Chronique d’Amadi



 

Date approximative : 1566

Auteur : François Amadi

Edition utilisée : « Chroniques d’Amadi et de Strambaldi » de René de Mas Latrie en 1891 Tome I pages 197 et suivantes.

Edition traduction : Personnelle

 

 

 

     François Amadi, docteur es lois à Padoue en 1545, mort à Venise en 1566, d’une famille originaire de Lucques, était particulièrement amateur d’art et de littérature. Dans son palais au bord du canal de la Croix à Venise, sa bibliothèque comportait un manuscrit chypriote en langue grecque du plus grand intérêt car il s’agissait d’un manuscrit considéré comme autographe de la chronique de Chypre du doge André Dandolo. Ce manuscrit est actuellement à la bibliothèque Saint Marc classe VI n° 157. Une copie est à la Bibliothèque Nationale dans les manuscrits Italiens sous le numéro 387. Mas Latrie émet l’hypothèse qu’Amadi avait eu à disposition les mémoires de Philippe de Novare aujourd’hui disparues. C’est René de Mas Latrie qui a retrouvé le manuscrit d’Amadi à Venise en 1861, l’a cité dans son « Histoire de Chypre » et en a assuré l’édition intégrale en 1891. 

 

4a - Juste après la défaite de Gaza de 1244, les Templiers signent une trève avec le sultan de Damas

 

Messer Jofredo de Sardigna et el convento des Tempio  esseno le soe tende a Zapho per confermar la trega con il soldan de Damasco, che era venuto fino a li molini de li Turchi. La trega fu fatta et confermata, et fu reso a li  christiani Hierusalem et le terre de qua del fiume Jordan, eccetto Napli et Gerico. Messer Balian, signor di Barutho fu ferito da li Chasecini, passando per la piazza de Acre, nel brazo destro con un cortello, per la qual ferita resto di quella man struppiato sempre.

Messire Geoffroy de Sardaigne et les Templiers mirent leur banière à Jaffa pour confirmer la trève avec le sultan de Damas, qui était allé jusqu’à la frontière avec les Turcs. La trève fut signée et confirmée, et Jérusalem et les terres en deçà du Jourdain furent rendues aux Chrétiens, sauf Naplouse et  Jericho. Messire Balian, seigneur de Beyrouth fut blessé par les Charisminiens au bras droit lorsqu’il défendait la place d’Acre. Le couteau qui le blessa le laissa à jamais estropié du coté droit.


4b - 1247 Quelques précisions sur la chute d’Ascalon.

 

Salacha, soldan de Babilonia, prese Thabarie per forza, et poi assedio Aschalona per terra et per mare, con XXI galie et una nave. Li baroni di Suria, zoë el patriarca de Hierusalem et el signor de Barutho, mandorono in Cypro a dimandar soccorso ; et il re Henrico mando da Cypro VIII galie et doi Gallioni et cento cavaglieri, et fece capitanio di questi cavaglieri Baduin de Ibelin et de le gallie Joan de Iblim, signor de Arsuf ; quali andorono in Ascalona, onde mando Iddio uno temporal con tanta acqua et tempesta che la nave et gallie di Saracini forono rotte tutti et battuti in terra avanti Ascalona.

Saleh, sultan de Babylone, prit de force Tibériade, puis assiégea Ascalon sur terre et sur mer, avec XXI galères et un navire. Les barons de Syrie, le patriarche de Jerusalem et le seigneur de Beyrouth demandèrent du secours à Chypre ; et le roi Henri envoya depuis Chypre VIII galères, II galions et cent cavaliers, et il fit capitaine de ces cavaliers Baudoin de Ibelin et pour les galères Jean d'Ibelin, seigneur d’Arsuf ; lesquels allèrent à Ascalon où Dieu envoya la tempète avec tant de vent que le navire et les galères des Sarrasins furent détruits après s’être échoués devant Ascalon.


 

4c - 1249 VIIème croisade.

 

A di 30 mazo, si partite el re di Franza per andar a Damiata et con lui el re de Cypro, ditto el grasso, et Eustorgio, arcivescovo de Nicosia. Arisorono a Damiata a li 4 de zugno ; et havendo trovato disfornita et disprovista quella citta, la preseno senza ferir alcuno impacio di doi giorni.

