d'affectation : Henri III.

 

COMPLÉMENT

 

 

     - 1 - La Saunerie 86220 Ingrandes :  

 

     Qui dit Ingrandes dit frontière ! Frontière gauloise entre pictons et turons, frontière entre Poitou et Touraine, frontière entre les évêchés de Poitiers et de Tours, frontière entre Vienne et Indre et Loire. 

 

     Sur le bord du coteau rive droite, la Saunerie domine la Vienne et la route de Tours, montant la garde pour la vicomté de Châtellerault en vue des chateaux de Valençay Xème siècle et de celui de la motte d'Usseau XIIème siècle.

 

      Nous sommes à la même latitude que la motte de Saunay du château de la Guerche (Touraine n°8), la Saunerie d'Ingrande peut donc être considérée à ce titre comme faisant continuité avec la frontière wisigothe vu aux n° 8 à 14 de la Touraine. Cette frontière devait alors remonter la Vienne pour passer près du château de Marmande (Touraine n°16) avec sa croix Saunière.

 

Carte; Hypothèse d'affectation : Clovis

 

 

     - 2 - Les Sauneries 86540 Thuré :  

 

Donjon du Haut Clairvaux
Donjon du Haut Clairvaux

    Les Sauneries sont manifestement un poste avancé du Haut -Clairvaux guettant vers Châtellerault. Le premier château fut construit par Hugues Ier de Clairvaux dit Mange-Breton en 1030. Il était vassal de Foulque Nerra et peut être même son fils. C'est donc lui qui dut créer ces Sauneries destinées à surveiller la frontière Angevine d'alors. En 1182 Richard Coeur de Lion ayant reçu le duché d'Aquitaine fait construire une grande forteresse de 7 tours et donjon (ci-contre) pour défier son frère Henri le jeune  (voir "les Plantagenêts et leur empire" Fanny Madeline p 181-182). Fin XIIème siècle Clairvaux devient vassal de la vicomté de Châtellerault. Les Sauneries orientées comme elles le sont, n'ont alors plus lieu d'être. 

  

     Il est à noter qu'avant 1285, Hardouin V de Maillé était propriétaire du Haut Clairvaux suite à son mariage avec Jeanne de Beauçay héritière de la forteresse. Hardouin V est également un des propriétaires supputé du château de Sonnay près de Cravant. Leur fils Péan de Maillé-Brézé est également cité comme propriétaire possible de Sonnay dans notre hypothèse concernant ces propriétaires.

 

 

 CarteHypothèse d'affectation : Foulque III.

 

 

     - 3 - La Saunerie 86380 Saint-Martin-la-Pallu :  

 

      Il n'est pas facile de rattacher ce lieu, situé dans un endroit stratégique en bordure de coteau regardant vers le sud, à un château particulier. Nous sommes ici très proches de l'Anjou mais tout de même bien à l'intérieur du Poitou comme l'est le site ci dessus n°2 à Clairvaux.

 

      Marigny-Brizay au nord est proche, C'était une dépendance du fief de Clairvaux (n°2). On peut donc considérer la Saunerie comme la limite sud du Haut-Clairvaux.

 

      Il existe également un château à l'ouest donc sur la frontière angevine, sur le coteau au dessus du site gallo-romain des Tours Mirandes et du village de Cheneché qui tire son nom de la fontaine Barum alimentant les Tours Mirandes. Ce château s'appelle La Baron (ou Labarom) et a appartenu à la famille Berland du Poitou connue notoirement depuis 1180 à Poitiers, anoblie par Richard Coeur de Lion en 1190. 

 

 CarteHypothèse d'affectation : Foulque III.

 

 

   - 4 - Saunière 86170 Cissé :  

 

     Il s'agit du nom d'un champ qui longe la limite communale entre Neuville-de-Poitou et Cissé. Nous sommes très proches (1,6 km) du croisement entre le chemin des Sarrazins et le chemin des Boeufs au lieu-dit Champ de la Bataille qui évoque la bataille de Vouillé (dite première de Poitiers) de 507 entre Clovis et Alaric II roi des Wisigoths. L'emplacement de la bataille a fait polémique mais est maintenant bien défini. Le site de Saunière est entre le Champ de la Bataille et la Vallée aux Morts - tout un programme ! Peu avant la bataille de Vouillé, Clovis avait franchi la Vienne en suivant une biche. C'était peut être à Auzon où existait un gué !!! on peut toujours rêver. Le gué traditionnel de Lussac-les-Châteaux est en effet très incertain. La légende dit que, pour honorer le miracle, Clovis échangea les trois crapauds de son écu, crapauds exécrés par sainte Clotilde, par trois iris jaunes de la Vienne qui devinrent, héraldique oblige, des fleurs de lys.  

