V - Les Ingelgeriens (887 - 1060)

 

 

     Nous revenons un peu en arrière dans le temps pour suivre la montée des proches du Welf Hugues l'Abbé ou du Robertien Robert le Fort qui combattirent sur les marches de Neustrie. Parmi ceux-ci, les Ingelgeriens qui vont devenir les puissants comtes d'Anjou et les principaux divulgateurs des méthodes de défenses saxonnes.

 

 

     Le fondateur de la lignée des comtes d'Angers, Ingelger était d'origine germanique si ce n'est saxonne (voir les précisions sur Ingelger). Comment a t'il adopté la politique castrale de nos Saxons ? Est-ce sur ses fiefs orléannais ? Est-ce en combattant les châteaux normands érigés par Hasting lors des raids vikings sur Angers ? Est-ce au contact de la maison de Bellême ? Est-ce simplement par son origine familiale ? Peu importe... Toujours est-il que Ingelger et ses successeurs seront des disciples méticuleux et se révéleront maîtres en castellologie au contact de leurs ancêtres ! 

 

     Pour rejoindre la légende, il est très possible que des Saxons aient fait partie des 6000 hommes recrutés vers 887 par Ingelger, avec les seigneurs de Semblançay, de l'Isle Bouchard et Atto de Preuilly pour aller récupérer manu militari les corps de Saint Martin de Tours et de Saint Mélaine (évêque de Rennes en 505) que l'abbaye Saint Germain d' Auxerre refusait de rendre à leur propriétaires originels. Il faut dire que de telles reliques attiraient nombre de pèlerins et se révélaient très rentables.

 

      Berry n° 5.


 

      Dans le contexte ci dessus, ou dans tout autre moins légendaire mais inconnu, il n'est pas surprenant qu'Ingelger préfet de Touraine et Atto de Preuilly ("atten" veut dire 18 en danois !) ou leurs successeurs aient recruté des Saxons pour garder les frontières de leurs domaines en Touraine sud, terre originelle de la maison d'Angers héritées du mariage d'Ingelger avec Aelendis d'Amboise ou de Buzançais qui introduisit le prénom de son père Foulque dans la maison d'Anjou. Ingelger était possessioné autour d'Orléans, reçut le château d'Amboise à l'occasion de son mariage et reconstruisit Buzançais, en 879 reçut également le gouvernement d'Angers en deça du Maine puis fut nommé préfet de Tours et vicomte d'Orléans.

 

 

Foulque Ier le Roux ( 888 - 942 )

 

     Foulque Ier, vicomte de Tours et d'Angers, fils d'Ingelger, il renforça la présence familiale en Touraine sud en épousant la Widonide Roscille de Loches. Il fut le premier comte d'Anjou reconnu comme tel par Hugues le Grand en 930. De sa femme Roscille, il hérite des châteaux de LochesLa Haye, Villandry et un autre château à Amboise (il y en avait trois sur Amboise). Il fut nommé vicomte de Tours jusqu'en 909, comte de Nantes de 914 à 919, comte d'Anjou de 930 à 942.

 888 Eudes Ier

      De nouvelles frontières sont à défendre :

   898 Charles III le Simple

      Anjou n° 3, 18, 19 , f ; Touraine n° 27, 29.


922 Robert Ier

      Il faut également défendre les grandes abbayes comme Saint-Philbert-de-Grand-Lieu

923 Raoul

      Bretagne n°j.


 936 Louis IV d'Outremer

     En épousant en seconde noce la veuve d'Alain Barbetorte, Foulque II fut comte de Nantes et régent de Bretagne de 958 à 960, il cède Saumur à Thibault Ier le Tricheur et conquiers Méron (Montreuil Bellay) sur Guillaume III de Poitiers.

 

     Nouvelles frontières :

 954 Lothaire

 

     Les vicomtes de Beaumont-au-Maine commencent à construire une ligne de fortifications anti-normande.

 

     Maine n°15, 16, 19, 25.


 

     Vers 950, une fille d'Hugues du Maine, Rothilde ou Mélisandre épouse Guy-Raoul de Brosse vicomte de Brosse en Limousin qui utilise aussi des Sonay.

 

      Marche n° 2.


 

     Geoffroy Ier contrôle le comté de Nantes suite à la victoire de Conquereuil (981), prends Loudun et Mirebeau en 970 à Guillaume IV Fier-à-Bras, fait alliance avec les vicomtes de Thouars Aimery II et ses successeurs.

