ORLEANAIS

 

 

       Le comté de Vendôme a été intégré à la province de l'Orléannais. Nous l'avons donc étudié à part à cause de son obédience plantagenaise.


 

DOMAINE ROYAL

 

 

     - A - Bois des Saunets, 45640 Sandillon :

 

Château de L'Isle
Château de L'Isle

 

      Le bois des Saunets est situé sur une ancienne île de la Loire qui s'appelait à l'époque l'Ile aux Bourdons du nom du seigneur propriétaire Pierre Bourdon en 1348. Sur cette île se trouve, tout près du bois des Saunets un château appelé Château de L'Isle (ci-contre). Les ruines de ce château du XVIème existent encore près des pépinières du domaine de Melleray. Le château a été construit au pied d'une motte plus ancienne.

 

     Ce château est sur la commune de Saint-Denis-en-Val qui est un village très ancien car on y trouve les restes de quatre habitations gauloises et que la première église y fut édifiée au VIème siècle. En 1022, le village appartenait à l'abbaye Saint-Mesmin-de-Micy dont la règle d'origine était celle rapportée d'orient par Saint Martin.

 

     Le bois des Saunets est sur la commune de Sandillon également très riche en histoire puisque gallo-romaine et que la mère de Jeanne d'Arc, Isabelle Romée s'y retira après 1429.

 

     Tous ces lieux sont très proches d'Orléans et participaient à la défense de la ville. On peut donc se demander si l'on est pas là sur une piste remontant à l'époque où Hugues l'Abbé, successeur de Robert le Fort dota Ingelger, l'ancêtre des comtes d'Anjou, de terres autour d'Orléans vers 886 avant que celui-ci ne reçoive une partie de l'Anjou de la part de Louis II le Bègue. La présence de défenses sur les îles de la Loire était alors primordiale pour freiner les raids Vikings.

 

 Hypothèse d'affectation : Saxons

 

Compléments

DOMAINE ROYAL

 

     - 1 - Les Saulniers, 45700 Vimory :

 

     Le site ne présente aucune particularité qui en ferait un guet, le terrain étant plat et servant d'aérodrome. Un château dit de la Mothe est trop près pour être associé au site. Le nom peut éventuellement faire penser à un octroi pour la gabelle compte tenu de la proximité de la ville de Montargis. Pourtant, l'histoire de Montargis et de son château présente des opportunités inintéressantes. En effet, Hildegarde Hérou, fille de Geoffroy II Féréol et Ermengarde d'Anjou, sœur de Geoffroy III et Foulques IV d'Anjou épouse Jocelin de Courtenay et lui apporte le château de Montargis (Voir n°a de l'Ile-de-France).

 

Hypothèse d'affectation : Autres toponymes

 

 

     - 2 - La Motte aux Saulniers, 45760 Boigny-sur-Bionne :

 

     La même observation que pour le site précédent est valable pour celui-ci dans la banlieu d'Orléans. Signalons simplement la proximité de la commanderie magistrale de l'Ordre militaire et hospitalier de Saint-Lazare au château de Boigny-sur-Bionne.

 

Hypothèse d'affectation : Autres toponymes

 

 

   - 3 - La Sonnerie, 45110 Germigny-des-Prés :

 

Gisant de Philippe Ier
Gisant de Philippe Ier

 

 

     Germigny et son oratoire magnifiquement décoré d'une mosaïque carolingienne appartient à l'abbaye de Saint-Benoît-sur-loire. On peut donc penser que la Sonnerie a été mise en place en aval de l'abbaye après la première destruction de l'abbaye par les Vikings, au moment de sa fortification en 883. Le roi Philippe Ier est inhumé dans la collégiale (ci-contre).

 

 

 Hypothèse d'affectation : Hugues l'Abbé

 

 

     - 4 - Le Crot Saulnier, 45460 Bray-en-Val :

 

    Comme le n°3, le Crot (coude de la rivière) Saulnier est à l'est de l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire à peu près à la même distance que Germigny au nord-ouest. Un ensemble de guets devaient donc entourer l'abbatiale traumatisée par les attaques surprises venant du fleuve.

