Complément du livre des deux jardins ou Histoire des deux règnes

 

 

Date Approximative : 1250

Auteur : Abou Chamah

Edition utilisée : "Recueil des historiens des croisades orientaux" 1906 Tome V pages 195 et 196.


 

     Chehab ed-Din surnommé Abou Chamah (l’homme aux taches de rousseur) est né à Damas en 1202 d’une famille originaire de Jérusalem. Il mourut à Damas le 13 mai 1267 d’une façon tragique et obscure puisqu’attaqué chez lui peut être victime d’une fetwa lancée par le Vieux de la Montagne. De l’école Chaféïste, il fut lecteur du Coran, grammairien et juriste. Modeste, il repoussait le faste et travaillait beaucoup. Le nombre de ses ouvrages est trop important pour les citer. « Le livre des deux jardins » commence par une histoire abrégée des Atabeks de Mossoul et se termine en 1193. C’est une vaste compilation de documents officiels provenant souvent de témoins oculaires des évènements, avec beaucoup de détails et peu de rédaction propre à l’auteur. Le complément, sorte d’appendice (Zeïl ou Mozaïiel) après 1193 et jusqu’en 1267 est du même auteur.

 

Les manuscrits utilisés sont :

- Le 1700 de la Bibliothèque Nationale (A) 294 folios du 12 juillet 1709.

- Le 1701 de la Bibliothèque Nationale (B) qui ne présente que la première moitié de l’ouvrage

- La copie de la collection de M. Schefer (S) 355 folios limitée également à la première partie du texte – XVIIème siècle.

- La copie de la Bibliothèque de Leyde (L), la meilleure qui a servi de base à la présente édition. 443 folios du 11 juin 1333.

- D’autres fragments existent à Londres, Munich et Copenhague.

 

     Une première édition à partir d’un exemplaire de la Bibliothèque khédiviale du Caire a eu lieu en arabe en 1870-1871 par Abou So’houd Efendi dite édition de Boulak à partir d’une copie jumelle du même copiste que celle de Leyde. Il est à noter que l’extrait présenté semble avoir été rédigé avant 1251 puisque Damiette est dite appartenir encore aux Francs.

 

Année 647 de l’hégire (1249-1250 de J-C)


A la même époque, les Francs arrivent par mer et débarquent sur le territoire de Damiette. Plusieurs musulmans sont tués en combattant, entre autres En-Nedjm, fils du Cheïkh el-Islam. L’émir Djemal ed-Din Moussa, fils de Yaghmour, arrive à Damas comme délégué du sultan, le 10 de Rebi’I (23 juin 1249), et fixe sa demeure dans le quartier des marchands d’orge (Derb ech-Cha’arin). On apprend que les Musulmans ont évacué Damiette. Les Francs l’envahissent du coté de la mer et s’en emparent avec tout ce qu’elle renfermait de munitions de guerre et de vivres. Le 20 Safer (4 juin), une grande bataille s’engage, dans laquelle des Templiers sont tués. Les Francs avaient débarqué le 20 Safer, et dès le lendemain 21 (5 juin) ils entrent dans la ville qui venait d’être évacuée. Ils l’occupent encore aujourd’hui.

La veille du 15 Cha’ban (23 novembre 1249), le Sultan El-Malek Es-Saleh Eyyoub (fils de Mohammed, fils d’Abou Berk, fils d’Eyyoub) meurt dans la vills du Caire. Sa mort est tenue secrète et un message est envoyé à son fils El-Malek Al-Mo’addham Touran-Chah, qui résidait alors à Hisn-Keïfa. Ce prince part aussitôt en compagnie et dans le costume des courriers qui voyageaient par dromadaires. Partout, sur son passage, les chefs se réunissent autour de lui ; il gagne ‘Anah, traverse l’Euphrate, entre dans le désert et arrive à Damas, le mardi 29 de Ramadhan (7 janvier 1250). Il s’établit dans le château et répand de grandes largesses dans le peuple.

Ensuite il part pour l’Egypte, le lundi 26 Chawal (1er février) ; quand il arrive à Mansourah, le 12 de Dhou’l-Kaadeh (16 février), il trouve l’armée musulmane campée en face des Francs, qui sont maîtres de Damiette. Quelques jours avant son arrivée, les Francs avaient attaqué les nôtres dès l’aube en les surprenant dans leurs demeures et sous la tente. Les Musulmans se dispersent d’abord dans les rues et les maisons de Mansourah ; mais Dieu réveille leur courage, ils se reforment, tombent sur l’ennemi et en font un grand carnage. Quinze cents cavaliers chrétiens sont tués, tandis que, parmi les Musulmans connus, il ne manque que trente hommes.