 

El re de Cypro tolse el governo de Acre a messer Joan de Foignon et poi, per una discordia che fu tra li Pisani et Genovesi, volse dar esso governo a messer Joan de Iblim, signor de Arsuf, ma lui non lo volse accettar per ditta discordia ; pur, confortato et pregato dal populo de Acre, dal Tempio et l’Hospital, l’accetto ; et poi tramo et fece far trega per tre anni [tra] li Pisani et Genovesi, per terra et per mare.

 


A di 27 novembrio, si mosse el re di Franza col suo exercito da Damiata per andar in Almansoria, onde arivo a li XXII decembrio ; per strada havevano trovato Arsemansac Lisac, zoë l’antiguardia del soldano. Li Templieri, che facevano l’antiguardia, li andorno adosso et amazorono da circa ducento, et el di siguente, quando li Christiani se hanno acostato apresso l’Almansoria, alcuni Saracini passoron la ripa per dannizar li Christiani, di quali furon tra morti et presi mille in circa. El signor de Arsuf, che era baiulo de Acre, a di XXVIII zener, ando con li cavaglieri de Acre a romper Bessan et uno grande albergo di Turcimani, onde vadagnorono da circa XVIm animali, tra piccoli et grandi, et preseno molti homini et femine, et l’amira, che vol dir a capo di quelli albergo.

  

1250

A di otto frever, il re de Franza passo el fiume Tenis per andar a la Mensoria ; nel passar del quale furon anegati molti, pur dapoi passato assaltorono li allogiamenti di Saracini et occiseno molti ; onde fu morto Facredin et molti amira, et presa la Mensoria, qual fo abandonata da li Saracini.

 


Il conte Roberto de Artas, frattel del re de Franza, et li Templieri, che fevano l’antivardia, introrno in la Mensoria et le gente che erano con loro corseno al vadagno per la terra ; il che vedendo i Saracini repigliorno animo et ritornorono correndo adosso a li Christiani et occiseno molti. Alhora fu morto el conte de Artas, el conte de Salebiers, Raul de Cossi, et molti altri baroni et cavaglieri.

Le 30 mars, le roi de France partit pour Damiette avec le roi de Chypre, dit le gros, et Eustache, archevêque de Nicosie. Ils touchèrent terre à Damiette le 4 juin ; et ayant trouvé la ville sans défenseurs ils l’occupèrent sans coup férir en deux jours.

 

Le roi de Chypre retira le gouvernement d’Acre à messire Jean de Foignon puis, à cause de la guerre entre Pisans et Génois, il voulut nommer gouverneur messire Jean de Iblim, seigneur d’Arsuf, mais celui-ci refusa en raison de cette même guerre. Cependant, suite aux prières insistantes du peuple d’Acre, du Temple et de l’Hopital, il accepta le titre de gouverneur ;

puis il négocie une trève de trois ans entre Pisans et génois, sur terre comme sur mer.

 


Le 27 novembre, le roi de France et son armée quittèrent Damiette pour Al-Mansourah où ils arrivèrent le XXII décembre ; En chemin ils avaient rencontrè Arsemansac Lisac, c'est-à-dire l’avant-garde du sultan. Les Templiers, qui formaient l’avant-garde, les attaquèrent et en tuèrent environ deux cents, et le lendemain, quand les chrétiens furent arrivés aux abords d’Al-Mansourah, quelques Sarazins traversèrent pour attaquer les Chrétiens, ils eurent environ mille morts ou prisonniers. Le seigneur d’Arsuf qui était bailli d’Acre, le XXVIII janvier, avec les cavaliers d’Acre, attaqua Bessan et son caravansérail Turc, ou ils prirent près de 16 000 animaux de toutes tailles, ainsi que beaucoup d’hommes, de femmes et l’émir, qui commandait ce caravansérail.

 

1250

Le 8 février, le roi de France passa la rivière de Thanis pour aller à la Massoure ; beaucoup furent noyés en traversant, après avoir traversé, ils assaillirent le campement des Sarrasins et en tuèrent beaucoup ; là mourut Fakr-eddin et beaucoup d’émirs, et la Massoure fut prise et abandonnée par les Sarrasins.

  

Le comte Robert d’Artois, frère du roi de France, et les templiers, qui formaient l’avant-garde, entrèrent dans la Massoure et les gens qui les accompagnaient se mirent à piller ; voyant cela, les Sarrasins reprirent courage et chargèrent les chrétiens et en tuèrent beaucoup. Alors moururent le comte d’Artois, le comte de Salisbury, Raoul de Coucy, et beaucoup d’autres barons et chevaliers.