 

Carte; Hypothèse d'affectation : Clovis

 

 

     - 5 - La Saunerie 86300 Sainte-Radégonde :  

 

     La saunerie est située au sommet d'un petit coteau qui regarde vers l'est. Si l'emplacement peut correspondre à un guet, il est par contre difficile de le rattacher à un château principal.

 

   Le village de Sainte-Radégonde était constitué de seulement 4 maisons au temps où a été écrit le dictionnaire topographique de la Vienne (Rédet 1881) et dépendait de l’archiprêtré de Morthemer dont le château était possédé par Geoffroy Taveau de même que le château de Sonnay à Cravant en 1434 (Touraine n°7). Mais cela reste trop récent et trop fortuit pour notre étude.

 

      Près de ce village se trouve le château de la Salle décrit par Rédet comme un fief dépendant d'Angles-sur-l'Anglin. Le fait que le château de la Salle et que la Saunerie se regardent face à face de chaque coté du vallon ne plaide pas pour leur rattachement réciproque. De plus, il n'y aurait pas de raison alors de guetter vers l'est où se trouve Angles sur l'Anglin.

 

      La Saunerie est entourée de grands sites religieux comme l'abbaye de l'Etoile, Le prieuré fontevriste de la Puye et la commanderie hospitalière de Sainte-Radégonde. Seul ce dernier site serait correctement placé vis à vis de la Saunerie.

 

       Un peu plus au nord de cette commanderie se trouve le bois de la Motte dont le coteau regarde vers l'ouest et qui a pu porter une ancienne fortification du Xème siècle dont nous n'avons plus connaissance, cette région de lande pauvre n'ayant attiré que des établissements religieux avant le retour des Acadiens près de Cenan.

 

     Faute d'autres indices, nous attribuerons ce site au troisième abbé de L'Etoile en 1147, Isaac de l'Etoile, docteur de l'église qui était anglais d'origine et correspondait avec Jean Belles-mains son évêque à Poitiers (voir Lyonnais n°4)

 

Carte; Hypothèse d'affectation : Geoffroy V

 

 

     - 6 - La Boussée au Son 86300 Paizay-le-Sec :  

 

     La Boussée n'est pas sur un sommet mais plutôt sur une dépression très plate. Une boussée au moyen-age était un travail de peu de durée ce peut être aussi une bouse de vache. Un lieu-dit "la Forge" est proche. Le château le plus proche est celui des Clairbaudières ayant appartenu à la famille du Drac originaire de Picardie apparue vers 1320 comme membres du parlement de Paris. L'abbaye de Saint-Savin-sur-Gartempe et la voie romaine Poitiers-Bourges sont peu éloignés mais le site ne semble présenter que peu d'intérêt pour notre étude.

 

Hypothèse d'affectation : Sans intérêt

 

 

     - 7 - Le Bois Séné 86300 Chauvigny :  

 

     Très proche de la ville de Chauvigny, le site indique surement un bois coupé à l'instar des n°B et C.

 

Hypothèse d'affectation : Autres toponymes

 

 

     - 8 - La Grande et la Petite Saunière 86250 La Chapelle-Bâton :  

 

     Pas grand chose à dire de ces deux sites rapprochés sauf leur proximité de l'abbaye de Charroux (fondée en 785) et de deux lieux-dits "les Mottes" qui nous rappellent l'importance de Charroux au moyen-age, capitale de la Basse Marche, avec deux bourgs, le bourg l'abbé et le bourg le comte, 11 églises et chapelles, 2 aumôneries, 11 foires, quatre conciles...

 

      On ne sait pas où passait la frontière entre la marche et le Poitou du temps où le comte de la marche résidait à Charroux. On peut en déduire que le présent site nous en fournit l'indication. Il fait suite au n°E ci dessus.

 

Carte; Hypothèse d'affectation : Foulque III.

 

 

     - 9 - Le Chemin Saunier 86400 Saint-Pierre-d'Exideuil :  

 

     Il s'agit ici d'un tronçon du "Grand Chemin Saunier" qui, du XII au XVIème reliait Availles-Limousine à La Rochelle. Cette route du sel traversait le Poitou pour desservir le Limousin.

 

Hypothèse d'affectation : Autres toponymes

 

 

     - a - Beaulieu-sur-Sonnette 16450 Beaulieu-sur-Sonnette :

 

     Bien sûr, c'est le nom de la rivière. Mais c'est aussi un site de guet bien placé proche de la frontière entre le Poitou et l'Angoumois. Deux lieux dit "les forges" sont présents dans les environs. Le château de Puybautier avec des restes médiévaux n'est pas très éloigné. Forges et Templiers sont tout près. Voir d'autres hypothèses concernant le nom de la rivière au chapitre Angoumois n°10.

