Chronicon ou Chronique universelle et Chronique abrégée des rois de France



Date approximative ; 1300

Auteur : Guillaume de Nangis, Guillelmi de Nangiago

Edition utilisée : « Recueil des historiens des Gaules et de la France » Tome XX Edition de Daunou et Naudet 1811 p. 552

 

Edition traduction : Traduction par Guizot pour la « collection des mémoires relatifs à l’histoire de France. » 1825 p. 157

Fiche Arlima ou CartulR : Arlima 1

 

 

     La Chronique commence par une copie de l’œuvre de Sigebert de Gemblours pour la partie avant 1113. Après 1285 c’est une œuvre historique de premier plan puisqu’écrite au jour le jour jusqu’en 1301.

 

     Les manuscrits latins sont le 574 du fonds de la reine au Vatican (seconde version) et le 6184 du fonds latin de la Bibliothèque Nationale (première version) folio 1 recto. Ce dernier manuscrit provient de la bibliothèque des Carmes de Clermont-Ferrand puis de la bibliothèque de Colbert.

 

      Le manuscrit en français est le 6763 des manuscrits latins de la Bibliothèque nationale.

 

     Le manuscrit du XIVèmede l’abrégé de la chronique française de Guillaume de Nangis et de sa continuation jusqu’à Philippe de Valois se trouve à la Bibliothèque Nationale sous le n° 5696 folio 42 recto à 56 recto

 

 

Na - Bien que ne citant pas les Templiers, cette chronique est intéressante par sa concision et résume l’ensemble des évènements auxquels Guillaume de Sonnac participa. p. 552 - 157

 

 

MCCXLIX. Sanctus Ludovicus rex Franciae cum peregrinorum multitudine infinita, de Cypro ubi hyemaverat circa Ascensionem Domini recedens, apud Damietam primam Aegypti civitatem applicuit ; sed cum vasella nostrorum usque ad terram siccam attingere non possent propter maris planitiem, Franci relictis vasellis suis contra Sarracenos, qui littus observantes nitebantur eis defendere, saliendo in mare cum armis suis usque ad genua in aquis se miserunt, et viriliter in Sarracenos impetum facientes, terram hostibus repulsis et pluribus interfectis occupaverunt : deinde vero galeae ipsorum os Nili fluvii occupantes, fugientibus Sarracenorum galeis, littus ac portum acceperunt, et ipsa die qua venerant, in littore sua tentoria posuerunt ; quod percipientes de Damieta Sarraceni, mox subito, divina virtute perterriti, illa nocte populus, et die crastino magnates de urbe exeuntes in fugam versi sunt, prius igne posito circumquaque ; quo statim a nostris percepto, commoto exercitu simul concurrentes civitatem intraverunt, et in ea amoto igne garnisionem regis Franciae posuerunt. Demum, mundata civitate, sanctus Ludovicus rex Franciae, rex Cypri et barones totius exercitus Christiani, legatus et patriarcha Jerosolymitanus cum clero universo nudis pedibus eam processionaliter intraverunt, et mahomeriam, quae dudum in altera ejusdem urbis captione fuerat beatae Mariae virginis consecrata ecclesia, reconciliaverunt ; deinde redditis inibi de impensis beneficiis gratiarum actionibus Deo altissimo, celebrata fuit missa solemniter in honore beatae Mariae genitricis Domini a legato. Sic ergo divinitus capta Damieta octava die post Trinitatem, rex franciae et totus exercitus Christianus ibidem tota aestate usque ad decrescentiam Nili fluminis perstiterunt, timentes ne in ejus crescentia damnum incurrerent, sicut alias tempore Johannis regis Jerusalem legitur Christianis accidisse. Alphonsus comes Pictavensis, sancti Ludovici regis Franciae frater, qui ad regni custodiam cum matre relictus fuerat, eidem dominae matri suae Blanchae reginae dimissa regni custodia, cum uxore fratris sui Roberti comitis Attrebatensis iter transmarinum arripuit, et die Dominica ante festum apostolorum Simonis et Judae applicuit apud Dametiam. Sanctus Ludovicus rex Franciae Damieta victualibus et gente munita, vincesima die Novembris de urbe cum exercitu recedens, processit adversus Sarracenos, qui apud Massoram in magnum fuerant exercitum congregati. Cum vero ibidem tota hyeme nostri cum Sarracenis bene et viriliter decertassent, quamplurimos ex ipsis occidentes, et damna non modica inferentes ; tandem dum una die inconsulte et inordinate contra eos ad praelium processissent, Sarraceni resumptis viribus nostros undique circumvallentes, non modicam stragem ex ipsis fecerunt ; ibi namque Robertus comes Attrebati, sancti Ludovici regis Franciae frater, alios praeveniens inconsulte, ut vidit villam Massorae apertam, se infra eam impetuose ingerens cum Sarracenis fugientibus, et minus caute quam decebat, inter manus hostium incidens, temporaliter est amissus.

