Historia overo comentarii de cipro ou Chronique de l’ile de Chypre



 

Date approximative : 1562

Auteur : Florio Bustron

Edition utilisée :  " chronique de l'ile de Chypre " ou « Mélanges historiques » Tome V 1886 de René de Mas Latrie pages 107 et 108.

Traduction : Personnelle


 

     Florio Bustron est issu d’une famille de Chypre. Il occupa une place importante dans la Secrète Royale de Nicosie et rendit service aux véniciens de par sa connaissance de la langue française. Il écrivait en français comme le signale le provéditeur Sacredo dans un rapport daté de 1562-1564. Bustron cite ses sources dans sa préface. Il s’agit de :

  •  Les gestes des chypriotes écrits et traduits en français par Philippe de Novare.
  •  La chronique de Gérard de Montréal.
  •  Les lignages d’outre-mer.
  •  Les livres des remembrances de la Secrète Royale.
  •  La chronique de Georges Buston débutant l’histoire de Chypre en 1458 Cette source est considérée comme sûre. Elle est conservée dans cinq manuscrits :
    • Paris, Bibliothèque Nationale, pour la partie qui nous interresse, copiée sur le manuscrit de Londres, Manuscrits italiens n° 833
    • Londres, British Museum, Guilford n° 8630 « Istoria di cipro »
    • Gênes, chez le marquis Maximilien Bendinelli Spinola, manuscrit de la fin du XVII, le plus complet.
    • Gênes, Bibliothèque de l’Université cote CV3, manuscrit XVI-XVIIème siècle et EV15 ayant appartenu à P. Angelico Aprosio de Vintimille (Résumé seulement)

 

 

Del mille duecento quarantacinque fu fatto concilio per papa Innocentio a Lion, et fu demisso Frederico dall’imperio per li suoi demeriti, et ad Aluise, re di Francia, fu data la croce per soccorrer la Terra Santa; et messeno la croce li suoi fratelli, et molti conti, baroni, cavalieri, et altri con lui. Et mentre che questi si mettevano in ordine per venire, il soldan de Babilinia, chiamati Salacha, prese la citta di Thabarie per forza, e poi assedio Ascalona per terra e per mare, con 20 galere et una nave. Di che fu avisato in re Henrico in Chipro, et lui mando otto galee, due galioni, et centi cavalieri, capitanio de quali ordino Baldoino de Iblin, et delle galere Gioan de Iblin, signor de Arsuf. Quali andati in Ascalona, et intrati per forza nel porto, Iddio mando un temporal grandissimo per il quale tutte le galee et navi de infedeli investirono in terra, et furon rotte tutte. Pur li infedeli, in spatio de doi mesi, preseno Ascolona, dove fu morto Balian de Iblin, signor de Barutho.

 

Venuto poi il re Aluise di Francia in Cipro, a 15 di settembre, stette a Limisso tutta l’invernata, et di maggio del 1249 si parti, et con lui il re di Cipro, et Eustorgio arcivescovo di Nicosia, et andorono a Damatia ; la qual citta trovata disprovista, la preseno senza botta di spada in doi giorni. Dove fu poi un gran temporal con tempesta, et si ruppeno d’avanti a Damatia 32 navi, 20 galere et altri 30 vaselli in quella riviera. Li Christiani si mosero di li per andare in Almansoria, e per strada furono assalti da Saraceni ; ma havendoli trovati in ordinanza combatterono con essi, et li ruppeno ; dove furono tra presi et morti da mille Saraceni, et

passando il fiume Tenis perirono molti Christiani ; nondimeno subito passati assaltarono li alloggiamenti degli infedeli, et occiseno molti ; dove mori Faihredin et molti amira, et preseno anche Almansouria, abbandonata dalli Saraceni. Et intrati dentro il conte Roberto d’Artas, fratello de re, et li Templieri ch’erano in l’avanguardia con loro gente, li soldati corsono al guadagno nelle case de Saraceni, et uscirono dall’ ordinanza ; il che vedendo li Saraceni, che per fama li stimavano molto regulati guerrieri, et percio havevano d’essi rispetto grande, feceno all’hora animo, et tornati dietro, corseno adosso alli Christiani, et amazono molti d’essi, tra li quali morirono il conte d’Artas, il conte de Salesbieres, Raul de Cossi, et molti altri baroni et cavalieri.

 

En 1245 le pape Innocent réunit un concile à Lyon où l’empereur Frédéric fut démis pour ses fautes. Louis, roi de France prit la croix pour aller au secours de la Terre Sainte avec ses frères ainsi que de nombreux comtes, barons, chevaliers ou autres. Pendant les préparatifs de cette expédition, le sultan de Babylone, appelé Saleh, conquit la ville de Tibériade et mis le siège devant Ascalon, sur terre comme sur mer avec 20 galères et un navire. Le roi Henri de Chypre fut avisé de cela et il envoya 8 galères, deux galions et cent cavaliers avec à leur tête le capitaine Baudoin d’Iblin et pour commander les galères Jean d’Iblin, seigneur d’Arsuf. Ils cinglèrent vers Ascalon et forcèrent l’entrée du port. Il y eut alors un orage si puissant qu’il écrasa les galères et les navires des infidèles sur la berge, tous furent détruits. Mais, en l’espace de deux mois, les infidèles prirent Ascalon où Balian de Iblin, seigneur de Beyrouth trouva la mort.

 

Puis le roi louis de France vint à Chypre le 15 septembre. Il s’éjourna à Limassol tout l’hiver, et en mai 1249, il repartit vers Damiette avec le roi de Chypre et Eustache l’archevêque de Nicosie ; cette ville fut trouvée déserte et ils la prirent en deux jours sans coups férir. Il y eut une grande tempète et devant damiette firent côte 32 navires 20 galères ainsi que 30 vaisseaux dans la rivière. Les chrétiens firent mouvement vers Al Mansourah et, en chemin, furent attaqués par les sarasins, mais les ayant rencontrés en position de combat, ils les vainquirent. Les Sarasins eurent près de mille morts ou prisonniers. En traversant la rivière de Thanis, beaucoup de chrétiens se noyèrent. Néanmoins, une fois traversés, ils surprirent les infidèles dans leur campement et en tuèrent beaucoup. Ainsi mourut Fakr-eddin et de nombreux émirs, ils prirent aussi Al Mansourah abandonné de ses défenseurs Sarasins. Entrèrent donc le comte Robert d’Artois puis les Templiers qui formaient l’avant-garde avec leurs gens, les soldats courrurent piller les maisons des sarasins tout en s’éparpillant. Les Sarasins virent cela et, parcequ’ils n’estimaient et n’avaient de respect que pour les guerriers réguliers, ils reprirent courage et firent face, ils poursuivirent tous les chrétiens, et en tuèrent beaucoup, c’est ainsi que périt le comte d’Artois, le comte de Salisbury, Raoul de Coucy et beaucoup d’autres barons et chevaliers.