L'Estoire de Eracles empereur et la conqueste de la terre d'Outre mer



Date approximative : 1295

Auteur : Ouvrage collectif.

Edition utilisée : « Recueil des historiens des croisades occidentaux Tome second » 1859 pages 433 et suivantes.

Edition traduction : Personnelle

Fiche Arlima ou CartulR : Arlima

 

 

     Sous le nom « L’Estoire de Eracles » sont regroupés la chronique de Guillaume de Tyr et celles de ses différents continuateurs elle est également appelée rédaction orientale par opposition à la continuation dite de Rothelin. Guillaume de Tyr ayant dû s’absenter pour aller à Rome, et suite à sa mort inattendue, sa chronique s’arrète en 1184. Après avoir réalisé une traduction du latin en français, des continuateurs vont poursuivre son œuvre. Ces continuations sont des œuvres collectives ; une première série de continuations s’arrète en 1227-1229, une seconde série concerne la période 1229-1248 et la troisième 1248-1277. Mis à part les traductions du texte latin de Guillaume de Tyr, les manuscrits cités pour la continuation proviennent en grande partie de la Bibliothèque Impériale avec les anciennes références suivantes :

  • avant 1249 :

    • Versions détaillées

      • Le 8314 du fond français autrefois Colbert (B) manuscrit de bonne qualité servant de base avant 1249 mais se prolongeant jusqu’en 1265. Il s’agit apparemment d’une chronique Anglo-Normande.

      • Le 8316 du fond Français autrefois supplément Français (A)

      • Le 450 du supplément français de la fin du XIIIème, début du XIVème (C). Ce manuscrit se termine en 1229.

      • Le 732 et 815 de la bibliothèque de Lyon XIVème siècle provenant du collège des jésuites (D). Ce manuscrit est continué jusq’en 1249.

      • Le 8315 du fond Français continuation de 1229 à 1249 XIVème manque après 1240. Copie Italienne très fautive.

    • Versions abrégées

      • 6743 du fond Français fin XIII début XIVème. C’est une chronique universelle qui commence sous Jules César et se termine en 1229.

      • 6744 du fond Français du XVème.

      • 7188 du fond Français du XIIIème jusqu’en 1228.

      • 8403 du fond Français du XIIIème jusqu’en 1229.

      • 8409 de l’ancien fond Colbert du XIIIème jusqu’en 1229 qui a servi de base pour la traduction de Guillaume de Tyr.

      • 8314 de l’ancien fond Colbert un manuscrit du XVème et un autre du midi ou d’Orient jusqu’en 1229 qui a également servi de base pour la traduction de Guillaume de Tyr.

      • 1872 des suppléments Français XIVème. Exemplaire mutilé ayant servi à l’édition de Martène.

      • 385 du fond Sorbonne ayant appartenu à Richelieu copie jumelle semble t’il du 8314 et de la même époque.

      • 677H de la bibliothèque de l’Arsenal à Paris beau manuscrit du XIIIème.

      • 163H de Berne a appartenu à Fauchet XIVème.

      • 112H de Berne a appartenu à Bongars continuation jusqu’à 1199 mais mutilé.

      • Bibliothèque Cottonienne de Londres jusqu’en 1229

  • après 1249 :

    • Version classique

      • Le 104 du supplément Français ayant appartenu au maréchal de Noailles écrit à Rome en 1295 (G) manuscrit utilisé comme base pour la période qui s’étend jusqu’en 1275, ses manques sont couverts par la version Rothelin.

      • Florence : Pluteus LXI Bibliothèque Laurent. Cod. X - XIVème siècle. Couvre jusqu’en 1277 - utilisé par Martène.

      • Berne 25H XVème siècle

    • Version dite de Rothelin

 

 

De par le nombre des manuscrits et leur qualité, on peut voir combien la lecture de cet ouvrage était prisé par la noblesse avant même l’invention de l’imprimerie occidentale.

 

Ka - Année 1247. Livre XXXIII chapitre LX page 433 sur la base du manuscrit (B) variantes (A D et G). Les Hospitaliers à qui Frédéric II avait confié Ascalon demandent secours à Chypre et à Acre pour desserrer le siège terrestre et maritime fait par le soudan d’Egypte El-Malec Es-Saleh Ayoub. En mentionnant « aux religions », l’auteur inclut les Templiers.

 

Quant li Hospitaliers, qui avoient Escalone en garde de par l’empereor, virent ce, si resquistrent aide a toz ceauz d’Acre, prelaz et religions et comunes et autres gens que il aidassent a ca que l’en eust vaisseaus armez, par quoi l’en peust faire partir les galies de devant Escalone, si que l’en la peust refreschir de garnison. A ce faire mandement en Chypre requerre le roi Henri, qu’il lor aidast, dont li roi y envoia VIII. galees bien armees et bien garnies de chevaliers et de sergens et en fu chevetaines Baudoin d’Ybelin, qui estoit seneschaus de Chypre. Si tost come eles furent prestes, eles murent de Famagoste et alerent a Acre, et la assemblerent o les vaisseaus qui la estoient aprestes. Et d’en qui murent toz ensemble. Si y ot galees XV. et autres vaisseaus entre galions et seties et ganguemeles bien L. vaisseaus. Si alerent tant a veile et a rins que il vindrent a Escalone.

