B - 1228

 

 

          Ce document concerne une contestation sur un droit de minage (taxe seigneuriale sur tous les grains qui se vendent et se débitent au marché, soit froment, méture, seigle, baillarge, orge, avoine, pois fèves, bled d’Espagne, gesses, lentilles, garobe etc...) entre les Templiers et l’abbaye du Pin a donné lieu à une enquête menée par les commissaires du pape.

 

          La sentence est datée de 1228 (calendrier Julien). Elle nous est connue grâce à deux copies d’un extrait des registres de la Chambre des Comptes, la première du 3 juillet 1623 et la seconde du 28 novembre 1662 et conservées aux archives de la Vienne dans la liasse de l’abbaye du Pin I. 32.

 

          Cette sentence a été éditée par Thibaudeau dans son histoire du Poitou 1839, tome II, page 350 – par Beauchet-Filleau dans ses mémoires de la société statistique des Deux Sèvres 1868, page 140 (extraits) – par E. Audouin dans les archives historiques du Poitou, 1923, tome XLIV, Recueil de documents concernant la commune et la ville de Poitiers page 76 n°XXXIX.

 

          Pour cette enquête, Guillaume de Sonnac est nommé procureur de Girard de Breies comme ci-dessus : « ex altera, fratre Girardo de Breies eo tempore domorum militie Templi in Aquitania preceptore, fratre willelmo de Sonaio, preceptore de Ausonio, dicte cause ab eodem Girardo de Breies procuratore constituto,… » ( d’autre part, frère Girard de Breies en ce temps là précepteur des maisons de la milice du temple en Aquitaine, frère Guillaume de Sonnac, précepteur d’Auzon, constitué procureur pour la dite affaire du même Girard de Breies,…)

 

          Dans cette affaire, Guillaume de Sonnac s’attache à démontrer que les Templiers ne devaient pas de droits de minage à l’abbaye du Pin pour leur commerce de grain pour deux raisons :

                    -1- Richard Cœur de Lion puis Jean sans Terre avaient exempté les Templiers de tous droits sur le royaume Plantagenêt.

                     -2- La maison ou l’Ordre était installé à Poitiers (près de Notre Dame) leur avait été donnée avec l’ensemble des privilèges attachés par l’ancien maire de la ville nommé Soronet. Or Soronet avait lui aussi bénéficié d’une exemption des rois anglais.

 

          A la décharge de l’abbaye du Pin, la charte de concession mentionnait un droit de minage sans aucune restriction d’où le litige. Il faut dire que l’abbé du Pin, Pierre Millon, était ami et aumônier personnel de Richard Cœur de Lion et que ce droit de minage fournissait l’essentiel des revenus de cette opulente abbaye.

 

          L’affaire semblait en effet assez délicate pour motiver une enquête papale. Elle aurait dû être défendue par le maître d’Aquitaine en personne puisqu’il s’agissait de la maison de Poitiers elle-même. Il n’était pas mourant car on le trouve encore à ce poste en 1231. Il est donc probable que Guillaume de Sonnac ait été choisi pour sa sagesse et ses qualités de négociateur mais également pour sa connaissance des coutumes et usages des Plantagenêts.

 

          Les deux enquêteurs étaient de Chauvigny et Bellefont ( entre Chauvigny et Châtellerault) les deux juges papaux venaient d’Angers. L’Anjou est sous la domination du roi de France depuis la défaite de Jean sans Terre à la Roche-aux-Moines (1214), vient d’être confié par Louis VIII mourant en apanage à son fils à naître (1227) Charles Ier d’Anjou et que nous sommes sous la régence de Blanche de Castille mère de Saint Louis. L’Anjou ne sera officiellement rattaché à la France qu’en 1259. Notre Poitou est loin d’être pacifié et la situation y est terriblement confuse entre les influences française et anglaise. Le comte officiel de Poitiers nommé par Henry III en 1225 est Richard de Cornouailles alors que Poitiers vient d’être conquise par Louis VIII. Les barons poitevins choisissent au mieux de leur intérêt le roi à qui rendre hommage. Certains rendent hommage aux deux rois à la fois.

 

          L’abbaye cistercienne du Pin se trouve à 16 km à l’Ouest de Poitiers près de la commanderie de Béruges.

 

Photo aérienne abbaye du Pin commune de Béruges
Abbaye du Pin

 

 

          Cette sentence est citée dans les ouvrages suivants : 1839 : Thibaudeau – 1868 : Beauchet-Filleau - 1923 : AHP XLIV – 1923 : Audouin – 1964 : Percy - 2007 : Vialard.

 

 

 

Archives Historiques du Poitou Tome XLIV - 1923

E. Audouin - Documents concernant la ville de Poitiers 1063-1327 - page 76 et suivantes



Archives Historiques du Poitou Tome XLIV - 1923 - Documents concernant la ville de Poitiers 1063-1327 - page 76
Archives Historiques du Poitou Tome XLIV - 1923 - Documents concernant la ville de Poitiers 1063-1327 - page 77
Archives Historiques du Poitou Tome XLIV - 1923 - Documents concernant la ville de Poitiers 1063-1327 - page 77
Archives Historiques du Poitou Tome XLIV - 1923 - Documents concernant la ville de Poitiers 1063-1327 - page 78
Archives Historiques du Poitou Tome XLIV - 1923 - Documents concernant la ville de Poitiers 1063-1327 - page 78
Archives Historiques du Poitou Tome XLIV - 1923 - Documents concernant la ville de Poitiers 1063-1327 - page 79