 

Carte; Hypothèse d'affectation : Foulque III

 

 

     - b - La Saunerie 79700 Mauléon :  

 

     Mauléon est une possession du vicomte de Thouars et la Saunerie est située sur la route allant de Mauléon vers Thouars. Cette Saunerie semble donc être à classer dans les postes de guet avant l'entrée dans la ville comme au Mans par exemple (Maine n°20). Le vicomte de Thouars, tout en étant vassal du comte de Poitou-Aquitaine était proche du comte d'Anjou notamment de 1033 à 1038 lorsque Geoffroy II combattit Guillaume VI le Gros  en s'alliant à Geoffroy II Martel fils de Foulque Nerra. Par la suite en 1155, Henri II s'empara de Thouars pour réaliser une continuité entre l'Anjou et les terres d'Aquitaine qu'il avait reçu d'Aliénor. Thouars et Mauléon sont mitoyens de l'Anjou par leur frontière nord. Il n'est donc pas étonnant que les habitudes castrales de l'Anjou se retrouvent ancrées dans la vicomté.

 

     Une autre possibilité est de considérer que la Saunerie était un poste avancé des francs lors de l'invasion de la Neustrie par les bretons (voir Touraine n°8). En effet la Guierche de Saint-Amand-sur-Sèvre 79700 est tout proche de Mauléon.

 

Carte; Hypothèse d'affectation : Marche bretonne

 

 

     - c - Les Sornières 79350 Faye-l'Abesse :  

 

     Faye l'Abesse dépendait de la vicomté de Thouars de même que Chiché depuis 1090 alors que Boussais était possédé par les seigneurs de Vernay qui ne devinrent vassaux de Thouars qu'en 1099 (Jacques Duguet Familles et châteaux du comté de Poitiers du XI au XIIIème siècle p.3). Les Sornières au dessus du Thouaret, sur la route qui relie Faye à Boussais date donc entre 1090 et 1099 soit sous Aimery IV ou Herbert II de Thouars. Aimery IV a combattu aux cotés de Geoffroy Martel en 1055.

 

Carte; Hypothèse d'affectation : Foulque IV.

 

 

     - d - Les Sauneries 79430 La Chapelle-Saint-Laurent :

 

     Nous sommes ici en limite entre Parthenay et Bressuire, coté Parthenay donc dans un fief comportant déjà de nombreux Sonay (n°F à K et c à g), le premier seigneur connu Josselin Ier ayant été installé par Foulque Nerra (voir n°F). Bressuire étant aux mains des Beaumont fidèles vassaux de Thouars. On ne peut donc pas dater ce site avant l'apparition de Parthenay et de ses seigneurs comme vu au n°F. Tant que les Thouars et les Parthenay étaient sous la coupe des Angevins, une fortification entre Parthenay et Bressuire était impensable. Nous estimerons donc cette apparition vers 1093.

 

Carte; Hypothèse d'affectation : Foulque IV.

 

 

     - e - Pont et métairie de Sunay 79200 Châtillon-sur-Thouet :  

 

H. Amirault - Le pont de Sunay
H. Amirault - Le pont de Sunay

      A 8km au Nord Ouest de Parthenay, entre Adilly et Châtillon sur Thouet, sur la route de Parthenay à Bressuire, se trouve un joli pont de 3 arches, fin XIème, qui porte le nom de pont de Sunay. Près de ce pont sur la Lune, affluent du Cébron, se trouve un moulin dont les meules provenaient de Dissay près de Châtellerault et la métairie de Sunay, siège de la seigneurie de Sunay en Châtillon, quelque fois appelée seigneurie de Sonnay (1378) ou encore Sompnay (1401).

 

             Voici quelques ouvrages parlant de Sunay :

 

-  « Archives historiques du Poitou » de Paul Guérin Volume 24    1893 pages                                                                                                    -  « Les hommes et la terre » 1957 p 54, 55, 56

-  « Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou »  de Beauchet-Filleau 1895 p 238, 239 - 1905 page 79

-  « Les paysans de la Gatine poitevine au XVIIIème siècle » Jacques Perret 1998 p 78, 81, 82
-  « Bulletin de la Société des antiquaires de l'Ouest et des musées de Poitiers » série 3 Tome 9 1931-1933 page 585 série 4 tome 5 1959 p 114 et 115
-  « Annales » de Lucien Paul Victor Febvre 1953 v 8 page 245.
-  « La métaire et l'évolution agraire de la Gâtine poitevine de la fin du Moyen age » de Louis Merle 1958 page 54.
-  « Mémoires de la marquise de La Rochejaquelein, née Marie-Louise-Victoire de La Rochejaquelein, André Sarazin 1984 page 167.
-  « Naissance de la République aux portes de la Vendée ; de l'ambiguïté de l'histoire » de Georges Bobin 1990 page 282.
-  « Actes du congrès national des sociétés savantes de France » 1994 page 366.

