F - 1243

 

 

          Après la dure période précédente, il fallait reconstruire. Les Templiers d’Aquitaine avaient subi de lourdes pertes en Aunis et Saintonge. Guillaume de Sonnac essaya de récupérer de nouveaux subsides auprès des responsables du désastre. C’est ainsi qu’il envoie un messager, le frère Thomas, auprès d’Henry III pour lui demander de s’opposer à ce que la ville de Bordeaux lève des droits de douane sur les activités du port et éventuellement permettent aux Templiers de le faire. Il faut se souvenir que, depuis que La Rochelle et les autres ports de Saintonge étaient devenus français en 1224, tout le commerce avec l’Angleterre dont celui du vin, passait par Bordeaux, ce qui en faisait une cité particulièrement opulente.

 

          Marie Louise Bulst Thiele a recensé deux échanges de correspondance entre Guillaume de Sonnac et Henry III.

 

          La première est publiée en 1866 par W.W. Shirley dans « Royal and the other letters of the reign of Henry III » Tome II page 31 n° 437. Le nom de Guillaume de Sonnac y est écorché de la même façon que dans le cartulaire de Coudrie : « Warinus de Sonariis, dominorum (sic) militie Templi in Aquitania praeceptor » Les lieux cités sont « Vasconiae et de Chales » soit le pays basque et Chalais en Charente (sud) ou Roche-Chalais tout proche en Dordogne (Ouest). Il semble donc que les commanderies concernées soient celles de la Torte et de Cressac.

 

          La seconde est publiée dans les listes et index du « Public Record Office, index XV: List of Ancient Correspondence … » de 1968 Tome 5 page 54. Guillaume de Sonnac y est dénommé « William de Soum - domorum militie Templi in Aquitania  preceptor ». Dans la première de ces deux lettres Henry III est qualifié de « dominus et magister domorum nostrarum   (Seigneur et maître de nos maisons) et dans la seconde on insiste sur les droits des templiers : « nos et homines nostri liberi (sunt) et immunes ab omni costuma » (nous et nos hommes sommes libres et exemptés de toute taxe).

 

          Ces lettres ne sont pas datées mais, comme elles se réfèrent à la guerre entre Henry III et Louis IX elles ne peuvent être que de fin 1242 début 1243. Les noms y sont écorchés, ce qui est certainement dû aux copistes anglo-saxons peu habitués aux consonances et aux noms poitevins.

 

          Concernant l’année 1245, Dailliez, dans « Les Templiers, gouvernement et institutions » de 1980 page 72 cite une copie du XIV ème d'un acte concernant l'ordre de St Thomas d'Acre et daté de février 1245. Dailliez justifie ainsi que Guillaume de Sonnac était cette année là déjà élu Grand Maître, ce qui est infirmé par les documents qui vont suivre. De nombreux auteurs ont suivi Dailliez en adoptant cette date.

 

          Suite à l’article suivant de Simonetta Cerrini dans « La révolution des Templiers » 2007 chez Perrin page 39 cité ci dessous, je n’ai pas retenu ce document comme correctement daté, mais il se peut qu’il existe réellement. L’ordre de Saint Thomas d’Acre a été créé en 1191 et reconnu en 1209 par Innocent III. En mémoire de son patron, Saint Thomas Becket, il s’occupait plus particulièrement des soins aux croisés anglais blessés. Il peut aussi s’agir dans cet acte de la cession pour cause de difficulté financières aux Templiers de la maison londonienne (quartier de Cheapside) de cet ordre installé par la sœur de Thomas Becket, Agnès de Helles, dans leur maison natale de la paroisse de St. Mary Colechurch, cession à laquelle Guillaume de Sonnac a pu figurer soit comme maître d’Aquitaine à cette époque soit comme Grand Maître mais plus tard ?

 

          « Laurent Dailliez apparaît comme une sorte d'agent 007 à la recherche de manuscrits, passant d'une frontière à une autre, de l'Espagne à l'Italie, en passant par la Belgique. Dailliez n'était pourtant pas un historien, mais un géologue. A Paris, dans les milieux académiques tels que l'IRHT (Institut de recherche et d’histoire des textes), situé avenue d’Iena, et l'EPHE ‘Ecole pratique des hautes études, IVe section), on ne parle pas volontiers de lui. Ailleurs, à l'université de Nice, à la bibliothèque Vaticane, ou encore au colloque sur l’appel de Clermont [ ... ], les réactions sont plus diverses, parfois amicales : [ ... ] un géologue passionné d'histoire médiévale. Le seul parmi les savants du XXème siècle à avoir recherché systématiquement des manuscrits de la règle du Temple. [ ... ] Son enquête solitaire et enflammée a livré la liste la plus étendue des manuscrits de la Règle, mais le manque de méthode a malheureusement amoindri l’ampleur de ses résultats. Dailliez ne cite pas ses sources, ou alors de manière incomplète ou erronée. »

 

      

Marie Louise Bulst Thiele - Sacrae Domus Militiae Templi Hierosolymitani Magistri - Volumnia Perugia 2004 pages 247 et  254

 

Traduction 

 


Walter Waddington Shirley - "Royal and other historical letters - Reign of Henry III" - Tome II - 1866 - page 31 et 32