Quand les Hospitaliers, que l’empereur avait chargés de garder Ascalon, virent cela, ils demandèrent l’aide de tous les habitants d’Acre, prélats, ordres militaires, commune et tous les autres pour les aider à armer des navires de façon à chasser les galères de devant Ascalon et pour renouveler la garnison. Ils demandèrent aussi le secours du roi Henri de Chypre qui les aida aussitôt en envoyant 8 galères bien armées et bien garnies de chevaliers et de sergents sous le commandement de Baudoin d’Ibelin, qui alors était sénéchal de Chypre. Aussitôt qu’elles furent prètes, elles appareillèrent de Framagouste vers Acre pour se joindre aux autres vaisseaux qui avaient été préparés. La flotte se composait alors de 15 galères et 50 autres bateaux en comptant les galions, les séties et les gabares. Ils atteignirent Ascalon à la voile ou à rame.


Kb - Année 1247. Les châteaux tombent les uns après les autres après la prise d’Ascalon. Ce texte est très proche de celui de Bernard le Trésorier. Livre XXXIII chapitre LXI page 434 sur la base du manuscrit (B) variantes (A D et G).

 

Et fu li chasteaus (Ascalon) abatus. Ensi avint que des chasteaus qui furent fermez de cele venue dou roi de Navarre et dou conte de Bretaigne et dou conte Richart de Cornoaille ne demora nul qui ne fust perdus, mais que li chasteaus dou Saphet que li Temples ferma.

Le château d’Ascalon fut alors détruit. Ainsi il ne resta aucun des châteaux qui avaient été construits du temps de la venue du roi de Navarre, du comte de Bretagne ou du comte Richard de Cornouailles sauf le château de Saphet qui avait été construit par les Templiers.


 

 

Kc - Année 1249. Le livre XXXIV chapitre I page 436 couvre l’ensemble des évènements qui nous interressent sur la base du manuscrit (G) variante (B).

 

A M. CC. et XLIX, au vintisme jor de may mut le roi de Lymecon por aller a Damiete, et arriva la le quart jour de jugnet, et au quint jor prist terre par force, et au sist jor fu prise sans coup ferir la cité de Damiete.


Et fu en Acre la guerre de Pisans et de Genevois qui dura XXVIII. jors, et geterent les uns as autres de XXII. manieres d’ engins, perrieres, trebuches et mangouniaus.

 

Johan Fuinons fu hors du baillage, et fu de rechief baillis li sires d’Arsur, qui fist trives jusqu’à III. ans entre les communes.

 

Apres la guerre briserent par tempeste u port d’Acre LXXII. vaissiaus que petis que grans, et u port de Damiete XXXII. naves et X. autres vessiaus et moult d’autres par la riviere.

 

A XXVII. jors de novembre mut le roi a tot son ost por aller a La Mansore, et fu la a XXII. jors de Del Oier, et trouverent en lor chemin li Templier et li cuens d’Artois, qui avoient l’avant-garde, Li Sac, ce est l’avan garde des Sarrazins, qui estoient a Seresaph ; et en occistrent entor C. et LV. Et a lendemaini ot que pris que occis que noies des Sarrazins bien M. qui avoient passé le ruissel a pié por hardoier as Crestiens.

 

A VIII. jors de jenvier, li sires d’Arsur et l’esfors du roiaume alerent por brisier Beshsen et une herberge de Turquemans ou il gaaignierent que grosses bestes que menues XVI. M., et pristrent l’amiral qui estoit lor chevetaine.

 

A M. CC. L., a VIII. Jors de fevrier, passa le roi le flun de Thenis a tot son ost. Mes moult i ot de chevalieres et d’autres gens noies. Apres sorprist le roi la herberge des Sarrazins et en furent moult occis. L’avan garde de l’ost s’embati dedens La Mansore, et par convoitise que les menues gens avoient de fourer la ville, la quele li Sarrazins conurent et retornerent. Et adonques occistrent le conte d’Artois et le conte de Salesbire et le conte Raol de Couci, et moult d’autres.

 

Le 20 mai 1249 le roi embarqua de Limassol vers Damiette et y parvint le 4 juin. Le 5 il débarqua et le 6 il prit la cité de Damiette sans coup férir.

 

Ce fut alors à Acre la guerre entre Pise et Gènes qui dura 28 jours. Les belligérants se jetèrent des pierres avec 22 sortes d’engins différents : balustres, trébuchets ou mangoniaux.

 

Jean Fuinon termina son baillage qui fut à nouveau remis au sire d’Arsur. Celui-ci fit signer une trève de 3 ans entre les communes.

 

Après cette guerre une tempète brisa à Acre 72 vaisseaux grands ou petits et à Damiette 32 navires, 10 autres vaisseaux et encore beaucoup plus sur la rivière.

 

Le 27 novembre le roi et toute son armée sortirent pour se diriger vers la Massoure qu’ils atteignirent le 22 décembre. En chemin, l’avant-garde formée des Templiers et du comte d’Artois rencontra le Sac, c'est-à-dire l’avant-garde des Sarrasins basée à Scharmesah ; ils en tuèrent environ 155. Le lendemain, ce fut bien mille Sarrasins qui furent soit pris soit tués ou noyés alors qu’ils avaient traversé la rivière à gué pour attaquer les chrétiens.

 

Le 8 janvier, le sire d’Arsur avec les forces du royaume allèrent détruire Beshsen et un caravansérail Turc. Là il capturèrent 16000 tétes de gros et petit bétail et prirent l’émir qui commandait la place.

 

Le 8 février 1250, le roi fit passer le fleuve Thanis à toute son armée. Beaucoup de chevaliers ou d’autres gens s’y noyérent. Ensuite, le roi surprit les Sarrasins dans leurs tentes et beaucoup furent tués. Puis l’avant-garde de l’armée entra dans la Massoure pour combattre, et, parce que de petites gens pillaient la ville par convoitise, les Sarrasins voyant cela se reprirent et tuèrent alors le comte d’Artois, le comte de Salisbury, le comte Raoul de Coucy et beaucoup d’autres.