 

MCCL. Sancto rege Franciae Ludovico Sarracenos apud Massoram expugnante, nostris occulto Dei judicio omnia successerunt in contrarium…

[1249.] Vers l’ascension du Seigneur, saint Louis, roi de France, quittant Chypre où il avait passé l’hiver avec une multitude infinie de pèlerins, aborda à Damiette, première ville de l’Egypte. Comme nos vaisseaux ne pouvaient approcher du rivage, à cause des bas fonds de la mer, les Français, laissant leurs vaisseaux, s’avancèrent contre les Sarrasins, qui, gardant le rivage, tâchaient de nous empêcher de prendre terre, sautèrent dans la mer avec leurs armes, et se mirent dans l’eau jusqu’au genoux. Fondant courageusement sur les Sarrasins, ils s’emparèrent du rivage, d’où ils repoussèrent les ennemis dont ils tuèrent un grand nombre. Ensuite, les bateaux des Sarrasins s’étant emparés de l’embouchure du Nil, les nôtres les mirent en fuite, et prirent possession du rivage et du port ; et, le jour même qu’ils étaient venus, ils dressèrent leurs tentes sur le rivage. A la vue de ces succès, les Sarrasins de Damiette, miraculeusement saisis d’une terreur subite, quittèrent la ville, et s’enfuirent, le peuple pendant la nuit même, et les grands le lendemain matin, après avoir mis le feu de tous cotés. Les nôtres l’ayant aussitôt appris, l’armée se mit en marche, tous entrèrent en même temps et avec empressement dans la ville. Ils éteignirent le feu, et mirent une garnison du roi de France. La ville ayant enfin été purifiée, le roi de France saint Louis, le roi de Chypre, les barons de toute l’armée chrétienne, le légat et le patriarche de Jérusalem, avec tout le clergé y entrèrent en procession, les pieds nus, et réconcilièrent la Mahomerie, qui longtemps auparavant, à l’autre prise de cette ville, avait été consacrée église de la sainte Vierge Marie. Après qu’on eut dans cette église rendu des actions de grâces au Dieu très haut pour les bienfaits qu’il accordait, le légat célébra une messe solennelle en l’honneur de sainte Marie, mère de Dieu. Damiette ayant ainsi été prise par la volonté divine, huit jours après la Trinité, le roi de France et toute l’armée chrétienne y restèrent tout l’été jusqu’à ce que le Nil eût décru, dans la crainte que la hauteur de ses eaux ne leur fit éprouver des dommages, comme on lit qu’il arriva une fois aux Chrétiens dans les temps du roi de Jérusalem. Alphonse, comte de Poitou, frère de saint Louis, roi de France, qui avait été laissé avec sa mère pour la garde du royaume, en abandonnant le soin à la dite dame sa mère, la reine Blanche, prit le chemin d’outre mer avec la femme de son frère Robert, comte d’Artois, et aborda à Damiette le dimanche avant la fête des apôtres saint Simon et saint Jude. Saint Louis, roi de France, ayant muni Damiette de vivres et de gens, quitta cette ville avec son armée le vingtième jour de novembre et marcha contre les Sarrasins qui s’étaient rassemblés en une grande armée à Massoure. Les nôtres ayant bien et courageusement combattu tout l’hiver dans ce pays contre les Sarrasins, dont ils tuèrent un grand nombre, et auxquels ils firent éprouver de grandes pertes, s’avancèrent un jour contre eux au combat sans précaution et sans ordre. Les Sarrasins, qui avaient repris des forces, entourèrent les nôtres de toutes part et en firent un grand carnage. Dans cette affaire, Robert, comte d’Artois, frère de saint Louis, roi de France, s’étant imprudemment porté trop en avant, ne vit pas plus tôt la ville de Massoure ouverte, qu’il s’y précipita impétueusement avec les Sarrasins en fuite, et, par une témérité peu convenable, tombant entre les mains des ennemis, fut perdu pour ce monde.

 

[1250.] Pendant que saint Louis, roi de France, combattait les Sarrasins à Massoure, par un secret jugement de Dieu, tout tourna au désavantage des nôtres…


 

Nb - Guillaume de Nangis écrivit également une version abrégée de sa chronique en Français p. 650 :

 

Puis ala le saint o grant ost de crestiens en la sainte terre doutremer, e prinst sus Sarazins la cité de Damiete sus le fleuve de Nylus en lentree dEgypte. Dillecques ala sus Sarrazins vers la cité de la Massourre, ou il perdi le conte dArtoys Robert son frere qui se feri en la ville après Sarrazins que il chaçoit. Et après fu le roy prius e ses II freres le conte de Poitiers e le conte dAnjou e grant plenté du pueple crestien.


Puis le saint homme avec sa grande armée chrétienne alla en Terre Sainte outre-mer, il conquis sur les Sarrasins la cité de Damiette porte de l’Egypte sur le fleuve Nil. De là il alla combattre les Sarrasins à la ville de la Massoure, y perdit le comte d’Artois son frère qui avait poursuivi les Sarrasins en pleine ville. Le roi fut ensuite fait prisonnier avec ses deux frères, le comte de Poitiers et le comte d’Anjou en même temps que de très nombreux chrétiens.