 

     Nouvelles frontières :

 

        Anjou n° 4, 20, 21, 22, 23 ; Touraine n° 23, 24.


 

      En 967, Adélaïde d'Anjou, Soeur ainée de Geoffroy, épouse en seconde noces Etienne de Gévaudan (954-970). On voit sa trace autour de Millau avant de la retrouver en Provence en 984.

 

      Quercy n° 9, 10.


 

      On sait très peu de choses de la bataille de la Roche Saint Paul sur la commune de Dissay qui a eu lieu (ou pas ?) en 970. La toponymie atteste une présence de nos Sonay à cet endroit, avec également la présence d'une frontière temporaire n'englobant pas la ville de Mirebeau.

 

      Anjou n° 7, 8, 9.


 

     Les Sonay sont peut être présents depuis 970 autour de Parthenay et en tout cas sont restés fidèles très longtemps à ce terroir, même après le départ des Plantagenêts auxquels ils ont apporté tout leur savoir faire. 

 

      Poitou n° F. 


 

     A partir de 978 la maison d'Anjou va se brouiller avec la maison de Blois et une guerre de 70 ans va s'en suivre.

     En 979, Il épouse Adélaïs de Châlon, veuve de Lambert de Châlon et devient comte de Châlon.

 

      Bourgogne n° f, i .


 

      En 981 suite à la bataille de Conquereuil entre le comte de Nantes, Hoël aidé de Geoffroy et le comte de Rennes, Conan aidé des normands, Geoffroy reprends le contrôle du comté de Nantes.

 986 Louis V le Fainéant

      Bretagne n° g, h


 

     Sous Lothaire (954-986), on trouve des traces des comtes d'Anjou en Provence suite au mariage, en 984, de Guillaume le Libérateur avec Adélaïde d'Anjou, fille de Foulque II et sœur de Geoffroy.

 987 Hugues Capet

     Provence n° 6, c, l.


 

 Foulque III Nerra ( 987 - 1040 )

 

     Foulque III fut, sans conteste, le meilleur stratège et castellologue du moyen-age. c'est lui qui quadrilla l'Anjou de forteresses impressionnantes et fit largement appel à nos anciens Saxons pour défendre ses frontières qu'il n'avait de cesse de repousser au détriment de ses voisins. Il était obnubilé par la conquête de la ville de Tours détenue alors par les comtes de Blois, ses pires ennemis. C'est sous son long règne de 63 ans que fut construit le premier château de Sonnay, fer de lance vers la ville désirée de Tours, qui vit beaucoup plus tard la naissance et la jeunesse de Guillaume de Sonnac. Le domaine du comte d'Anjou était encore très morcelé à l'avènement de Foulque Nerra. Il ne faut pas manquer de visionner la carte approximative  réalisée à partir des écrits de Louis Halphen en introduction du chapitre sur la Touraine pour comprendre ce qu'il restait à faire pour relier les terres ancestrales de Touraine sud à celles du comté angevin. Foulque vit en effet la prise de la ville de Tours mais ce ne fut que temporaire. C'est son fils Geoffroy II qui réalisera la grande ambition de son père.

 996 Robert II le Pieux

     Foulque Nerra étends le territoire angevin en annexant le château de Montsoreau, les Mauges, Langeais, Saumur en 1023 et Chinon. Il exerce la tutelle de son petit fils à Vendôme. Il reste maître du comté de Nantes jusqu'en 992. On connait de lui plus d'une centaine de châteaux forts avec donjon carré. Commençons par la défense des frontières :

 

        Anjou n° 1, 24 ; Berry n° 4.


 

      L'intégration des Mauges est un long processus stratégique et politique mené de main de maître par Foulque Nerra au tout début de son règne et ce, sans combats.

 

       Anjou n°14, 1516.

 

     Le concile de Charroux sur "la paix de Dieu" en 989 aura des répercussions concernant les luttes entre seigneurs.

 

      Poitou n°E et 8.

 

     L'étude patronymique d'autre part nous a appris que le plus ancien "de Saunay" connu est Aimery annobli par Foulque III Nerra avant 1026, à la même période que Roger II de Montrevault dans les Mauges, établi sur la frontière saumuroise. C'est ainsi que nos précédents soldats barbares, depuis longtemps oubliés, acquirent une place enviée parmi la noblesse angevine et plus tard plantagenaise, ce qui permit à Guillaume d'entrer et de faire carrière chez les Templiers car il fallait être noble pour être admis comme chevalier templier avec le manteau blanc.