-  « Voyage dans l'histoire des Deux-Sèvres » 1990 de Jean Chiron p 141 et suivantes

 

Ainsi que le site suivant : site dont voici un résumé :

 

« L'histoire de Sunay peut être appréhendée à partir du quinzième siècle, à l'époque où ce fief était constitué d'une profusion de petites parcelles tenues par des bordiers, alors que l'élevage bovin en Gâtine était encore à l'aube de sa splendeur future. Le fief relève de la baronnie de Parthenay. »

 

« Dans le dernier tiers du XVIe siècle, le fief de Sunay entre dans la famille Chapelain par le mariage de Marie Pidoux avec Olivier 1er Chapelain, sieur de Perdondalle (Chalendeau). Si ce dernier détient le fief, il n'est pas propriétaire de tout ce qui s'y trouve. Les familles Fillon, Crespeau, Joubert, Mousnier, Esvert, Bréchouere possèdent quelques terres. »

  

« Joseph, le dernier de la lignée des Chapelain, ne laisse qu'une fille, Magdelaine qui vend le fief en 1720 à Marie Tiraqueau. En 1740, Sunay appartient au fils de cette dernière, Jean-Baptiste Simon Boyer de la Boissière, trésorier des États de Bretagne. Lors des guerres de Vendée, Antoine Ardouin est obligé d'abandonner Sunay qui sera acheté plus tard, en 1845, par Charles-Gaspar Mounier.»

 

     Le château de Tennessus ci contre daté du XIVème est très proche du lieu. Nous sommes à 8 Km de Lamairé, l'origine du nom peut donc être commune avec le site n°J qui peut également prendre la dénomination "Sunay".

 

 CarteHypothèse d'affectation : Henri III.

 

 

     - f - La Saunerie 79130 Secondigny :  

 

     Secondigny était la principale place forte de la baronnie après Parthenay bien sûr. Elle était établie sur une motte féodale encore bien dessinée par la forme des rues, centrée autour de l'église Sainte Eulalie édifiée au XIème siècle dans l'enceinte du château. La Saunerie est à l'entrée sud est de la ville et ne jouit pas d'une position de défense caractérisée. Peut être une porte contrôlant l'arrivée par la valée du Thouet.

 

     C'est en 1068 que Josselin II de Parthenay, archevêque de Bordeaux, permet à l'abbaye de Bourgueil de construire l'église de Secondigny. Compte tenu des relations plus tardives de l'abbaye avec nos Saunay de Parthenay, nous daterons le site de l'époque de la construction de l'église, supposant qu'ils aient installé un guet pour cette abbaye.

 

Carte; Hypothèse d'affectation : Geoffroy III.

 

 

     - g - La Saunerie 79220 Champdeniers :  

 

     Autre place forte de la baronnie de Parthenay, comme le site précédent, la Saunerie n'est pas une position de guet mais plutôt la porte sud de la ville en arrivant par la vallée de l'Egray. Ce site est le plus proche de Nissun, dont serait issu Hugo de Nissun qui se déclare consanguin avec Guillaume de Sonnac (voir 1253).

 

CarteHypothèse d'affectation : Indatable.

 

 

     - h - La Saunerie 79120 Rom :  

 

     Le village de Rom était une grande cité du temps des romains appelée Ravranum, à la croisée de plusieurs routes importantes. La Saunerie est pratiquement au bord de la voie allant à Limonum (Poitiers).

 

     Mais revenons au moyen-age, La Saunerie rapportait manifestement au château de Couhé (86) bâti en 1030 par Hugues IV de Lusignan. Selon Jacques Duguet dans "familles et châteaux du comté de Poitiers du XI au XIIIème siècle" page 347, Couhé a reçu en août 1025 un alleu à Bréjeuille pour y construire une église. Cet alleu provenait d'un parent d'Hugues IV, Rorgon et sa mère Adelendis. Or la Saunerie est situé sur le coteau juste au dessus de Bréjeuille.

 

      Il est fort probable que ce poste de guet ait été construit vers 1030 pour protéger l'église de Bréjeuille dépendant de Couhé. Hugues IV eut beaucoup de démêlées avec son suzerain Guillaume V le Grand et dut par conséquent protéger ses châteaux dès leur construction. Il se peut cependant que la Saunerie soit plus ancienne car le fief de Couhé appartenait, avant sa prise par Hugues IV, à Aimery II de Rancon sous la vassalité de Foulque Nerra, comte d'Anjou déjà cité pour d'autre Sonay (voir hypothèse), suite à la volonté de Guillaume V (voir n°F ci dessus). 

 

CarteHypothèse d'affectation : Foulque III.