 

Hypothèse d'affectation : Hugues l'Abbé

 

 

     - 5 - La Saunerie, 41600 Lamotte-Beuvron :

 

Les comtés en 1030
Les comtés en 1030

     Une question se pose concernant la proximité de la Saunerie au nord-est du château de Lamotte-Beuvron. D'une part, le site est trop proche de la motte féodale pour en être une dépendance et d'autre part il est situé du mauvais coté car, de tout temps, Lamotte-Beuvron a été une dépendance de Vouzon vassale de la Ferté-Saint-Aubin. Il s'agit pourtant bien d'une vraie "Sonnerie" puisque nous sommes à la frontière entre  le domaine royal et le comté de Blois (croix rouge ci-contre). La seule solution est que notre Saunerie soit antérieure à l'existence de la forteresse de Lamotte dont nous ne connaissons pas la date de création. La Saunerie était donc le guet du château de Vouzon en limite des possessions du comte de Blois lorsque celui-ci fut en froid avec le roi vers le Xème siècle. Effectivement, en 945, Hugues le Grand fait prisonnier le roi Louis IV d'Outremer et le remet en garde à Thibaut Ier de Blois dit le Tricheur. Le coup d'état est trop précoce et Louis IV est libéré contre l'abandon de Laon à Thibaut. Avec l'appui de son beau-frère, l'empereur Saxon Otton Ier, Louis IV déclare la guerre contre Thibaut de 946 à 953, Hugues le Grand est excommunié, Laon est reprise  jusqu'à la paix de Soissons. La frontière sera alors fermement maintenue par Hugues Capet malgré les efforts des comtes de Blois pour relier le comté de Blois à leurs possessions en Champagne.

 

Hypothèse d'affectation : Louis IV d'Outremer

 

COMTE de CHATEAUDUN

 

     - B - Saunay, 41160 Brévainville :

 

      Il existe un lieu dit Saunay dans la commune de Brévainville (41160) dans le Loir et Cher. C’est le siège d’une exploitation céréalière. Au XVIII ème siècle, le fief était commun avec celui du château de Thierville à Charray (28220) ayant appartenu aux familles « de Laage de Cerbois » originaire du Berry et « des Personnes » originaire de l’Orléanais. On peut citer également Marguerite du Coudray dame de Saunay et d’Escoman épouse de Jacques Courtin de Tanqueux (1655) et leur fils Alexandre Germain Courtin de Tanqueux écuyer seigneur de Saunay et de Thierville (1682). Le château de Thierville appartenait en 1241 à l’abbaye de Saint Florentin de Bonneval.

 

     Bien que Saunay soit inclus dans le comté de Chateaudun, il est probable qu'il ait été une position avancée du château de Fréteval ce qui le mettrait à la frontière du comté de Vendôme avec le comté de Châteaudun. C'est à Fréteval qu'Henri II se brouilla avec Thomas Becket et que Richard Coeur de Lion défit Philippe Auguste qui perdit à cette occasion les archives et le sceau de France. Des traces de fortifications  semblent visibles par photo aérienne près de Saunay. On peut en effet imaginer que Richard Cœur de Lion se soit empressé d'organiser la défense du site après la prise de la forteresse de Fréteval (Voir Vendôme n° 1, site symétrique au Saunay de Brévainville par rapport à Fréteval).

 

     Si l'on ne retient pas cette hypothèse, il faudrait remonter au temps où Charles le Chauve ordonna de fortifier la vallée du Loir face à l'avancée normande en 838. En 956, le vicomte de Chateaudun Geoffroy Ier était un Rorgonide proche des Robertiens. En 1003, Geoffroy II vicomte de Chateaudun était le frère d'Hugues du Perche, le plus ancien ancêtre des Plantagenêts.

 

  Hypothèse d'affectation : Charles le Chauve

 

Compléments (suite)

COMTE de CHARTRES

 

     - 6 - Sonville, 28300 Poisvilliers :

     - 7 - Senneville, 28700 Francourville :

 

     Autour et assez proches de Chartres se trouvent ces deux sites manifestement voulus par le comte de cette ville Thibault IV de Blois qui se joint en 1107 aux conjurés réunis par Philippe de Mantes (voir la conjuration au n°a de l'île-de-France). De 1111 à 1119 il est constamment en guerre contre Louis VI aux coté du roi d'Angleterre Henri Ier, son oncle, et de son frère Etienne de Blois qui succédera à Henri Ier.

 

     Sonville est au nord de Chartres et Senneville au sud-est sur la voie romaine Chartres-Sens appelée "Chemin de saint Mathurin".

