Le collier de perle



 

Date approximative : 1451

Précision sur le titre : Collier de perle - iqd al-djoman

Auteur : Bedr Eddin Alaïni - Abou Mohammed Mahmoud

Edition utilisée : « Recueil des historiens des croisades orientaux » Tome II première partie 1887 pages 207 et 208.

 

 

  

     Le collier de perle « Iqd al-djoman » était à l’origine un ouvrage considérable comportant 19 grandes sections. C’est plus une vaste compilation qu’un ouvrage original. Mais il provient de nombreuses chroniques aujourd’hui disparues. Nous ne connaissons qu’un tome dépareillé (1226-1275) déposé à la Bibliothèque Nationale sous les références supplément arage n° 757 et nouveau catalogue n° 1543. Cet ouvrage est l’œuvre de Abou Mohammed Mahmoud surnommé Bedr Eddyn né à Aïntab près d’Alep en juillet 1361 d’où son nom Alaïntabi abrégé en Alaïni. Il était aussi savant que pieux et particulièrement estimé des princes d’Alep. Il mourut au Caire en décembre 1451 après avoir écrit une œuvre immense de plus de 40 livres. L’immensité de son œuvre porte préjudice à l’exactitude des noms et des dates. La multiplicité des copies plus ou moins fidèles n’a rien arrangé. Celle de Paris est datée entre 1428 et 1533. A ce qu’on sache, elle est unique. La première et la dernière pages sont l’œuvre d’un faussaire qui voulait faire passer ce livre comme étant de l’historien El-Yafei (+1366)

 

 

 Année 647 de l’Hégire (16 avril 1249 – 5 avril 1250)

Récit de ce qui arriva aux Francs après la mort d’Assalih.

 

         DèsDès que les Francs connurent d’une manière certaine la mort du sultan, ils sortirent de Damiette. La cavalerie et l’infanterie côtoyèrent le Nil en suivant la marche de leurs galères qui navigaient sur ce fleuve ; elles campèrent d’abord à Farsakour, puis s’avancèrent à une journée de marche de là. L’émir Fakhr-eddyn envoya au Caire et à Fostat pour convoquer les populations à la guerre sainte. A son appel, un nombre considérable d’habitants sortirent de ces deux villes. La rencontre entre les Musulmans et les Francs eut lieu le mardi, veille du premier jour du mois de ramadhan (7 décembre 1249). Un certain nombre de Musulmans, parmi lesquels Alalany, émir medjlis (médecin en chef), y trouvèrent la mort ; beaucoup de Francs y périrent également. Les Francs campèrent ensuite à Chermesah, d’où ils se rendirent en grand désordre à Almansourah. Le fleuve d’Achmoun les séparait des Musulmans. Sur la rive occidentale se trouvaient les enfants d’Almélic-Annasir, à savoir Alamjed, Atthahir et leurs frères Almoghits et Alkahir, à la tête d’un corps d’armée. 

  

Les Francs creusèrent un fossé autour de leur camp, s’entourèrent d’un rempart protégé par des palissades et dressèrent les mangonneaux. Leurs galères furent amarées sur le Nil en face de leur camp, tandis que les vaisseaux des Musulmans étaient mouillés vis-à-vis d’Almansourah. Le combat continua entre les deux armées. La populace allait jusque parmi les Francs, leur enlevait des hommes et leur causait un grand dommage. Un jour, les Francs réussirent à traverser à gué le fleuve d’Achmoun dans un endroit appelé gué de Salamoun, ce passage leur avait été indiqué par les gens de Salamoun qui n’étaient point musulmans, et, dans la matinée du mardi 4 de dzoulkada (9 février 1250), ils attaquèrent le camp des Musulmans. Pris à l’improviste, Fakhr-eddyn, fils du Cheikh, monta à cheval ; mais il fut tué par une troupe de Francs qui le joignit. Les Musulmans se dispersèrent alors à droite et à gauche, et peu s’en fallut que ce ne fût une déroute complète. Le roi de France parvint jusqu’à la porte du château qu’occupait le sultan à Almansourah. Le péril était grand et la situation très critique, lorsque, dans un suprème effort, la milice turque, composée de djamdaria et de Bahrites salykites, fit contre les Francs une charge qui ébranla  leurs piliers et renversa leurs constructions ; les Turcs livrèrent alors un combat acharné, tuant et détruisant tout devant eux. Les Francs, après avoir eu quinze cents hommes tués, se retirèrent en désordre. La nuit étant venue, les Musulmans entourèrent la colline de Djadila d’un rempart et d’un fossé. Cette victoire fut la première que remportèrent les Musulmans et leur causa une grande joie.