 

     Vers 1025, les premiers seigneurs de Beaugency proches des comtes du Maine (Herbert Ier Eveille-Chien) et du Vendômois (Foulques) utilisent également des Sonay.

 

 

     En 1026, Foulque récupère Saumur laissé presque sans défense. Il fortifie sa nouvelle conquête pour l'intégrer à l'Anjou. De 1026 à 1038 deux Saunay surveillent le château de Chinon encore aux mains de Eudes II de Blois.

 

     Anjou n° 6; Touraine 618.


 

     Gerberge d'Anjou, la sœur de Foulque Nerra épouse Guillaume IV Taillefer d'Angoulème et utilise les techniques plantagenaises pour défendre son comté.

 

 

     En pays Lyonnais, l'abbaye de Savigny élit l'abbé Itier Ier en 1018. Celui-ci semble apparenté à une famille angoumoise de la postérité de Gerberge d'Anjou. Avec Itier II, l'abbaye utilise abondamment les techniques de défenses saxonnes.

 

 

      En 1030, Hugues Ier de Clairvaux dit Mange-Breton, vassal de Foulque III, fortifie le Haut-Clairvaux, près de Châtellerault.

 

      Poitou n° 2, 3.


 

      On a vu que Foulque Nerra installait des hommes de confiance et les incitait à fortifier leur possessions avec des postes de guet tout en les anoblissant s'ils ne l'étaient pas : on l'a vu pour les Parthenay, pour les Mauges, pour Beaugency, pour Clairvaux etc...

 

      Voici deux derniers cas vers 1030 : le premier pour protéger l'église de Bréjeuille près de Couhé qu'il avait confié à Aimery II de Rancon ; le second en saintonge pour occuper la tour de Pons, deux lieux qui lui avait été confiés par Guillaume VII le Grand de Poitiers

 

      Poitou n°h ;  Saintonge n° 5.


 

      Dreux de Vexin, propriétaire d'un des rares châteaux normands que l'on peut dater précisément, épouse une princesse anglaise Godgifu et fortifie le Vexin français en 1031. 

 1031 Henri Ier

       Île-de-France n° 7.


 

      Peu de temps avant sa mort, Chinon se rend enfin et les premières pierres du château de Sonnay d'où Guillaume de Sonnac est originaire sont posées.

 

      Touraine n°7.


 

 Geoffroy II Martel ( 1040 - 1060 )

 

       Geoffroy Martel a d'abord essayé de s'affranchir de la tutelle pesante de Foulque Nerra son père en épousant la veuve de Guillaume V le Grand duc d'aquitaine Agnès de Bourgogne. Il bat Guillaume VI à Moncontour en 1033 et, avec l'appui de Geoffroy II de Thouars, s'empare de la Saintonge. Il s'empare aussi du comté de Vendôme. Sa conquête du Maine est restée momentanée.

 

    Devenu comte d'Anjou il combat Thibaud III de Blois et remporte la bataille de Nouy qui lui rapporte, cette fois définitivement, l'ensemble de la Touraine. Nous rappelons ici la participation active et symptomatique du Saunay du Château de la Bourdaisière dans l'obtention de renseignements ayant contribué à cette victoire. La nouvelle frontière est bien sûr protégée aussitôt.

 

     Touraine n° 4, 26.


 

     Le village de Saunay est sur la frontière angevine de 1044 à 1144

 

     Touraine n° 1, 2, 25.


 

     La frontière ouest Maine-Bretagne reste toujours très mouvante entre 1020 et 1050.

 

      Bretagne n° 7 ; Maine n° 9


 

    A l'est du Maine, Saint-Calais forme une enclave pro-normande dirigée par l'évêque Guillaume de Saint Calais, compagnon de Guillaume le Conquérant vers 1030, deux sonay la surveillent de près, l'un coté Maine, l'autre coté Vendôme.

 

 

     Petite histoire amusante sur les menhirs formant frontière entre Vendôme et Blois. Et comme quoi "sonner" pouvait signifier "border", "faire frontière".

 1060 Philippe Ier

      Vendômois n° 4, 5.