 

Carte 1; Carte 2Hypothèse d'affectation : Foulque IV.

 

 

     - 8 - Sonvilliers, 28310 Fresnay-l'Evêque :

 

     Le site de Sonvilliers se trouve au croisement de deux voies romaines dont celle du n°7 ci dessus avec le "Chemin d'Ablis" matérialisé de nos jours par une longue ligne d'éoliennes le long de l'A10. Il semblerait que ce site puisse être la frontière nord du turbulent vicomte de Chartres, comte de Corbeil et seigneur du PuisetHugues III, qui eut maille à partir avec Louis VI qui dût construire un château à Toury pour détruire celui du Puiset. Il était pourtant aidé des Montlhéry et de Thibaut IV de Blois son ancien ennemi - voir la conjuration du n°a d'Île de France. Un lieu dit "Semonville" au sud est du Puiset semble également faire partie des défenses du château principal malgré une légère déformation du toponyme.

 

CarteHypothèse d'affectation : Foulque IV.

 

 

     - 9 - Le Château de Senneville, 28130 Chartrainvilliers :

 

     Il n'y a plus de château du tout dans ce champ cultivé mais il a existé un fief appelé Senainville à Chartrainvilliers. On pouvait associer ce site au confins du pays Chartrain et du comté de Montfort l'Amaury aux sites précédents n°6 et 7 pour assurer la surveillance de Chartres, au nord ouest de la ville. Mais un rapprochement avec le château de Maintenon est plus judicieux, les seigneurs de ce château étant attestés depuis le Xème siècle. Germont Ier de Maintenon dit Finitimus est cité en 1028 comme co-fondateur de la ville de Coulombs très proche de Senantes voir n°g de l'Île-de-France. Il était donc vassal à l'époque d'Amaury Ier de Montfort grand-père de la reine Bertrade épouse de Philippe Ier.

 

CarteHypothèse d'affectation : Foulque IV.

 

SEIGNEURIE de BEAUGENCY

 

     - a - Le Saulnier, 45310 Saint-Sigismond :

 

     Un autre lieu-dit tout proche, "les Saules" pourrait faire penser à un lieu planté de cet arbre. Cependant d'autres lieux-dits "Saumery" ou "Ferme de Sennelay" renforcent la notion de frontière. La proximité de l'imposante motte médiévale de Nids à Tournoisis confirme la vétusté et l'importance du site. Le village de Saint-Sigismond (anciennement Columna) est célèbre pour son puits dans lequel Clodomir, roi d'Orléans (511-524), a jeté les corps de Saint-Sigismond, roi de Burgondie et de sa famille. Tout cela milite pour un haut lieu mérovingien avec surement la présence d'un palais. Plus proche de nous, les premiers seigneurs de Beaugency vers 1025, étaient également seigneurs de la Flèche (Maine) et du Lavardin (Vendômois) et très proches des comtes du Maine ce qui expliquerait mieux la présence d'un guet de ce nom orienté vers les possessions royales au nord de leur domaine.

 

CarteHypothèse d'affectation : Foulque III

 

 

     - b - Les Basses Sornières, 41500 Lestiou :

 

     Même si le toponyme est un peu éloigné de notre recherche, il ne serait pas étonnant que le site soit le guet de Beaugency sur sa frontière sud-ouest avec le comté de Blois. Il est en effet sur la limite même des deux départements le long de la Loire. Les seigneurs de Beaugency étaient vassaux des comtes de Blois ce qui relativise la nécessité de garantir cette frontière et ferait remonter le site avant que Thibaut le Tricheur ne se proclame comte de la dot de sa mère vers 943 avec l'assentiment d'Hugues le Grand.

 

 Hypothèse d'affectation : Hugues le Grand

 

COMTE de BLOIS

 

     - c - Gué de la Sornière, 41140 Noyers-sur-Cher :

 

     Ce gué sur le Cher mais plus exactement Châteauvieux (qui était déjà vieux à la fin Vème siècle !) a été la frontière du comté de Blois avant que Thibaut Ier ne s'étende vers le Berry en 960. Dès le Xème, la terre autour du château de Villentrois appartenait à Foulques le Roux (autre nom de Foulque Ier), voir Berry n°4. Les possessions des comtes de Blois sont donc limitées autour de Châteauvieux. Nul doute que le gué devait être soigneusement surveillé ! 

 

Hypothèse d'affectation : Foulque II